Sainte Communion, conscience et vie chrétienne - France Catholique
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L'amour du travail bien fait avec saint Joseph artisan
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Sainte Communion, conscience et vie chrétienne

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Qui devrait être exclu de la Sainte Communion ? C’est une question très débattue ces derniers temps, spécialement en ce qui concerne les soi-disant « secondes unions » et « mariages homosexuels ». L’accent a été mis sur la loi canonique et la responsabilité subjective des individus. Ce sont là bien sûr d’importantes considérations. Mais il est également nécessaire d’examiner la signification ecclésiale sous-jacente de la Sainte Communion, de la conscience et de la vie chrétienne, si l’on veut comprendre la raison intrinsèque pour laquelle certaines personnes doivent s’abstenir volontairement de recevoir la Sainte Communion, ainsi que la vraie nature pastorale des interdictions canoniques et morales de l’Église.

De nombreux prédicateurs et théologiens ont remarqué que l’affirmation du Credo de la « communion des saints » (communio sanctorum) peut faire référence à la fois à la communion des « personnes saintes » et des « choses saintes ». En d’autres termes, notre communion avec la Trinité et l’humanité rachetée en Jésus est aussi notre communion dans la vie de l’Église au travers du partage des sacrements, des enseignements apostoliques et de la vie chrétienne quotidienne (Ac, 2, 42).

Par conséquent, recevoir le Corps du Christ dans la Sainte Communion est l’acte personnel et ecclésial de quelqu’un qui vit comme membre du corps du Christ plus que simplement comme une personne privée. Cette réception n’établit pas la communion mais favorise la communion dans laquelle la personne est déjà entrée par le baptême et la persévérance dan la vie du Christ.

Donc, celui qui reçoit la Sainte Communion doit être baptisé, se repentir vraiment de tous ses péchés et accepter la foi et la pratique morale de l’Église. Autrement, indépendamment de l’intention, il y a quelque chose qui ne va pas, parce que l’acte extérieur, objectif, de la réception de la Sainte Communion, ne correspond pas à la réalité intérieure, subjective, de la relation de la personne avec le Christ et Son Église.

Dans la manière catholique de l’appréhender, la conscience aussi est une réalité à la fois personnelle et ecclésiale, plutôt que simplement individuelle. L’origine du mot (con-scientia) signifie « savoir en soi-même » et « savoir avec d’autres ». Pour des chrétiens, c’est un partage de l’esprit du Christ dans l’Église à travers l’obéissance, qui nous conduit à faire ou éviter telle action spécifique, et à faire des jugements selon les normes de Dieu plutôt que selon celles de l’homme.

Tout cela afin que nous puissions devenir saints comme Lui-même est saint. La conscience de chacun est faillible et le péché peut gauchir encore plus ses jugements, au point que le péché répété ou sans contrition peut aveugler la conscience de la vérité (1 Tim 4, 2).

Donc, l’erreur innocente ou une histoire de péché peut conduire des chrétiens à embrasser des conduites qui ne sont pas dignes de la personne humaine, sans reconnaître le mal de leurs actions. Dans la mesure où leurs actions sont réellement nuisibles et contraires à l’esprit du Christ (parce qu’objectivement mauvaises), ils s’écartent de la vie de l’Évangile et portent un témoignage objectivement faux au sein de l’Église et à la face du monde.

Pour ceux qui ont une conscience innocemment faussée, la réception de la Sainte Communion demeure un moyen de grâce, même s’il existe une divergence à laquelle il est nécessaire de remédier pour les libérer, en tant qu’enfants de Dieu, des dégâts et contraintes provenant de comportements désordonnés. Pour ceux qui sont coupables de péchés non avoués, même s’ils ne sont pas reconnus du fait d’une conscience desséchée, la réception serait fausse, sacrilège et dangereuse (1 Cor ? 11, 27-32).

Une conscience correctement formée est fondée sur la réalité objective de la personne du Christ et de Ses enseignements, pas sur les opinions, sentiments ou critères subjectifs d’un individu. Les chrétiens qui substituent, consciemment ou non, d’autres critères comme fondements des jugements moraux ne vivent pas en accord avec l’Évangile et font dès lors du mal à eux-mêmes, aux autres et à l’Église.

Ces gens-là ont besoin de rencontrer la vérité de l’Évangile et de la recevoir avec obéissance telle qu’elle est proclamée par l’Église, afin de conformer plus profondément leurs vies au Christ. Même imparfaits et pécheurs, par l’intermédiaire de cette grâce de conversion, ils seront valablement capables de s’approcher de la Sainte Communion comme membres de Son Corps.
A l’opposé, recevoir la Sainte Communion tout en rejetant consciemment la foi et la vie de l’Église, même avec une conscience par ailleurs innocente mais subjectivement erronée, signifierait prétendre à un mode de vie que de telles personnes rejettent. Si elles désirent croire et vivre différemment de l’Église, elles ne devraient tout simplement pas la recevoir. Encore moins la « recevoir » selon leurs propres termes. La Sainte Communion n’est pas une affaire privée ; Elle est nourriture et médicament pour ceux qui reconnaissent leurs péchés et leurs erreurs tout en ayant vraiment l’intention de vivre la vie du Christ au sein de l’Église.

Le cas des soi-disant « deuxièmes mariages » mérite une attention particulière. Si un mariage antérieur est évalué par une nullité ou une autre méthode approuvée, une décision de constatation de nullité requiert une « certitude morale » fondée sur les critères de l’Église (tels que l’absence de liberté, de connaissance ou d’intention au moment de l’échange des consentements) plutôt que sur « l’instinct » ou « l’opinion » d’un conjoint ou d’un prêtre. Le temps passé ou la présence d’enfants dans une seconde union ne peuvent servir de critère puisqu’ils ne suppriment pas l’obligation d’être fidèle au premier conjoint. Vivre « comme frère et sœur » peut être une solution.

De récents appels à des « circonstances atténuantes » qui ouvriraient prétendument dans ces cas-là une voie vers la Sainte Communion en réduisant la culpabilité à un péché véniel sont également inutiles parce que la réception suppose l’intention d’éviter tous les péchés, véniels ou mortels. Cela signifie que, coupables de péchés mortels ou véniels, les parties devraient avoir l’intention de ne plus jamais avoir de relations sexuelles.

Les « mariages » homosexuels, comme les « seconds mariages », comprennent des activités sexuelles extra-maritales. Donc, se placer dans l’un ou l’autre type de relations sexuelles ou affirmer leur moralité contredit l’Évangile et place leurs auteurs hors de la foi et de la pratique de l’Église. S‘abstenir de recevoir la Sainte Communion est alors à peine un acte d’intégrité puisque ces relations nient en croyance et pratique ce qu’affirme la réception.

La clarté pastorale sur la nature ecclésiale de la Sainte Communion, de la conscience et de la vie chrétienne aide à résoudre ces cas et révèle que les affirmations morales et canoniques de l’Église sont miséricordieuses et autant de remèdes libérateurs et non pas – ainsi que certains les considèrent – des jugements durs et pharisaïques.


La dernière Communion de S. Jérôme par Botticelli, 1495 [Metropolitan Museum, New York]


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Le Père Timothy V. Vaverek, docteur en théologie sacrée, récent contributeur de TCT, est prêtre du diocèse d’Austin depuis 1985 et est actuellement curé de paroisses à Gatesville et Hamilton. Son doctorat porte sur la dogmatique, avec une insistance particulière sur l’œcuménisme.