Réparer l'église ? - France Catholique
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L'amour du travail bien fait avec saint Joseph artisan
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Réparer l’église ?

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Nos confrères du Pèlerin et de La Croix lancent une vaste consultation auprès de leurs lecteurs afin de formuler des propositions qui aideront à surmonter la crise actuelle de l’Église. Ils ont choisi comme mot d’ordre la formule « Réparons l’Église », en se référant explicitement à l’appel qui fut à l’origine de la vocation de saint François d’Assise. Cette référence est des plus précieuses. Si l’on se reporte, en effet, à la biographie du poverello écrite par saint Bonaventure, son fils spirituel, on se rend compte qu’il s’est agi d’une véritable épreuve intérieure. François est effrayé d’entendre la parole le pénétrer jusqu’au plus profond du cœur : « François, va et répare ma maison qui, tu le vois, tombe en ruine ! » C’est la peur qui l’envahit, car il s’aperçoit que l’Église désignée par la voix était « celle que le Christ s’est achetée de son sang » (Ac. 20, 28). Et Bonaventure de préciser : « Le Saint-Esprit le lui apprit plus tard et lui-même le révéla aux frères. »

Réparée avec le sang du Christ

Réparer l’Église, ce n’est pas entreprendre la réforme de n’importe quelle institution humaine avec ses remaniements structurelles. C’est s’engager dans une œuvre de guérison intérieure, qui se traduira certes par des résultats tangibles, mais dont la fécondité sera de nature particulière, car l’Église qui est « à réparer » est bien celle que le Christ s’est achetée de son sang. François d’Assise s’emploiera désormais à ne se laisser guider que par une incessante conversion intérieure, contagieuse pour ses frères et tous ceux qui le suivaient. Ce qui est vrai pour lui l’a toujours été pour les grands réformateurs du christianisme, qui ont d’abord été des saints. Ce qui faisait dire à Bernanos : « Sans les saints, la chrétienté ne serait qu’un gigantesque amas de locomotives renversées, de wagons incendiés et de ferrailles achevant de rouiller sous la pluie. »

Des géants et des héros

Autre exemple de saint réformateur : Ignace de Loyola, le fondateur de la Compagnie de Jésus en une époque aussi bousculée que la nôtre et aussi marquée par la décadence des mœurs ecclésiastiques. Le défi ressemble à celui de notre Église face à la sécularisation actuelle, alors que c’est l’univers entier qui tremble sur ses bases. Dans son Dictionnaire amoureux des saints (Plon), Christiane Rancé écrit qu’il fallait « un géant pour vouloir ressaisir un monde en feu, un héros au cœur trempé dans un composé de foi et d’ardeur, d’extravagance et de conviction raisonnée ». Faudra-t-il des François et des Ignace pour réparer l’Église en crise du XXIe siècle ? Ce n’est pas une possibilité à exclure. Mais ce qui est certain, c’est qu’elle ne sortira pas de ses maux simplement à coups d’assemblées générales, fussent-elles synodales. Les élans spirituels obéissent à des impératifs qui échappent souvent à la sagesse de ce monde. 

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Photo : Restauration de la chapelle Saint Hilaire