Une triomphale tournée - France Catholique

Une triomphale tournée

Une triomphale tournée

Pour financer le projet colossal de la basilique du Sacré-Cœur de Rome, saint Jean Bosco n’a pas hésité à passer la frontière, en 1883, pour solliciter les dons des Français. Le succès de ce voyage a dépassé toutes ses attentes.
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La France n’est pas une terra incognita pour Don Bosco. En 1875, à la demande de la Conférence Saint-Vincent-de-Paul à Nice, Don Bosco accepte de prendre en charge un patronage. Puis il « hérite » d’œuvres pour la jeunesse dans le diocèse de Fréjus-Toulon et à Marseille. Tout cela ne va pas sans difficultés, de sorte qu’il renonce à reprendre à Paris l’œuvre des Apprentis orphelins d’Auteuil qui lui était offerte. Au moins noue-t-il des contacts avec des personnalités catholiques françaises, qui se révéleront précieux quelques années plus tard.

Un projet infaisable ?

Au début des années 1880, alors qu’il a franchi la soixantaine, sa santé, altérée depuis longtemps, est mauvaise. Il se déplace difficilement, en raison de problèmes cardiaques et circulatoires, il perd la vue. Ses fils voudraient qu’il se repose. Mais c’est compter sans Léon XIII.

Tandis qu’à Paris, la souscription du Vœu national permet la construction de la basilique du Sacré-Cœur, un projet équivalent, à Rome, ne mobilise pas les catholiques italiens ; l’argent ne rentre pas. Certains en accusent Don Bosco dont les quatre églises déjà élevées par ses soins auraient épuisé la générosité. C’est dans ce contexte que le pape le charge d’achever le chantier du Sacro Cuore romain, tâche colossale, humainement infaisable. Non seulement elle détournerait une grande partie des fonds destinés par les donateurs à Don Bosco mais elle l’épuiserait. Ses proches le supplient de décliner cet honneur empoisonné, mais on ne dit pas non au pape…
Il faut céder.

D’avril 1880 à avril 1883, Don Bosco s’investit comme il sait le faire dans le projet, mais l’argent ne rentre pas assez. Il faut aller le chercher ailleurs qu’en Italie. Le projet de tournée française, plusieurs fois repoussé, s’impose. Don Bosco ira à Marseille, puis, par Avignon, Valence et Tain, à Lyon et enfin Paris, puis poursuivra vers Lille, Reims, Dijon et Dôle. Il n’imagine pas l’enthousiasme que va susciter ce périple (de février à mai 1883).

Foules immenses et dons à foison

Don Bosco est célèbre, non pour ses œuvres, mais pour sa réputation de thaumaturge. Les miracles, grâces, prophéties, révélations qu’on lui prête sont réels, mais ils sont aussi son calvaire car ils se paient au prix fort, de sorte qu’il supplie Dieu de le délivrer de ces charismes. En vain. Alors, il apprend à les « monnayer » : les riches lui payent le soulagement de leurs maux, comme ils payent l’honneur de l’avoir à leur table.

Les pauvres, ceux qui souffrent vraiment, Don Bosco les guérit gratis, il faut bien compenser. Cela se sait, et explique les foules qui se pressent au passage du voyageur : on ne voit pas un saint en chair et en os tous les jours. En France, Don Bosco est une vedette, l’homme qu’il faut avoir rencontré. On dit que sa seule bénédiction fait marcher les infirmes, et l’on en produit un certain nombre sur son passage dont plusieurs seraient repartis guéris.

L’on écoute moins ses avertissements, sur la nécessité d’éduquer la jeunesse défavorisée afin d’éviter qu’elle vienne un jour dépouiller les riches le couteau sous la gorge, que ses récits de l’évangélisation de la Patagonie, terre de mission salésienne où lui-même n’est jamais allé, mais dont il parle si bien qu’on le soupçonne d’un don de bilocation.

Retrouvez l’intégralité de l’article et de notre numéro spécial consacré à Don Bosco dans le magazine.