SOS chrétiens du Nigeria - France Catholique
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SOS chrétiens du Nigeria

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La ville de Jos, située dans la zone de contact entre un Sud majoritairement chrétien et un Nord où l'islam est prédominant

La ville de Jos, située dans la zone de contact entre un Sud majoritairement chrétien et un Nord où l'islam est prédominant

CC by-sa : Daudajos

En dépit de l’actualité du mouvement social qui paralyse le pays, on ne sait encore pour combien de temps, je me permets aujourd’hui de sortir de France pour donner écho à une actualité tragique, qui devrait retenir notre attention et provoquer notre compassion, faute que nous puissions y porter remède. Bernard-Henri Lévy m’a recommandé le reportage qu’il vient de publier dans Paris Match sur la situation du Nigeria, qui est épouvantable, avec des islamistes qui tuent des chrétiens, précise-t-il, « sur une échelle que même les chrétiens d’Orient n’ont pas connue ». Son récit est proprement hallucinant. Il faut le lire intégralement pour prendre conscience du drame. Nous connaissions déjà l’existence de Boko Haram, cette « secte de fous de Dieu qui s’est retranchée dans le nord-est du pays », mais nous n’avons guère entendu parler des Fulanis. Il s’agit de bergers peuls, dont on connaît la traditionnelle hostilité aux paysans sédentaires. Eux sont nomades. Mais cette hostilité a pris un caractère nouveau, puisqu’elle s’est transformée en guerre religieuse, où au nom d’Allah, on se croit permis de massacrer tous ceux qui n’acceptent pas de participer à leur fanatisme.

Et parmi ceux-là, il y a aussi des musulmans. Bernard-Henri Lévy résume en deux phrases la terrible réalité : « Les Fulanis, c’est Boko Haram qui ne serait plus retranché dans un bastion équivalent à 4 ou 5 % du territoire. Les Fulanis, c’est la sauvagerie de Boko Haram étendue à tous les mécréants – chrétiens et musulmans – du Nigeria et au-delà, du Tchad, du Niger et du Cameroun. » Le philosophe est allé sur le terrain interroger les témoins et ce qu’ils ont raconté dépasse l’imagination. Ainsi cette jeune femme à qui on a coupé un bras, après qu’on ait tué ses quatre enfants sous ses yeux. Si elle a eu la vie sauve, c’est qu’elle était enceinte et que certains des tueurs ne voulaient pas voir son éventration… Ce qu’on reproche à ces victimes, c’est que chrétiennes, elles ont adopté « la religion des Blancs ». Le reportage de Bernard-Henri Lévy dans Paris Match se termine par un avertissement. Ce qui se prépare au Nigeria, c’est ce qui s’est accompli au Darfour et peut-être au Rwanda. « Attendra-t-on, dit-il, comme d’habitude, que le désastre soit consommé pour s’émouvoir ? » C’est dire la lourde responsabilité qui repose sur la communauté internationale.

Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 9 décembre 2019.