Renouer le contact avec les musulmans - France Catholique
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Renouer le contact avec les musulmans

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Comment ne pas reconnaître le bien-fondé de la volonté du gouvernement de « renouer le contact avec les musulmans de France » ? Créer une nouvelle instance de dialogue, ouverte à la diversité d’une population de quelque cinq millions de personnes, correspond à une nécessité première. Bernard Cazeneuve, ministre de l’Intérieur et donc en charge des cultes, a parlé à ce propos de « laïcité inclusive ». Le mot signifie bien l’intention de s’adresser aux différents partenaires religieux, de telle façon que leurs spécificités soient prises en compte. Il ne suffit pas d’affirmer la neutralité de l’État et la prépondérance de la loi civile qui s’impose à tous. Il s’agit de s’adresser à des communautés qui ont leurs caractéristiques cultuelles propres, leurs mœurs, leurs démarches morales et intellectuelles, pour faire en sorte que l’unité nationale soit garantie dans le respect des identités spirituelles. Ce n’est pas évident. Pour éviter le repli communautariste, il faut savoir pratiquer parfois ce qu’au Canada on appelle des « accommodements raisonnables » qui impliquent qu’un juste milieu entre l’intégration nécessaire et la diversité admise soit établi.

Une telle recherche n’est pas évidente en France, avec une tradition républicaine qui a toujours été assimilatrice, à l’opposé de la tradition anglo-saxonne. Jean-Marie Guénois remarque à ce propos (dans Le Figaro du 15 juin) qu’il est quelque peu paradoxal que ce soit sous l’autorité de François Hollande que la laïcité française recherche, en quelque sorte, ses nouvelles marques. Durant sa campagne présidentielle, le candidat socialiste avait manifesté l’intention d’en revenir à une conception plus rigoureuse de la laïcité, ne serait-ce qu’en intégrant certains éléments de la loi de séparation dans la Constitution. Plus tard à l’Élysée, en remettant la Légion d’honneur au regretté Émile Poulat, il signifiait qu’après réflexion, sa pensée avait évolué dans le sens du pragmatisme. Ce faisant, il s’inscrivait dans la démarche prudentielle d’une législation qui avait toujours évolué depuis 1905.

Il n’empêche que le pari n’est pas gagné d’avance. Les crispations nées d’une situation internationale extrêmement tendue, avec des effets directs chez nous en fait de terrorisme et de contamination idéologique, ne rendent que plus urgentes certaines mesures. La formation des ministres du culte fait partie de ces priorités, avec l’obligation de la pratique courante de la langue française. C’est un minimum comme point de départ d’une démarche qui devrait entraîner un processus plus général. Il faudra que les résultats soient rapidement sensibles dans le cadre de l’unité nationale. Sinon, nous irons vers des déboires aggravés par la méfiance d’une opinion de plus en plus craintive, parce que en proie à ce que Laurent Bouvet appelle « l’insécurité culturelle ».