Reconfiguration - France Catholique
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Reconfiguration

La reconfiguration de la gauche souhaitée par le président Hollande est en passe d'être réussie par Emmanuel Macron. Et c'est tout le jeu politique français qui en est affecté.
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Il y a un an, le scénario était au point : Marine Le Pen étant qualifiée pour le second tour de la présidentielle, la campagne entre droite classique et gauche se ferait au premier tour, avec pour champions François Hollande et Nicolas Sarkozy. Le vainqueur de cette première joute remporterait le deuxième tour et son parti remporterait dans la foulée les législatives… Pour le président de la République sortant et pour l’ancien hôte de l’Élysée, les primaires étaient une formalité.

Ces belles hypothèses se sont effondrées au cours de l’hiver. François Hollande a renoncé devant la hauteur de l’obstacle et Nicolas Sarkozy a été éliminé à la primaire de la droite. Les personnalités qui se plaçaient en recours, Alain Juppé et Manuel Valls, ont subi le même sort tandis que François Fillon affrontait l’offensive fulgurante d’Emmanuel Macron en même temps que plusieurs vagues d’« affaires » si soigneusement distillées par le Canard enchaîné et Mediapart que cela accréditait l’idée d’un « cabinet noir » à l’Élysée.

Toute la campagne était alors reconfigurée. Malgré une primaire à onze candidats (ce que les Américains n’arrivent pas à comprendre), trois candidats – Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon et Emmanuel Macron – ont concentré l’attention des électeurs. D’où l’incertitude qui a régné tout au long de la campagne officielle, et qui traduisait les fortes hésitations d’une partie de l’électorat.

Les résultats du premier tour ont durement souligné l’échec des deux candidats soutenus par les formations traditionnelles : François Fillon et Benoît Hamon. L’échec de l’appareil socialiste marque l’épuisement idéologique et politique d’une formation qui était au cœur de la politique française depuis plus de trente ans. Les ralliements anticipés à Emmanuel Macron, pour ne pas parler de trahisons, ont été le signal de la débandade. L’échec de François Fillon annonce des changements profonds au sein des Républicains dont les ténors se voient obligés de se rallier à Emmanuel Macron. La préparation des élections législatives, où ils espèrent tout de même pouvoir constituer une majorité parlementaire, s’en trouve provisoirement compliquée.

La victoire d’Emmanuel Macron est d’autant plus nette qu’il s’était lancé dans la bataille sans organisation partisane et qu’il a créé ex nihilo le mouvement En Marche ! Sa victoire au second tour est certaine puisque presque toute la gauche va se rallier à lui au nom de l’anti-lepénisme.

Les véritables problèmes se poseront pour les législatives car son mouvement est rassemblé sur des convictions très variées. Des contradictions internes sont à prévoir en raison de l’opposition qui existe entre personnalités politiques blanchies sous le harnais – François Bayrou, Gérard Collomb – et jeune génération en quête de renouvellement de la vie politique. Aura-t-on une « cogestion républicaine », selon l’expression d’Alain Minc, dans un centrisme aux contours très flous, ou bien une cohabitation plus classique ?

Dans le premier cas, ce sont les institutions qui seraient bouleversées.
Marine Le Pen, qui n’a pas réussi à arriver en tête au premier tour, joue l’opposition entre mondialistes représentés par son adversaire et patriotes qu’elle représenterait. Mais elle ne peut compter ni sur les gaullistes rassemblés autour de Nicolas Dupont-Aignan, ni sur les souverainistes de gauche sensibles à certains des thèmes développés par Jean-Luc Mélenchon. Personne ne veut croire qu’elle puisse augmenter significativement son espace politique.