Quinquennat et si la réalité était aussi noire que la fiction - France Catholique
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Quinquennat et si la réalité était aussi noire que la fiction

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Marc Dugain n’a pas son pareil pour explorer les noirceurs de l’âme humaine et de tenir son lecteur en haleine sur la capacité de nuisance de ses personnages. Avec Quinquennat, il s’attaque encore une fois au monde politique en France et même si tous les noms sont inventés, le contexte ressemble furieusement à notre France contemporaine post élection de 2012.

Marc Dugain est en fait un passionné d’histoire et il ne sépare jamais dans ses ouvrages, la grande de la petite. La trilogie dans lequel s’inscrit son dernier roman, Quinquennat, est en réalité, sous couvert de fiction, une réflexion sur le système politique français, et le rôle joué par les hommes. Le tableau n’est pas franchement réjouissant : pour être élu Président de la République, Launay se prête à toutes les turpitudes ; menacé par une extrême droite qu’il affronte au second tour, il s’allie avec les plus corrompus pour être sûre de remporter la mise. Sauf qu’une fois élu, il se prend au jeu de la fonction et rêve de laisser une trace dans l’histoire. Il a seulement oublié que quand on a fait rentrer le diable dans la maison, il n’est pas disposé à se laisser reconduire à la porte. De plus, sa vie privée est un champ de ruines : certes il est marié avec la même femme, mais seule la haine soude encore son couple. Depuis sa jeunesse, il appartient à une élite qui est totalement déconnectée des réalités humaines, et cela rappelle encore les nôtres, élevés dans les mêmes écoles et fréquentant les mêmes cercles, unis par un seul centre d’intérêt, le pouvoir, qu’il soit économique, politique ou social. La question de l’emprise des Etats Unis, et du rôle trouble joué par les émirats du Golfe, qui ne regardent l’Europe que comme un immense champ d’investissement et de profit, est également mis en scène. Et que dire encore de cette connexion permanente, via le téléphone portable et internet, qui non seulement nous fait perdre toute notion du temps mais nous met à la merci d’un système, où toute intimité devient impossible. Le tableau est terrible d’autant qu’il ressemble étrangement à la réalité : que ce soit dans la description d’une classe politique, motivée par un seul objectif, se maintenir au pouvoir quoiqu’il en coûte, comme le montre deux ans déjà avant l’échéance, le combat que se livrent les mêmes hommes qu’il y a 3 ans ; ou dans la prégnance de la menace terroriste qui justifie une loi qui donne tous les pouvoirs aux services de renseignements ; ou dans les portraits cruels mais probablement justes de ces hommes, dont les vies privées démontrent que leurs convictions, s’ils en ont jamais eu, ont été jetées aux oubliettes il y a bien longtemps. Un tableau terrifiant mais peut être que le livre suivant apportera une lueur d’espoir, que les gentils, et il y en a, arriveront à progresser.

Marc Dugain ne cache pas que son éducation chrétienne ( protestante) a une influence immense sur la place qu’il accorde aux valeurs. Que c’est dans l’enfance que l’on apprend à distinguer le bien et le mal, et qu’il faut une immense force morale pour ne pas se laisser gouverner par l’argent. C’est pourquoi on peut croire que la suite de l’histoire, que nous attendons avec impatience, sera plus optimiste.