Une voie pratique pour pasteurs - et laïcs - France Catholique
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Une voie pratique pour pasteurs – et laïcs

Traduit par Albérique

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Benoît était le pasteur universel de l’Eglise, mais son essai sur les abus sexuels et la crise est écrit non en tant que Pape, mais en tant que prêtre, à des prêtres, en Allemagne (spécifiquement dans le journal Klerusblatt). Donc, bien qu’il soulève d’importantes questions en passant – et aujourd’hui, personne parmi ceux qui éditent ne peut prétendre s’adresser seulement à une liste restreinte de lecteurs – il est surtout précieux en montrant une voie pratique pour les pasteurs. Ce faisant, il montre aussi aux catholiques ordinaires comment servir humblement l’Eglise en ces temps troublés.

Nous voyons son objectif limité dans la phrase d’ouverture : «  Le problème commence avec la prescription de l’Etat d’initier les enfants et les jeunes à la nature de la sexualité ». Il fait référence à la manière où, en Allemagne en 1968, le Ministère de la Santé, sous Käte Strobel, publia un « Sex atlas » (Sexualkundeatlas) et produit un film appelé Helga, l’un et l’autre ostensiblement « éducatif », mais calculé pour renverser l’autorité des gouvernement locaux et des églises sur les moeurs sexuelles.

On pourrait soulever des questions profondes et universelles sur cette base. Walter Percy, par exemple, nous a demandé de considérer comment l’Amérique est devenue, presque du jour au lendemain, une société dans laquelle les gens se précipitent pour voir un film pornographique dans leur cinéma voisin. Il voulait parler de « Deep Throat (1972) », qui devint le plus gros succès cinématographique de son époque.

On peut se demander pourquoi le libertinage est introduit sous le déguisement de la science objective.

Ou si une société sexuellement permissive, ne se positionne pas, en tant que société, contre le bien-être d’enfants – abandonnés suite à un divorce, instrumentalisés par la conception in vitro, ou tués par des avortements.

Mais il est clair que Benoît donne ces exemples uniquement pour faire appel à la mémoire de ses lecteurs, principalement des clercs allemands âgés, pour les secouer de nouveau pour qu’ils voient « que ce qui est mal et détruit l’homme, est devenu chose courante ».

Même sa référence à Veritatis Splendor a un objectif limité. C’est un secret de Polichinelle que Veritatis Splendor n’est pas une source de références favorite du magistère de François. En particulier, Amoris Laetitia l’ignore, alors qu’il semble, à beaucoup d’interprètes au moins, qu’elle ré-introduit toutes les erreurs que l’encyclique rejetait -l’ « option fondamentale », la conscience subjective et non objective, le déni d’actes intrinsèquement mauvais.

Aussi comment est-il possible de se référer à Veritatis Splendor sans au moins se demander si l’hésitation actuelle, aujourd’hui, à réagir fermement aux abus sexuels, n’est pas une conséquence d’implication d’évêques influents dans ces vieilles erreurs.

Et cependant Benoît, maintenant consacré principalement à une vie de prières et de contemplation, évite de façon évidente de se le demander. Il n’écrit même pas de la façon de quelqu’un qui devrait se poser la question, mais à pensé autrement. Son essai, « Veritatis Splendor » était important pour mettre fin à la vulnérabilité de l’enseignement l’Eglise face à la révolution sexuelle.

Cette vulnérabilité a conduit à un écroulement dans la formation des séminaires. Veritatis Splendor s’est prouvé être un pion nécessaire à la réforme des séminaires, qui a globalement réussi; ceci reflète encore le point de vue d’un prêtre qui s’interroge: «  comment les jeunes dans cette situation peuvent approcher la prêtrise et l’accepter, avec toutes ses ramifications ».

Je disais que l’essai de Benoît montre un chemin d’humilité. Ainsi c’est ainsi, là, dans son engagement exprimé dans Veritatis splendor. Il se réfère précisément à un enseignement de cette encyclique, « il y a des actions qui sont toujours et dans toutes circonstances classifiées comme mauvaises » Cette exhortation montre clairement que cette déclaration, bien qu’à une époque polémique, est maintenant prise pour acquis par tout le monde.

Pourquoi ? Parce que chacun est arrivé à juger, correctement, que les abus sexuels sur mineurs est intrinsèquement mauvais. Les professeurs de philosophie savent que certains exemples chocs ont toujours été capables de confondre les relativistes dans la salle de classe: Que penser du viol ? Que penser de ceux qui frappent violemment les cerveaux des enfants ?

Aussi, qu’en est-il des abus sexuels sur mineurs? Pour le pape Benoît, c’est un point secondaire que cette logique qui n’a pas encore été étendue universellement aux autres actes sexuels intrinsèquement mauvais, telle que la sodomie.

Qu’il ait écrit humblement, pour les prêtres, apparait dans le fait que l’Eucharistie est le point central de l’essai. Jean Paul II avait l’habitude d’écrire une humble exhortation aux prêtres, en tant que prêtre, à chaque Mardi-Saint. Benoît fait la même chose juste avant la Semaine Sainte.

Benoît donne là un magnifique résumé de l’évangile : l’univers est sans signification sans Dieu; mais un Dieu aimant se révèle lui-même; et il nous montra la profondeur de son amour en prenant notre nature.

Juste comme la source du mal et la fuite d’avec Dieu. de même le remède pour le mal est la présence de Dieu. « Considérons cela avec un regard vers l’issue centrale » et il ajoute, « la célébration de la Sainte Eucharistie. Notre manière d’appréhender l’Eucharistie ne peut que provoquer notre inquiétude ».

Notons le « notre »: il signifie les prêtres. Il fait partie du pouvoir de chaque prêtre de paroisse de remédier à la crise des abus juste ici.

La lettre se termine sur ces mots « je désire remercier le pape François pour tout ce qu’il fait pour nous montrer, encore et encore, la lumière de Dieu, qui n’a pas disparu même aujourd’hui ». Ceci aussi, est un exemple de grande humilité, puisqu’il est clair d’après le texte de Benoît, nonobstant les différences indiquées ci-dessus, qu’il s’est laissé influencer par le pape François.

Il faut considérer qu’un couple de paragraphes dans le texte sont sur le thème du diable comme le grand accusé. Ce n’était pas un thème important du Pontificat de Benoît XVI mais il l’est devenu avec le pape François, longtemps avant Mgr Vigano.

Ou encore le thème que, bien qu’il soit bien d’accueillir les communautés de vie chrétienne, l’Eglise attire les bons et les mauvais dans son filet.

Les plus beaux paragraphe de cet essai sont peut-être ceux sur le martyr, «  aujourd’hui Dieu a aussi ses témoins (martyrs) dans le monde. Nous devons seulement être vigilants pour les voir et les entendre ».

Je pense que Benoît faisait référence à François et aux martyrs que François a remarqué pour nous. Pour comprendre lisez l’homélie de François lors d’une messe pour les Martyrs des 20ème et 21ème siècles. Et, bien entendu, il nous encourage à être des témoins nous aussi.


Michael Pakaluk, un Aristotle scholar and Ordinarius de l’Académie Pontificale de Saint Thomas d’Aquin, est enseignant à la Bush School of Business and Economy à la Catholic University of America. Il réside à Hyattsville, MD, avec son épouse Catherine, qui enseigne aussi à la Bush School, et avec leurs huit enfants. Son récent livre, sur l’Evangile de Saint Marc, « The Memoirs of St Peter, » sortira chez Regnery Gateway en mars 2019.
 
 

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Note : La courte lettre du Pape émérite Benoit XVI adressée aux prêtres allemands, qui a été publiée la semaine dernière, a généré un grand nombre de commentaires, parce qu’elle était imprévue d’un personnage qui avait maintenu un silence presque total depuis sa démission, et aussi parce qu’elle faisait des observations pointues sur les développements au sein et en dehors de l’Eglise qui ont menés à une hausse rapide des abus sexuels. Ce texte mérite un examen approfondi, mais pour le moment deux commentaires ont été faits par des habitués de « The Catholic Thing » : le Père Gerald Murray, théologien et canoniste; et Michael Pakaluk, philosophe. – Robert Royal

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Source : https://www.thecatholicthing.org/2019/04/17/two-commentariesdict-xvis-letter/