Suite au ‘’Ciboulot’’ - France Catholique
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L'amour du travail bien fait avec saint Joseph artisan
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Suite au ‘’Ciboulot’’

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Le chrétien de base que je suis fait ce qu’il peut et les moyens dont il dispose son si disproportionnés par rapport aux événements actuels qu’il a du mal à imaginer de déshabiller ses propres engagements anciens comme actuels pour participer au sauvetage que bien des États actuels sont incapable d’assumer : d’où le peu de place qu’il accorde à la réflexion d’ordre général (mais d’une justesse qu’il ne saurait être question de mettre en doute), que soumet aux chrétiens le cardinal Sarah en des écrits remarquables : nous avons affaire à un événement extrêmement complexe qui relève du politique bien plus encore que de la Charité : ce qui n’empêche personne de se risquer à loger chez soi un ou plusieurs de ces ‘’déplacés’’.

Avec les chrétiens de Syrie, nous pouvons tous avoir confiance, sauf cas particuliers, car leur culture n’est pas celle du mensonge. Il n’en va pas de même en ce qui concerne la culture musulmane si l’on tient le Coran comme étant le livre de référence de cette culture : cela en fonction évidemment de ce que l’on appris au sujet du Califat.

Je reviens à ce chrétien de base que nous sommes tous : il pense à la remarque de Jésus dans l’Évangile quand Il parle de l’étranger – au singulier – qu’il convient d’accueillir, et donc de l’action aimante que doit accomplir ce chrétien : le Bon Samaritain devant l’homme attaqué par un brigand est l’exemple parfait. Mais les événements actuels jouent, quant à eux, sur des multitudes, des centaines de milliers de personnes, ce qui signifie que l’on aborde le problème au niveau des nations… non d’individus, même si ces individus ont le droit, quand ils le peuvent, de mettre en route leur propre « système » de charité. Quant aux associations catholiques elles ont, elles aussi, ce même droit en même temps que le devoir… Cependant, et j’insiste sur ce « mot », les États qui se mettent si allègrement aujourd’hui en avant, sont tenus, non seulement de se lancer en notre nom dans des opérations de bienveillance et de charité, mais aussi et en premier lieu de veiller à la formation, à la santé, à l’économie comme à la sureté, etc., du peuple dont il est le gérant, avant même donc que de sauter comme des cabris en faisant valoir leur générosité, essentiellement celle du peuple… Tout ce que les États feront sera d’abord attribuable à l’ensemble des citoyens. Ce n’était qu’une précision, mais significative de la prudence qui doit être observée par nos gouvernants…

J’ajoute, en pensant ici au gouvernement français, que ne pas tenir compte d’événements d’une telle échelle, de ce qui en eux est analysable, en positif comme en négatif, de ce qui pourrait être dangereux ou même aventureux ou alarmant, est pour le moins irresponsable. Au niveau des personnes qui ont répondu à l’article premier dit du « ciboulot », il va de soi qu’elles ne sont pas toutes armées pour entrer dans de telles réflexions ou analyses : par contre, au niveau d’un hebdomadaire, cette analyse doit être faite au risque de « désenchanter » les vertus d’une Charité pourtant des plus nécessaire. Il se fait que je suis, pour moi-même et donc « mes articles », tenu de tenter de ces réflexions dont les conclusions peuvent ou non apparaître comme pessimistes ou optimistes, ce qu’il convient toujours d’éviter. Il peut arriver qu’un de mes lecteurs exprimera légitimement tel ou tel désaccord : mais cela est la vie même ! Que je préfére naturellement des avis concordants, comment ne pas l’avouer ? Mais recevoir des avis discordants est tout aussi précieux…

En vérité, ce que je désire préciser ici ne sont que des détails par rapport au texte initial sur le « ciboulot » : ainsi et par exemple, comment n’être pas étonné de la réponse faite par le ministre de l’Intérieur, M. Caseneuve, qui, commentant l’information déclare qu’il était possible que le Daesch ou le Califat, cherchant à « profiter dans les mois à venir » [citation approximative] de l’aubaine, en somme, de ce soudain départ massif d’Irak et surtout de Syrie, à un niveau de densité humaine qui dépasse soudain ce qui avait lieu dans les mois derniers, et même les années dernières, n’était pas pour l’instant d’actualité (là encore citation approximative) pour envoyer dans nos pays des « militants islamistes dormants » : naturellement à réveiller un jour. C’est l’équivalent, en médecine, d’attendre qu’une plaie soit bien gangrenée pour décider qu’il faut agir : alors trop tard ! Or ce digne ministre ne peut pas ne pas savoir ce que beaucoup d’autres en notre pays savent déjà depuis longtemps comme depuis récemment. Et ce chrétien de base que je suis a déjà, sur ces dernières années, écrit tout ce qu’il avait appris et sur ce quoi il avait réfléchi.
L’Islam existe, et ses règles sont inscrites pour toujours : on a beau faire la distinction entre l’Islam politique et l’islam religieux, ce monde est fermé sur lui-même, exception faite de quelques intellectuels situés sur les marges de cette société communautaire : où le croyant dit modéré donnera toujours raison au croyant absolutiste. Des agents dormants du Califat seront invisibles et indiscernables, de caractère apparemment doux et bienveillant : le jour où l’ordre de tuer arrivera, le croyant en question se lèvera et ira exécuter l’ordre.

On entend dire que l’islam se dirige à marche forcée vers une relecture du Livre intouchable : il ne s’agit que d’une frange de la société islamique. L’essentiel restera intact et les croyants intransigeant sur ce sujets resteront vigilants.

Dans ce contexte de l’exode de type ‘’invasionnel’’ dont tout le monde peut constater le caractère nouveau, l’événement en lui-même ne peut être analysé qu’aux lumières de tout ce qui a déjà eu lieu en ces années passées comme en ce qui vient de se produire. Une attitude purement compassionnelle, aussi naturelle qu’elle soit, ne saurait aucunement être satisfaisante.

Cette multitude, il est probable que peut-être la moitié ou même les deux tiers de ceux qui la composent (mais pas plus) sont innocents et insoupçonnables en même temps qu’ils sont d’abord et avant tout des victimes, notamment de nos propres gouvernements européens comme de la Commission européenne. Le nier serait un enfantillage, d’autant plus qu’on ne sait pas encore quelle est la proportion de chrétiens et de musulmans. Et il est admirable, sinon exemplaire (à des titres multiples pas toujours flatteurs) que ceux qui, n’ayant rien fait jusqu’ici – mais rien de rien ! -, se mettent soudain à tout vouloir accomplir comme aussi à tout passer aux autres, sans encore connaître les dangers, fictifs ou réels, que comporte cet afflux inexplicablement nombreux de candidats à l’exode.

Cependant, parmi les deux tiers évoqués plus haut, un nombre important quoique mal chiffrable se compose de « faux réfugiés », soit pour l’essentiel de migrants cherchant non pas à fuir les bombardements, les représailles, les attentats, les destructionss, en somme l’horreur au quotidien (et ce sont ici pour l’essentiel, les familles au complet qui s’en vont de leur patrie), mais tout bêtement à trouver un travail et donc un revenu : ce que justement ici nous ne pouvons fournir. Le Turc qui achète un faux passeport syrien vise le statut très favorable de ‘’réfugié’’ sans jamais avoir été exposé à ces destructions et autres catastrophes.

Depuis très longtemps, d’importants moyens dont dispose l’Europe et les nations européennes, comme j’ai tenté de l’imaginer il doit bien y avoir trois ans, auraient dû être déployés dans les « pays sources d’émigration », presque tous incapables de lancer valablement, efficacement, ces opérations d’un développement le plus souvent basique mais généralisé : investir directement dans les villages, auprès des artisans, des professeurs, des transporteurs, en usant des services d’associations compétentes etc.. Ces opérations auraient du être lancées directement auprès des candidats et non par l’intermédiaires de trop de gouvernants, dont sait trop la cupidité… Etc.. Je donnais des exemples de ce qu’il aurait été possible d’accomplir en vue de tarir les causes de tels exodes, liés au désespoir.

Rien de ce genre n’a été tenté : aujourd’hui nous en voyons les résultats. Si l’Europe, qui multiplie les décisions abusives auprès des citoyens de chaque nation, voulait se donner une Mission porteuse d’avenir, qu’elle se donne cette mission humanitaire qui, inévitablement, finirait par devenir tout à fait rentable…

Dominique DAGUET