« Retrouver une création catholique » - France Catholique
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L'amour du travail bien fait avec saint Joseph artisan
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« Retrouver une création catholique »

L’art a toujours eu un lien privilégié avec la foi catholique. Au cours des siècles, l’Église a commandé aux artistes des œuvres permettant de montrer la grandeur de Dieu et la vérité de la foi. Entretien avec l’artiste peintre François Peltier.

Art sacré

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François Peltier, en train de travailler la fresque de l’Apocalypse.

François Peltier, en train de travailler la fresque de l’Apocalypse.

© François Peltier

L’art a-t-il une utilité ?

François Peltier : L’art est un sas, un transitus, disait saint Grégoire le Grand au VIIe siècle, lui donnant ainsi sa place exacte, affirmant qu’il est un des moyens les plus efficaces pour amener les fidèles à Dieu. La beauté de nos églises et de l’art permet de nous amener à Dieu, contrairement aux temples protestants qui sont dépouillés de tout ornement. L’art est un moyen privilégié pour permettre aux personnes éloignées de la foi de découvrir Dieu. Il y a quelque temps, j’ai rencontré une femme qui m’a confié que, bien que n’étant pas catholique, elle venait chaque semaine méditer pendant 1 h 30 devant le chemin de croix que j’ai peint pour la chapelle de Bias. C’est puissant une œuvre d’art…

Art religieux, art sacré, quelle différence ?

L’art religieux représente directement quelque chose de religieux. Dans l’art sacré, le sujet n’est pas forcément religieux mais c’est l’artiste qui lui donne une profondeur. « Quand Giotto peint sa petite amie, on dirait une Vierge. Et quand Raphaël peint la Vierge, elle sent encore les draps tièdes », disait un critique d’art. Tout dépend de ce que l’artiste y a mis… Ainsi, tout art n’est pas religieux, mais je crois que tout art sérieux est sacré, car il est création : si l’artiste est un véritable créateur, il est plus à même de comprendre le Dieu créateur. Mais s’il oublie qu’il n’est qu’un instrument de création, il est alors également plus près de la chute par le péché d’orgueil. Être artiste, c’est un don qu’on reçoit, donc il faut rester humble. Moins on y met d’ego et plus on peut être un canal qui conduit à Dieu. Je crois que l’art est sacré dans la mesure où l’artiste est humble et ne s’approprie pas sa création. À l’inverse, l’art aujourd’hui est très nombriliste. C’est pour cela que je ne travaille pas seul. Je ne crois pas à l’artiste seul dans sa tour d’ivoire…

Comment expliquer ces changements dans l’histoire de l’art ?

Pendant des siècles, de la Préhistoire à la Renaissance, l’homme s’est toujours situé par rapport aux dieux puis par rapport à Dieu. Puis, au XVe siècle, le philosophe Pic de la Mirandole a déclaré que « l’homme est la mesure de toute chose ». Selon moi, cela a refermé la porte des Cieux pour les artistes : ils ont perdu le fil du sacré… Et aujourd’hui c’est encore pire. L’écrivain politique Régis Debray, dans sa thèse de philosophie sur l’image, explique, lui, que l’art a eu trois périodes : de la Préhistoire à la Renaissance, c’était l’art pour Dieu ; puis de la Renaissance au XXe, l’art pour l’art ; et maintenant, l’art… pour l’or, avec l’art contemporain.

Faut-il revenir aux origines ?

« Seule la tradition est neuve », disait Salvador Dali. C’est parce que je suis ancré dans les racines d’une tradition que je peux innover : cela me donne une base pour aller chercher du neuf. C’est parce que je suis sur les épaules des géants qui m’ont précédé que je vois un peu plus loin qu’eux. C’est à cela que servent le patrimoine et la transmission. Dans mon métier de peintre, j’essaie de renouer ce fil de l’esprit des premiers temps.

[…]

L’Église devrait-elle être mécène, selon vous ?

Elle devrait soutenir les artistes qui créent de belles choses et commander des œuvres. Il n’y a que les curés qui peuvent le faire. Il faut retrouver une création catholique ! L’art catholique est dangereux car nous sommes libres de la forme. Nous devons garder notre instinct créatif. Pour cela il faut une vraie formation artistique et théologique. Personnellement, avant de réaliser une œuvre pour une église, comme L’Apocalypse par exemple, je travaille énormément avec des théologiens.

Retrouvez l’intégralité de l’entretien et de notre « Grand angle » sur l’art sacré dans le magazine.