Sagesse de la Croix - France Catholique
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Padre Pio, ses photos inédites
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Sagesse de la Croix

C'est par la Croix que le Christ nous libère de nos « enfermements » et que les souffrances actuelles peuvent trouver du sens. Le Père Johannes Lechner, prieur de la communauté Saint-Jean à Rome, nous guide dans la méditation de la Passion.
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SAMEDI SAINT. Le Christ va chercher Adam et Ève aux enfers, fresque de l'Anastasis de l'église Saint-Sauveur-in-Chora, à Constantinople.

SAMEDI SAINT. Le Christ va chercher Adam et Ève aux enfers, fresque de l'Anastasis de l'église Saint-Sauveur-in-Chora, à Constantinople.

© Pascal Deloche / Godong

Pourquoi est-il important de méditer la Passion du Christ, particulièrement pendant cette crise du coronavirus et ce confinement ?

Père Johannes Lechner : Le temps du Carême nous prépare à vivre le Triduum pascal et la fête de Pâques. Prier le chemin de Croix, méditer les récits évangéliques de la Passion du Christ sont des exercices spirituels qui marquent de toute façon ce temps fort de l’Église. La crise actuelle ébranle nos habitudes et nos sécurités, nous met dans le désarroi et parfois dans l’angoisse, car nous sommes confrontés inéluctablement à la maladie et à la mort.

Fort heureusement, en Occident, notre génération n’a pas connu l’expérience d’une mort d’un grand nombre comme l’avaient faite les générations avant nous, en particulier durant les deux guerres mondiales. Mais nos sociétés occidentales ont en grande partie évacué la question de la mort. La menace du coronavirus et le nombre de morts qui augmente de jour en jour créent une inquiétude, parfois même une sorte de panique collective. La formule du mercredi des Cendres, « Souviens-toi que tu es poussière et que tu retourneras en poussière » (Gn 3,19) n’est plus seulement une formule liturgique ; devant les centaines de cercueils empilés, c’est une réalité amère. La peur de la mort nous rattrape. La méditation de la Passion du Christ est un bon remède pour regarder la souffrance et la mort avec un regard d’espérance. Dieu nous rejoint dans notre souffrance. Il compatit. Il est proche.

Selon vous, le fait de pas avoir de célébration publique de Pâques n’est pas qu’une épreuve ?

Ne pas pouvoir se rassembler publiquement pour célébrer la fête de la Pâque et recevoir les sacrements est d’abord une épreuve qui nous attriste. Mais toute privation contient aussi des opportunités à saisir. La situation nous oblige à creuser davantage le sens de cette fête, à nous mobiliser dans notre foi personnelle et à être inventifs pour vivre la foi en famille. La Pâque juive est essentiellement une liturgie familiale. Pour les chrétiens, Pâques 2020 sera célébrée surtout dans l’Église domestique, qui est essentielle pour l’avenir de l’Église tout entière. Bien sûr, nous pouvons suivre les célébrations via télévision, radio ou livestream, mais cela ne remplace pas l’acte de foi qui touche le mystère pascal, et la célébration de la foi en communauté. Il me semble qu’il y a un appel à vivre quelque chose de plus en famille. J’espère que les conférences épiscopales et les prêtres pourront donner des aides concrètes pour célébrer la Pâque en famille.

Quelle dimension de Pâques cette situation de crise nous donne-t-elle à voir ?

La découverte que la Pâque contient une dimension de confinement. D’abord pour le Christ lui-même, car à Gethsémani, il vit une agonie qui contient angoisse et tristesse. À partir de son arrestation, le Jeudi saint, il est de plus en plus privé de liberté : d’abord prisonnier, puis attaché à une colonne et finalement crucifié sans même pouvoir bouger les mains et les pieds. Le mystère du Samedi saint est le confinement dans son absolu, la mise au tombeau, avec l’âme du Christ qui descend aux enfers où sont retenues prisonnières les âmes des justes. C’est de ces ténèbres que vont jaillir la lumière pascale et la vie nouvelle et immortelle.

Retrouvez l’intégralité de l’entretien dans le magazine.