Un siècle de soins médicaux dans les colonies de la France - France Catholique

Un siècle de soins médicaux dans les colonies de la France

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Emmanuel MACRON aime dire des sottises : l’une des plus « ubuesques » fut d’affirmer, avec un aplomb digne d’un cancre, que notre pays fut d’emblée criminel en se livrant aux diverses « colonisations » à travers le monde. Pour ce drille triste, l’Afrique – par exemple – l’Afrique donc a dû sombrer dans les plus épouvantables abîmes sous les coups des politiques infernales de la France…

Par bonheur, un médecin à la mémoire intacte, Philippe PAUX, ancien médecin-chef du 3° RPIMa, a pris sur les heures de sa retraite pour rassembler en un long article tout ses souvenirs relatifs au « crime » en question, qui certainement accompagna dans le sang et les massacres la prétendue œuvre colonisatrice de la France : mais, ô surprise, le Dr Philippe PAUX, ancien médecin-chef du 3° RPIMa, n’a pu que démontrer l’inverse, combien il fut heureux pour toutes ces populations africaines et américaines qu’un tel « service » , grandiose et humble à la fois, ait été rendu sur plus d’un siècle en ces immenses territoires que tant de médecins et d’infirmiers français, parcoururent, mallette en bandoulière, au nom même de notre peuple et par dévotion envers ceux qui bénéficières de leur constant dévouement.

Il me faut citer un exemple dont j’ai été le témoin en Algérie au cours de l’année 1962. J’ai vécu un an là bas, dont quatre mois au sein d’une SAS en Grande Kabylie et deux en Alger, au siège même de la Direction générale de ces nombreux établissements qui couvraient tout le territoire de l’Algérie et dont la fonction était d’aider les populations ; les six autres mois, l’indépendance étant passé par là, je fus chargé, du côté d’Orléanville, d’un peloton de vingt-trois de nos soldats : à plusieurs reprises il fallut faire entendre la voix d’une grosse mitraillette pour que de pauvres fuyards que poursuivaient des diables du FLN parviennent à franchir nos barbelés.

J’eus donc d’abord, non à faire la guerre quoiqu’ayant été préparé à Saumur en vue d’en chausser les bottes, mais par bonheur à devenir une sorte de « maire intérimaire » dans les trois villages que l’on m’avait confiés: j’avais à maintenir un certain ordre, la paix aussi comme à veiller au bien être des habitants : pour ce faire j’étais à la tête d’un « makhzen » de vingt-trois mokhazni (ou guerriers). Régulièrement venait à la SAS une équipe rassemblant un médecin, un dentiste et une infirmière : ils arrivaient, dès les huit heures, pour voir si tous les malades des semaines précédentes avait déjà suivi convenablement leur ordonnance, pour aussi examiner les nouveaux patients. Ce service, tenu par l’armée française, permettait à cette population, essentiellement des femmes et des enfants, de bien se porter. Il ne me restait qu’à vérifier que personne ne mourait de faim, que les travaux du nouveau puits que je désirais avançait sans prendre trop de retard. Etc..

Cet exemple est conforme à ce que dévoile le Dr Philippe PAUX : il ne vous reste donc, cher lecteur, qu’à lire son écrit.

Dominique DAGUET

Réponse du Dr Philippe PAUX[1]
à Emmanuel MACRON au sujet de la colonisation.

« Monsieur Macron, moi médecin colonial, médecin des Troupes de Marine, suis-je un « criminel contre l’humanité », un criminel contre l’humain ?

Par vocation, petit garçon je rêvais d’aller soigner au fin fond de l’Afrique, de l’Océanie, de l’Asie. Adolescent puis jeune étudiant, de toutes mes forces j’ai travaillé, bossé, trimé pour pouvoir soigner à travers le continent et porter la science pas seulement au pays des Bantous, mais partout dans le monde où la France était présente. Ma vocation, que j’ai assouvie depuis, était de rejoindre les ex-Colonies, sur les pas de mes glorieux Anciens à l’âge, comme le disait le médecin colonial Paul-Louis Simond, où l’esprit est exempt de préjugés, où les idées préconçues ne viennent pas contrarier la poursuite du vrai, à l’âge des élans généreux, à l’âge des enthousiasmes pour tout ce qui est vérité, lumière et progrès.

Mes héros n’étaient pas footballeurs, chanteurs, acteurs, mais médecins coloniaux exerçant dans les conditions les plus extrêmes, dans ces pays tropicaux, sans la moindre politique ou infrastructure de santé, où sévissaient des guerres interethniques, le tribalisme, le féodalisme, l’esclavagisme, la famine, l’irrationalité, la pensée magique, les mutilations rituelles sexuelles ou corporelles et l’anthropophagie.

Je n’ai eu de cesse tout au long de ma carrière de médecin de la Coloniale, des Troupes de Marine, au sortir de l’illustre Institut de Médecine tropicale du Pharo à Marseille, de représenter mes illustres Anciens, de sauver parfois, de soulager souvent, de servir l’humain toujours. Secourir était mon combat ; sauver, ma victoire quelque soit l’Homme, de Mopti, de Bobo-Dioulasso, de Grand Bassam, de Bouaké, de Korhogo, de Brazzaville, de Bangui, de Ndjamena, de Moundou, de Bardai, de Hienghène, de Lifou, de Maripasoula, de Camopi, de Paramaribo, de Mata-Utu, de Tchibanga, de Brazzaville, et bien d’autres villages africains, sud-américains et océaniens.

Partout et toujours pour l’Humanité, j’ai soigné, soulagé et prévenu, à pied, à cheval, par le ciel, par les eaux des mers, rivières et rapides, dans les déserts, dans les montagnes, dans les forêts, dans les ruines d’un tremblements de terre, dans les tempêtes, dans le feu, sous le feu, mais jamais autant que mes Anciens qui ont pour beaucoup donné leur vie et parfois la vie de leurs proches.

Monsieur Macron, ayez donc un peu de respect, d’égard pour tous ces Hommes, qualifiés par vous de « criminels contre l’Humanité », mais en fait les premiers « French Doctors », la modestie et l’humilité en plus. C’est bien ce que disait, il y a quelques années, le premier doyen de la Faculté de médecine de Dakar : « Y a-t-il eu au monde plus petite équipe d’hommes ayant rendu plus de services à l’humanité souffrante ? Y a-t-il eu au monde œuvre plus désintéressée, plus obscure, ayant obtenu de si éclatants résultats et qui soit pourtant ignorée, aussi peu glorifiée, aussi peu récompensée ? Qui peut prétendre avoir fait mieux, où, quand et comment ? »

(Je rajoute à cette liste : « aussi stupidement insultée »… DD)

Un peu d’histoire, Monsieur Macron !

Tous ces Médecins coloniaux, mes héros, sont associés à ces maladies dont certaines ne vous sont pas connues et d’autres vous évoquerons probablement des souvenirs plus de voyages que d’Histoire : cette l’Histoire que vous bradez par clientélisme.

Ces maladies sont parfaitement bien rapportées par Louis-Armand Héraut, historien de la médecine.

La « Peste », cette maladie tueuse qui élimina au XVe siècle un tiers de l’humanité et sema encore la terreur à Marseille en 1720. C’est le médecin colonial Alexandre Yersin qui, découvrit à Hong Kong le bacille qui porte désormais son nom. Quatre ans plus tard, à Karachi, le médecin colonial Paul-Louis Simond démontra le rôle vecteur de la puce du rat. Soulignons la mort héroïque du médecin major Gérard Mesny en 1911 alors qu’il soignait des milliers de pestiférés, lors de l’épidémie de Mandchourie. On ne peut oublier la mort tout aussi courageuse du médecin colonial Gaston Bourret en 1917 dans son laboratoire de Nouméa. Enfin ce sont les médecins militaires coloniaux Girard et Robic qui réussirent à mettre au point en 1932 à Tananarive un vaccin anti-pesteux efficace.

La « Variole » fit l’objet d’une lutte constante dès les premiers temps de la colonisation aussi bien en Afrique qu’en Asie. L’action sans défaillance du Service de santé des troupes coloniales a contribué de façon décisive à l’éradication de cette maladie effroyable qui, faisait en France 10 000 victimes par an à la fin du 18e siècle. La vaccination, qui se faisait au début de bras à bras fut grandement améliorée quand on put inoculer le virus à partir de jeunes buffles, créer des centres vaccinogènes et transporter, grâce à Calmette, lui aussi médecin colonial, la lymphe vaccinale en tubes scellés.

La « Fièvre jaune », affection virale redoutée, endémique en Afrique et Amérique, fit des incursions dans les ports européens au XIXe siècle (20 000 morts à Barcelone). Elle fit de très nombreuses victimes dans le corps de santé colonial, comme en témoignent les monuments de Dakar et de Saint-Louis du Sénégal. Il faut attendre 1927 pour que le médecin colonial Laigret parvienne à obtenir un vaccin grâce au virus recueilli à Dakar sur un malade. Par la suite la vaccination par le vaccin de Dakar et le vaccin américain Rockefeller permit d’obtenir rapidement un contrôle quasi-complet de cette affection souvent mortelle.

Le « Paludisme », dont le parasite responsable, l’« hématozoaire », fut découvert par le médecin militaire Alphonse Laveran à Constantine en 1880. Le paludisme reste la principale cause de mortalité infantile sous les tropiques. Il faisait et fait partie du quotidien du médecin tropicaliste. Les premiers médecins qui s’acharnèrent à le combattre à travers son vecteur, le moustique, furent surnommés par les autochtones les « capitaines moustiques ». Le médecin colonial Victor Le Moal s’illustra particulièrement dans cette lutte anti-moustique à Conakry.

La «Maladie du sommeil » ou « Trypanosomose », parasitose particulièrement redoutable, atteint le système nerveux central en provoquant une apathie, des troubles du comportement et un état de délabrement organique cachectique extrême qui aboutit à la mort. Nombreux sont les médecins qui furent contaminés en la combattant, et parfois en sont morts. Cette affection dépeuplait en Afrique noire des régions entières. Elle fut très tôt l’objet d’études qui vont permettre au médecin colonial Jamot, grand nom de la médecine tropicale, de développer son action.

La « Lèpre », une autre vieille connaissance, quasi disparue d’Europe, atteint la personne dans son apparence physique ainsi que dans sa dimension sociale. Marchoux va organiser la lutte contre cette maladie mutilante, lutte qui sera poursuivie et développée par le médecin général Richet en collaboration avec Daniel Follereau. De nombreux médecins coloniaux se consacreront à cette lutte difficile, dont Léon Stevenel qui isola le principe actif de l’huile de Chaulmoogra, seul médicament d’une certaine efficacité avant qu’apparaissent les sulfones.

La Méningite cérébro-spinale à méningocoque, endémo-épidémique en Afrique tuant encore et toujours des milliers d’enfants, dont certains dans mes bras, au Burkina-Faso à Bobo-Dioulasso, au Mali à Djenne, dans une zone que l’on nomme encore la ceinture de Lapeyssonie, du nom d’un illustre médecin colonial qui s’est tant dispensé aux pays sahéliens et qui a transmis son savoir à des légions de médecins tropicalistes et à moi-même dans les années 80.

Médecin colonial je suis, médecin colonial je reste, car chemin faisant je termine ma carrière dans un quartier multiculturel et je soigne hommes et femmes de 49 nationalités différentes dont de nombreux « colonisés ». Nous devons croire, n’est-ce pas, que le « criminel » que je suis ne fait plus peur à toutes ces victimes de la colonisation tant ma « patientèle » est abondante. Les « souffrances endurées », par la faute du « bourreau-tortionnaire » que je suis, ont été vite oubliées et pardonnées tant l’attachement de mes patients est profond.

Monsieur MACRON, votre insulte envers tous ces Hommes dont la devise « Sur mer et au-delà des mers, pour la Patrie et l’Humanité, toujours au service des Hommes » a toujours été respectée jusqu’à la mort pour certain, ne fait pas honneur à un homme qui pense pouvoir être un jour président. Je vous suis reconnaissant d’au moins une chose : si j’ai pu avoir quelque hésitation à vous écouter au gré de vos « shows » politiques, tant votre charme de beau-fils idéal, de prince charmant des banques d’affaire, de bonimenteur, discoureur et beau phraseur m’avait interpellé, vous m’avez définitivement libéré de cette faiblesse.

Je vous laisse à vos fans, cadres urbains diplômés en communication ou en sociologie, « geek » asociaux et bobos aux vélos électriques, vous qui n’avez jamais été confronté par vos mandats inexistants ou par vos activités professionnelles à la misère et la pauvreté, à la souffrance, à la violence et la guerre, au communautarisme, à l’islamisme radical. Restez dans votre bulle et qu’elle n’éclate pas.

Monsieur Macron, bradeur d’histoire, j’ai la mémoire qui saigne.

Dr Philippe PAUX, ancien médecin-chef du 3° RPIMa »

[1] – Ancien médecin-chef du 3° RPIMa ;