Rendez à César… - France Catholique
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Pâques : un feu nouveau avec les pèlerins d'Emmaüs
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Rendez à César…

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« Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu. » Cette simple phrase prononcée par Jésus et rapportée par l’Évangile selon saint Matthieu (22,21) est l’une des plus célèbres des Évangiles. Elle n’est pourtant pas si facile à interpréter que cela. Dans son récent Dictionnaire amoureux de Jésus, Jean-Christian Petitfils remarque qu’elle a été utilisée à tort et à travers au cours de l’histoire, et pas forcément par des chrétiens. Aristide Briand, qui était un paroissien très particulier, n’hésitait pas à l’employer, ce qui était d’ailleurs très habile de la part du principal négociateur de la loi de séparation entre l’Église et l’État. On retiendra toutefois la définition minimale de Jean-Christian Petitfils : « Dieu premier servi ! » C’est le sens le plus direct de la formule de Jésus, qui marque sa liberté totale et souveraine par rapport à l’autorité et au domaine de César.

Oui, mais ceux-ci existent bel et bien et semblent tout de même légitimés par Jésus. Il y a un domaine temporel qui dispose de sa légitime autonomie, celle que lui reconnaît notamment la constitution Gaudium et spes de Vatican II. Mais la même Constitution n’abandonne pas pour autant le souci de la cité et des grandes causes humaines à un temporel auquel l’Église serait indifférente. Bien au contraire, toute la force de ce texte réside dans un éclairage théologique sur l’homme, qui détermine des prises de position morales incontournables. La séparation des domaines n’abolit nullement des relations mutuelles, qui peuvent être complexes. Car la morale sociale, pour être pertinente, doit soigneusement tenir compte du champ où elle s’exerce, de sa matière qui a sa consistance propre, ses déterminismes singuliers, ce qui suppose une connaissance largement technique des problèmes. J’ai repensé à la formule de Jésus, à cause de la concomitance de notre campagne électorale et de l’ouverture du Jubilé de la miséricorde. L’un et l’autre relevaient de deux ordres différents, selon Pascal, mais leurs relations étaient aussi évidentes. Il faut réfléchir à ce que pourrait être une politique de la miséricorde ou plutôt une politique modifiée par l’esprit de miséricorde. Un beau sujet à explorer !

Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 15 décembre 2015.