Saints évêques français face au pouvoir - France Catholique
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Saint Benoît, un patron pour l'Europe
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Saints évêques français face au pouvoir

Les racines chrétiennes de la France tiennent aussi à de saints évêques. Figures centrales de l’Église, pasteurs, enseignants, gardiens de la foi et défenseurs des fidèles, ils se sont souvent dressés dans les périodes de crises contre la tentation de la compromission avec le monde et les abus de l’autorité temporelle.

De Pothin de Lyon à Eugène de Mazenod

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Saint Loup arrête Attila devant Troyes.

Saint Loup arrête Attila devant Troyes.

Lithographie en couleurs par É. Crété.

Sans même attendre la reconnaissance du christianisme par Constantin, en 313, les premières figures de sainteté ont émergé au sein de l’épiscopat de l’actuel territoire français, au temps de la persécution.

Premier d’entre eux, saint Pothin de Lyon, disciple de Jean l’évangéliste, mort nonagénaire en prison le 2 juin 177, a marqué l’histoire du territoire : en introduisant la dévotion mariale et faisant venir de Smyrne, dans l’actuelle Turquie, saint Irénée, pour contrer les hérésies, il remplit son rôle de gardien de la foi. Et, en mourant pour le Christ, il donne aussi un exemple remarquable de fidélité à l’Église.

Des défenseurs de la Cité…

Saint Irénée, son successeur comme primat des Gaules, est également un défenseur de la vérité, à travers une œuvre intellectuelle dense. Historiographe de sa communauté, il envoie des missionnaires vers d’autres régions, initiant une expansion du christianisme qu’il faudra encadrer.
Tel sera aussi le rôle des évêques envoyés en Gaule par le pape Fabien, tous canonisés depuis par l’Église : Paul à Narbonne, Trophime en Arles, Martial à Limoges, Austremoine à Clermont, Saturnin à Toulouse, Gatien à Tours, Denis à Lutèce. Les quatre premiers survivront à la crise de 250-251, quand Dèce voudra contraindre les chrétiens à prêter un serment civique assimilé à l’apostasie, les trois autres mourront suppliciés. Mais ces martyrs ont semé pour l’avenir ; la paix constantinienne trouve – sauf dans l’Ouest, évangélisé au Ve siècle, par des missionnaires irlandais ou bretons – des chrétientés déjà fières de leur passé. Grâce à l’action tous azimuts de leur pasteur…

Saint Cyprien de Carthage affirmait ainsi : « Toute l’Église est dans l’évêque. » Et de fait, pendant longtemps, l’évêque a seul le droit de célébrer la messe, de prêcher et d’enseigner. Les chrétiens sont justiciables de son tribunal. Il est responsable de toutes les œuvres caritatives et enseignantes, veille sur les vierges consacrées. Face à un pouvoir impérial prompt à pressurer le peuple, il est en outre défenseur de la cité, ce qui lui fait un devoir de s’interposer entre les malheureux et l’administration. Encore faut-il en avoir le courage…

… aux relais complaisants du pouvoir

Car très vite, l’épiscopat devient une aubaine que se dispute l’aristocratie de père en fils. Palais, puissance politique, accès à la poste impériale, immunité juridique : ces avantages font des évêques les relais complaisants du pouvoir. Une réforme s’impose ; elle viendra de l’évêque de Tours, saint Martin.

Devenu moine après avoir quitté l’armée, exilé à la suite de son évêque, saint Hilaire de Poitiers, pour avoir combattu l’hérésie arienne, père du monachisme gaulois, Martin est arraché en 371 à son monastère pour ses dons de thaumaturge mais c’est en réformateur qu’il accepte le siège tourangeau. Il entend rester moine tout en étant évêque : un programme en soi. Il refuse les avantages de la charge, s’habille en pauvre, fonde à Marmoutier un monastère d’où sortira une génération de futurs évêques aptes à réformer le clergé gaulois. Il s’impose par sa sainteté. Missionnaire, il œuvre à éradiquer le paganisme. Il meurt le 11 novembre 397.

Sa tombe devient alors sanctuaire. À sa mort, le clergé gaulois est redevenu conscient de ses devoirs, ce qui n’empêche pas certaines pratiques de perdurer.

Retrouvez l’intégralité de l’article et de notre Grande Angle dans le magazine.