« Une passion pour la France » - France Catholique
Edit Template
L'amour du travail bien fait avec saint Joseph artisan
Edit Template

« Une passion pour la France »

Arnaud Bouthéon, consultant, est engagé auprès des Chevaliers de Colomb, grand mouvement de laïcs catholiques dont le fondateur américain, le Père McGivney, sera béatifié le 31 octobre prochain. Il nous livre son double regard sur l’Église aux États-Unis et en France.

Les catholiques aux États-Unis

Copier le lien
ostension_du_coeur_du_saint_cure_d_ars_etats-unis.jpg

Qu’est-ce qui distingue les catholiques américains et français ?

Arnaud Bouthéon : Il me semble important, pour nous Français, de déplacer nos schémas, voire nos préjugés, pour comprendre le catholicisme aux États-Unis qui se caractériserait aujourd’hui par trois réalités : un statut historiquement minoritaire qui conduit les fidèles à s’organiser en « communautés » autour de leurs clochers ; un état d’esprit entrepreneurial et pragmatique, – inspiré par l’éthique protestante du capitalisme – ; enfin, l’empreinte forte du leadership de saint Jean-Paul II, acteur central dans la chute du communisme et auteur d’appels écoutés auprès du peuple américain.

La culture américaine reste encore très religieuse et marquée par le christianisme. Cependant, la prière du cardinal Dolan à l’occasion de la Convention républicaine du 24 août n’est pas un acte politique de soutien, mais davantage une réponse à une invitation émise par le Parti républicain à bénir les débats et prier pour l’unité du pays. L’emblématique archevêque de New York avait déjà pris la parole, il y a huit ans : c’était à l’occasion de la Convention démocrate.

Quel est le lien des catholiques américains avec la France ?

Les catholiques américains avec lesquels je travaille aiment profondément « la France, fille aînée de l’Église, éducatrice des peuples », pays qui « cuit le pain intellectuel de la chrétienté » pour reprendre les expressions de Jean-Paul II et Paul VI. De nombreux évêques américains actuels ont été marqués par Louis Bouyer, Henri de Lubac et actuellement, les élites catholiques américaines admirent les travaux de Pierre Manent, Rémi Brague et Jean-Luc Marion. Nous réfléchissons actuellement à un symposium sur les racines françaises du catholicisme américain.

En 2019, les chevaliers de Colomb aux États-Unis ont organisé un grand pèlerinage de la relique du cœur du saint Curé d’Ars qui a visité 49 États, plusieurs dizaines de séminaires, de congrégations, d’écoles et de paroisses. Les retombées spirituelles de ce périple ont été extraordinaires et les témoignages continuent à arriver.

Mes amis américains me disent souvent qu’en France, nous sommes tellement près d’une réalité spirituelle d’une telle puissance que nous ne la voyons pas. Il ne s’agit pas de nous en enorgueillir, mais de le vivre comme une immense responsabilité, d’intérioriser ce patrimoine pour le faire rayonner dans un élan missionnaire. C’est à partir de ce constat que nous avons mis en place le spectacle Dame de Cœur devant Notre-Dame de Paris en 2017 et 2018.

Les saints français sont-ils vénérés aux États-Unis ?

Les Américains portent une vénération spéciale à saint Louis roi de France, sainte Jeanne d’Arc, le saint Curé d’Ars et sainte Thérèse de Lisieux, la little flower. De nombreux pèlerins américains viennent avec émerveillement à Lourdes, Lisieux, à la chapelle de la Médaille miraculeuse. C’est un ami américain qui m’a fait connaître le destin extraordinaire d’Élisabeth Leseur et des pèlerins américains rendent hommage à des figures méconnues chez nous comme le bienheureux Basile Moreau, fondateur de la congrégation de la Sainte-Croix, le Père Sorin, fondateur de la célèbre université Notre-Dame, Mgr Odin, premier évêque du Texas… ou sainte Jeanne Jugan, fondatrice des Petites sœurs des pauvres, dont la branche américaine avait été condamnée pour avoir refusé d’appliquer le mandat contraceptif imposé par l’ObamaCare.

Retrouvez l’intégralité de l’entretien du « Grand Angle » consacré aux élections américaines dans le magazine.