Signes d'amour mutuel. - France Catholique
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Van Eyxk, l'art de la dévotion
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Signes d’amour mutuel.

Traduit par Pierre

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Je porte une alliance à l’annulaire de ma main gauche, signe, pour moi, de mon amour et de ma fidélité envers mon épouse Catherine. Et pourtant les mots de la liturgie semblent dire autre chose. Après tout, quand ma femme m’a donné cet anneau lors de notre mariage elle a dit : « Reçois cet anneau, signe de mon amour et de ma fidélité. » Il me semble donc qu’il y a erreur : l’anneau que je porte serait-il le signe de sa fidélité, et non de la mienne ? En est-il ainsi ? Comment résoudre cette énigme ?

Il suffirait de changer les mots. J’ai découvert sur un site internet populaire consacré au mariage, mais non muni d’une autorisation officielle, une suggestion : « Je ___________ , reçois cet anneau en signe de mon amour et de ma fidélité. »

Il y a donc un risque de confusion que les gens de bon sens s’efforcent d’éluder. On pourrait soupçonner — avec raison — qu’un manque de clarté s’est glissé dans le « Novus Ordo ». Le Formulaire Extraordinaire, bien plus clair, propose la bénédiction de l’alliance de l’épouse par le célébrant :
Bénis – O, Seigneur,cet anneau que nous bénissons – en Ton Nom, afin que celle qui le portera soit fidèle à son époux dans Ta paix et en soumission à Ta volonté, qu’ils vivent ainsi un amour mutuel.

Remarquez qu’il n’est fait nulle mention d’une « signification » de l’anneau. Il n’y a qu’une directive, « donnée à celle qui le portera ». L’anneau est ainsi considéré comme « sacramentel », comme sanctifié et investi d’un pouvoir (comme de l’eau bénite). L’anneau ne signifie donc pas simplement sa fidélité, il est chargé de l’aider à être fidèle (Un exemple, l’homme qui retire son alliance avant d’entrer dans un bar renonce à l’assistance divine pour sa fidélité).

La bénédiction cite également la soumission à la volonté divine. On le comprend si on est doué de bon sens. Être marié implique l’acceptation d’une règle ; d’une contrainte. On se soumet librement à un joug — « joug facile et léger », c’est certain, qui, porté de bon cœur, est fort « apaisant ». Mais il serait insensé de soutenir qu’une alliance implique autant que la contrainte d’un « Collier Romain ».

Anomalie ou bizarrerie ? Selon le rite, la bénédiction concerne « l’amour mutuel », mais seul l’époux donne un anneau à l’épouse, et non la réciproque. Était-ce la coutume en Europe avant le XIXème siècle, car alors seule l’épouse portait une alliance ? Le nouveau rite, nous allons le voir, tente de corriger ce fait.

Selon le Rite Extraordinaire, le prêtre remet l’anneau béni à l’époux, qui le donne à l’épouse en prononçant l’une de ces deux formules :

Avec cet anneau je t’épouse et te donne ma foi.

-ou –

Par cet anneau je t’épouse, je te fais don de mon corps avec cet or et cet argent. Je t’adore et te fais don de tous mes biens sur terre.
Une telle formulation signifie à la fois une promesse et sa réalisation dans les faits. La signification des paroles et leur mise en actes montrent la perfection du mariage par le don d’un objet précieux, l’alliance.

Le précieux objet n’est pas nécessairement un anneau. Un anneau se trouve être l’objet précieux que l’on pouvait, selon les anciennes cultures, conserver aisément par-devers soi en sécurité, en toutes circonstances. Mais les mots « Or » et « Argent » font allusion à la monnaie — le fameux « arras » encore donné selon la coutume Espagnole et suggéré parfois aux États-Unis.

Au temps où on considérait le mariage non comme une simple union de personnes mais comme une institution comportant une forme de stabilité financière, le don par l’homme à la femme d’un objet précieux était un gage sérieux de son engagement envers elle. De plus, l’une des familles, ou les deux, apporterait en la dotant le capital initial nécessaire à la famille ainsi fondée. Le mariage peut être ce genre d’institution où le traditionnel « arras » Espagnol, vestige, témoin d’une tradition, renaîtrait dans d’autres cultures de la culture Hispanique.

On voit ainsi en contraste la signification du nouveau rite. Disant «prends : cet anneau, signe de mon amour et de ma fidélité », il parle non du port de l’anneau, mais du don de l’anneau lui-même, précieux objet. Il attribue au port de l’alliance l’amour et l’engagement de fidélité : c’est alors elle qui portera l’anneau de l’amour et de la fidélité. (La formulation a été changée en 2016 : « Reçois cette alliance . . . .» au lieu de « prends : cette alliance . . . . » — ce qui soulignerait la qualité du don.)

Alors, la nouvelle formulation est-elle floue, source de confusion — ou peut-être accidentellement plus authentique ? Posez-vous la question : une alliance à notre époque est-elle un tout, ou un semi-objet ? Une comparaison : une chaussure est-elle un objet, alors qu’il faut deux chaussures pour faire la paire. D’évidence, il faut penser de même que les alliances vont par paires, portées par deux personnes différentes ; en toute rigueur, une personne ne porte pas « une alliance » mais deux personnes portent le même objet — « l’alliance » — en deux endroits différents. Ainsi, chaque alliance, incomplète prise isolément, porte l’amour et la fidélité de chacun.

Alors, les mots retenus pour le nouveau rite, malgré leur apparente imprécision, prennent toute leur signification. Un objet est souvent l’indicateur de sa provenance. Ainsi, l’anneau à ma main gauche dit et redit sans cesse que je l’ai reçu en gage d’amour et de fidélité. Et, ainsi porté il signifie amour et fidélité mutuels et réciproques.

9 juillet 2019

https://www.thecatholicthing.org/2019/07/09/signs-of-mutual-love/