Tout n’est pas joué - France Catholique
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Tout n’est pas joué

Le gouvernement semble décidé à avancer vers une légalisation de l’euthanasie « quoi qu’il en coûte ». Face à ce processus, que l’on tend à présenter comme inéluctable, demeure un barrage solide : l’expertise des professionnels des soins palliatifs et de la fin de vie.
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© Philippe Lissac / Godong

Pourquoi le nier ? Face au débat qui s’annonce sur la fin de vie, nombreux sont les opposants à la légalisation de l’euthanasie qui semblent avoir déjà baissé les bras, sur l’air du « À quoi bon ? ». Encore échaudés par l’échec de La Manif pour tous – qui fête en ce mois d’octobre le 10e anniversaire de sa fondation – ils savent, à l’exception des plus jeunes, que les manifestations les plus massives, les pétitions les plus signées, la communication la plus « branchée » ne peuvent guère influer le cours des évolutions sociétales.

D’autant que leurs tenants, eux, en soulignent le caractère inéluctable et indispensable. Et si ça coince, si le peuple ne pense pas bien, on se dispensera de son avis. Sacha Houlié, député Renaissance et président de la Commission des lois à l’Assemblée nationale, l’a dit sans ambiguïté dans un entretien à La Croix (24/09) : « Ne préemptons pas les résultats de la convention. Mais [s’ils s’opposaient à la “légalisation de l’aide à mourir”, NDLR], alors oui nous pourrions quand même le faire. Il faudra bien sûr expliquer ce qui nous conduit à prendre une telle décision. Nous ne sommes pas liés par un débat national, qui vise d’abord à accroître les connaissances de la population. » Autrement dit, si les conclusions de la convention citoyenne ne correspondent pas aux intentions affichées au sommet du pouvoir, la représentation nationale passera outre.

Tour de passe-passe

Juridiquement, rien à redire : c’est un principe du droit français : « Tout mandat impératif est nul » affirme l’article 27 de la Constitution, et chaque député et sénateur vote librement, en son âme et conscience. Mais à quoi bon dans ce cas passer par la case du débat public si – et d’une certaine façon c’est assez légitime – tout se tranchera aux Palais Bourbon et du Luxembourg ?

Difficile de ne pas être effaré par ce tour de passe-passe dont les organisateurs ne se cachent même plus. En témoigne ce propos tenu par Jean-Luc Roméro dans Le Monde (10/10) au sujet de la question qui a été officiellement posée par Matignon pour guider les travaux de la convention à partir du 9 décembre prochain : « Le cadre d’accompagnement de la fin de vie est-il adapté aux différentes situations rencontrées ou d’éventuels changements devraient-ils être introduits ? » Question biaisée puisque personne ou presque ne s’opposera à une évolution du cadre actuel, dans un sens ou dans un autre, marginale ou substantielle.

Ce biais, le président d’honneur de l’Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD), l’assume sans difficulté : « Il faut reconnaître qu’en demandant si la loi actuelle répond à toutes les situations, on induit la réponse », admet-il sans ciller, estimant que le gouvernement « a compris qu’il devait se départir d’une partie de sa neutralité ». Si donc on résume caricaturalement ces différents propos, l’idée est de biaiser au maximum le débat pour en garantir autant que faire se peut les conclusions. Et si ces dernières ne sont pas correctes, on se dispensera de l’avis des citoyens pour s’engager dans la voie de la légalisation.

Vers des démissions massives ?

Oui, mais… Face à cette mécanique demeure un obstacle de taille que l’on ne pourra franchir avec désinvolture : l’expérience de terrain des professionnels qui, chaque jour, accompagnent les malades et les mourants.

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