Viol et avortement: quelques réflexions. - France Catholique

Viol et avortement: quelques réflexions.

Viol et avortement: quelques réflexions.

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On parle beaucoup ces jours-ci d’avortement suite à un viol. Triste à dire, un homme politique par ailleurs excellent a bêtement pataugé dans un domaine explosif, et y a frotté une allumette. 1

Un viol est souvent la plus dévastatrice épreuve physique et émotionnelle qui puisse survenir dans la vie de sa victime. Elle peut en ressentir une culpabilité, une tristesse, et une dépression. Les victimes de viol qui en parlent se disent salies. Nul n’a le droit de minimiser ces crimes affreux.

Voilà pourquoi le cas du viol est un des plus durs à aborder pour les pro-vie, et certes des plus difficiles à comprendre pour les autres. Il se trouve que la position de la plupart des courants « pro-vie », tout comme l’enseignement de l’Église, précise que la mise à mort d’un innocent ne se justifie jamais, même si sa vie est issue d’un viol.

Logique inattaquable: un enfant à naître est un être humain unique qui, par nature, jouit de certains droits.Ces droits, dont le premier est le droit à l’existence, sont inaliénables, même au nom d’autres droits, y-compris le soulagement de la terrible peine de la victime d’un viol. Un enfant à naître ne saurait être sanctionné pour les fautes d’un père biologique.

Très honnêtement, bien des gens pensent que ce n’est pas sérieux, et certains considèrent que les « pro-vie » sont des « sans-cœur ». Selon la Présidente de « Feminists for life » 2 Serrin Foster il est évident que la victime d’un viol a surtout besoin d’être entourée de tout l’amour et de toute l’aide possibles. Et veiller à ce que l’auteur du viol soit poursuivi et sanctionné.

Pour certains, « si vous contraignez une femme à porter l’enfant de son violeur, chaque jour de ces neuf mois lui rappellera l’épreuve la plus traumatisante de sa vie.» Il y a là bien du vrai. Si vous considérez que l’enfant est complice du crime, alors sa présence quotidienne sera une épreuve de chaque jour. En fait, c’est une réalité émotionnelle pour de nombreuses jeunes femmes porteuses d’une grossesse non désirée, et pas seulement victimes d’un viol. Elles considèrent que l’enfant est une menace sur leur propre existence.

Mais certaines victimes de viol se trouvant enceintes peuvent considérer autrement l’enfant à venir. Selon bien des témoignages, la crainte de trouver sur l’enfant le visage de leur agresseur se transforme en la joie de voir un adorable bambin.

Les enfants conçus lors d’un viol peuvent être le témoignage vivant de cette vérité incontournable: un enfant est un don de Dieu. Nous en avons des exemples frappants: on pense à l’avocate et célèbre conférencière Rebecca Keissling [NDT: née d’un viol] et à l’activiste pro-vie Ryan Bomberger.

Les partisans publics avertis tentent toujours de combattre sur leur propre terrain, et non sur celui de leurs adversaires. C’est pourquoi la lutte contre l’avortement tardif [NDT: mise à mort (parfois ratée) puis extraction du fœtus; hypocrisie: ce n’est pas un assassinat puisque l’acte est commis avant la mise au monde ! ] a fait changer le débat sur l’avortement en Amérique. Il a été mené sur le terrain des « pro-vie ». Il était impensable pour les partisans de l’avortement de débattre dans un domaine qui les montrait sous un jour particulièrement odieux. Mais ils n’y pouvaient rien. Ni non plus Frances Kissling, alors chef de file des Catholiques « pro-choix », qui a reconnu que la défense de l’avortement tardif a couté bien des défections à son mouvement, surtout chez les catholiques « pro-choix » modérés.

Nos adversaires sur les questions de vie aiment bien aussi se battre sur leur propre terrain. Surtout dans les cas difficiles — principalement en cas de viol. Quiconque discute avec des amis, de la famille, ou des étrangers se trouve immanquablement piégé comme l’a été voici quelques jours le Député Todd Akin. Justifier l’avortement suite à un viol est l’argument « pro-choix » par excellence. Ce qui nous met dans la position de défenseurs de ce qui semble indéfendable.

Une esquive assez facile consiste à lâcher — pour poursuivre la discussion — « bon, d’accord, pour les cas difficiles. Vous pourriez bien accepter l’avortement en cas de viol, d’inceste, ou de danger pour la vie de la mère. Celà ne représente que 2% de tous les avortements, soit environ 20.000 par an [aux USA].

Cette position laisse penser que les cas difficiles, reconnus comme tels, ne sont que très peu devant le nombre total d’avortements. Bien des Américains pensent que les cas difficiles sont fort nombreux.. Mettre cette proportion en évidence renvoie les partisans de l’avortement à tenter de justifier les 1.180.000 avortements effectués pour d’autres motifs.

Retenez que la plupart des Américains pensent qu’en général les avortements devraient être considérés comme illégaux. L’immense majorité des avortements est pratiquée sur des mères en bonne santé, supprimant des bébés en bonne santé.

Mais, voilà: à moins d’être vraiment au courant, professionnel ou bénévole sur le sujet, on ne répond pas toujours du tac au tac aux arguments. Et dans le feu de la conversation, on est exposé à commettre des erreurs.

C’est particulièrement le cas des hommes politiques qui laissent trotter dans leurs têtes des douzaines de problèmes en même temps, et doivent être prêts à répondre instantanément sur tous ces sujets. Ce qui fait un véritable champ de mines de la question des avortements après viol.

Le mouvement pro-vie accepte volontiers les écarts des hommes politiques, continuant à les considérer comme favorables à ce mouvement. George Bush a accepté les exceptions pour des cas difficiles, et les « pro-vie » considèrent qu’il a été le Président le plus proche du mouvement dans toute notre histoire.

Si nous voulons être des « pro-vie » solides, nous devons aider les victimes de viols à comprendre que garder l’enfant ne détruira pas leur vie, mais au contraire la rendra joyeuse et pleine de sens.

Lisa Akew, maintenant la vingtaine d’années, a déclaré au journal « Sun » qu’elle a été violée à l’age de 16 ans. Elle a gardé l’enfant, mais ne l’a plus supporté. Puis il s’est produit quelque chose. L’amour a pris le dessus : « Je sais bien qu’il a les yeux et les cheveux de son père, mais quand je le regarde, tout ce que je vois, c’est mon magnifique enfant, et je m’émerveille toujours devant ce petit être précieux et adorable, produit de ce qui fut un événement si terrible. Il est mon beau petit garçon, et je ne le changerais pour rien au monde.»

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Austin Ruse est président de l’institut « Family and Human Rights » [Famille et Droits de l’Homme].

Photo : Lisa Askew et son fils Callum.

  1. Le député Républicain U.S. Todd Akin, candidat aux prochaines sénatoriales, a soulevé récemment une tempête en déclarant qu’un viol n’a guère de chances d’entrainer une grossesse en raison de défenses naturelles de la femme.
  2. Féministes pro-vie