Quel chemin vers l'intériorité ? - France Catholique

Quel chemin vers l’intériorité ?

Quel chemin vers l’intériorité ?

Le reconfinement va mettre à l'épreuve notre capacité à développer une vie intérieure. Autant ne pas se tromper de voie ! Les promesses des méthodes de développement personnel sont le reflet d'une aspiration mais sont-elles bonnes pour l'homme et sa croissance spirituelle ? Décryptage de Damien Le Guay, philosophe éthicien.
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Le développement personnel est-il devenu une nouvelle manière de vivre l’intériorité ?

Damien Le Guay : En effet, la vie spirituelle est de retour mais d’une autre manière, détachée de son bloc religieux. Désormais elle est dite « laïque » – manière élégante de l’envisager de façon technique, clinique presque, décontaminée de toutes croyances religieuses. Elle est devenue une modalité du bien-être individuel. Elle est une sorte d’hygiène de l’esprit, de nettoyage de la conscience pour y chasser les « mauvaises pensées ». Il faut y faire le ménage. Pour cela, comme s’il fallait faire table rase de toute l’expertise accumulée par le christianisme, pour laisser la place aux nouveaux maîtres à penser.

Quelle est la principale différence entre l’intériorité « laïque » et chrétienne ?

Autrefois, il fallait nettoyer son cœur, le purifier, en chasser les « mauvaises pensées », pour être plus sensible à l’amour qui nous pousse vers les autres, vers soi, vers Dieu. Comment retrouver cette innocence du cœur – qui seule permet d’aimer ? Par une restauration du cœur, un ravalement intérieur que seule la charité donne. La charité – à entendre au sens propre du terme, à la fois comme « amour de Dieu » et comme « amour du prochain » – est l’accomplissement de la vie spirituelle. Aujourd’hui nous sommes dans le souci clinique de se nettoyer la conscience, comme on désinfecte une plaie. Avant tout, il s’agit de faire le vide, de se vider. Entre la présence et le vide, parlons-nous de la même chose et les effets sont-ils les mêmes ? La spiritualité qui a pignon sur rue en ce moment est une version dégradée de la « spiritualité ».

Que proposez-vous face à ce constat ?

Je voudrais lutter contre le rabougrissement des âmes. En effet, on constate aujourd’hui que l’effacement des réponses religieuses n’efface pas les interrogations spirituelles. Or, comment, dans nos sociétés, prend-on en charge ces fatigues liées à un deuil, à la difficulté d’aimer et d’être aimé ou à celle de se retrouver seul à seul avec soi-même ? Comment traite-t-on cette fatigue spirituelle, fatigue des âmes, qui risque de devenir le mal de notre siècle ? Avant tout par des pilules d’apaisement, des antidépresseurs, dont la consommation a doublé dans les pays de l’OCDE en dix ans ! On tend à réduire la vie spirituelle au simple fonctionnement des neurones. Tout dans le cerveau.

Retrouvez l’intégralité de l’entretien dans le magazine.