Wikileaks (suite) - France Catholique

Wikileaks (suite)

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La condamnation que je formulais hier à propos de l’« exploit » de Wikileaks ne semble pas faire l’unanimité, si j’en juge par quelques réactions d’auditeurs et d’internautes et par les débats contradictoires qui opposent les journalistes entre eux.

Comment pouvez-vous vous opposer, me dit-on, à une entreprise qui ne vise qu’à mettre les choses au grand jour ? Les soucis de la vérité ne doit-il pas prévaloir par rapport à toutes les précautions ? Et on va même plus loin en alléguant les principes de l’Évangile qui s’opposent à la dissimulation et au mensonge. Il m’est impossible d’entrer dans tout un exposé sur la Vérité dans l’Évangile. Mais attention de ne pas sombrer dans un fondamentalisme qui empêcherait toute forme de discernement. Il y a des vérités à proclamer parce qu’elles font vivre, des mensonges à dénoncer parce qu’ils sont mortels. Mais il est arrivé à Jésus de se taire en certaines circonstances, parce qu’il valait mieux renvoyer les interlocuteurs à leur conscience personnelle. Ainsi comprenaient-ils qu’ils étaient pêcheurs beaucoup mieux que si leurs forfaits leur avaient été envoyés à la figure.

En ce qui concerne le journalisme, il existe aussi des règles de discernement qui obligent parfois, et même souvent, à la discrétion. J’ai pu apprendre à certains moments de ma vie professionnelle des choses que j’ai gardées pour moi, parce que je ne voulais pas nuire à mon prochain. Il y a une prudence en matière historique et diplomatique qui exige qu’on laisse le temps au temps. Ou alors, il faut supprimer la diplomatie, fermer le quai d’Orsay et la secrétairerie d’État à Washington. Quant à la bonne information, elle ne passe pas nécessairement par des nouvelles tapageuses. Elle consiste à éclairer le jugement de ses interlocuteurs afin qu’ils comprennent mieux la marche du monde.

Chronique lue le 2 décembre sur Radio Notre-Dame