Que retenir du Synode pour l'Afrique ? - France Catholique
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L'amour du travail bien fait avec saint Joseph artisan
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Que retenir du Synode pour l’Afrique ?

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Benoît XVI a remis, le 10 octobre, une « boussole » aux jeunes Africains à la fin de la prière du chapelet « pour l’Afrique et avec l’Afrique » : son encyclique sociale Caritas in Veritate. Des milliers d’étudiants se sont unis à la prière mariale, via satellite, depuis les campus, les universités et les églises du Caire, de Nairobi, de Khartoum, de Johannesburg, d’Onitsha, de Kinshasa, de Maputo, de Ouagadougou.

Quinze étudiants africains présents en la salle Paul VI ont reçu l’encyclique des mains du Pape, et les autres étudiants, dans leurs pays.

« Chers jeunes, a dit le Pape, je vous confie l’encyclique Caritas in Veritate dans laquelle je rappelle l’urgence d’élaborer une nouvelle synthèse humaniste qui renoue les liens entre l’anthropologie et la théologie ».
Et voici une notion qui fait irruption dans le synode, et on l’a peu souligné : il faut cultiver – généreusement - la charité de l’intelligence. « Je vous demande d’être dans l’Église et dans la société, déclare le Pape, des opérateurs de la charité intellectuelle, nécessaire pour affronter les grands défis de l’histoire contemporaine ».

« Soyez dans les universités des chercheurs sincères et passionnés de la vérité, construisant des communautés académiques de haut niveau intellectuel, où il est possible d’exercer et de jouir de cette rationalité ouverte et ample qui ouvre la route à la rencontre avec Dieu ». C’est une dimension importante de « la nouvelle évangélisation en Afrique ».


De l’Afrique à l’Afrique, par l’Afrique

Les communautés africaines ont été impliquées dès le début dans le processus synodal. Benoît XVI souligne combien les travaux romains sont fondés sur la consultation de la base.

Pour ce qui est des principaux thèmes, retenons que le Pape souligne l’importance de la famille africaine qui « constitue en Afrique la cellule première de la société » mais non moins exposée aux dangers, représentés notamment par des « courants idéologiques » venus de l’extérieur.

Le Pape rappelle aussi le besoin qu’a le continent de « réconciliation », de « justice » et de « paix » et les persécutions dont les chrétiens font l’objet. En même temps, il évoque la réponse de l’Église qui suscite un nouvel élan pour « l’annonce de l’Évangile » et pour « l’action de la promotion humaine ».

Il faut, affirme le Pape, que « personne ne soit privé du nécessaire pour vivre » et que « tous puissent mener une existence digne d’un être humain ».

Ni politisation ni spiritualisme

Et ce n’est ni irénisme ni de l’utopie. Le Pape se réjouit – il l’a confié aux membres du synode avec lesquels il a déjeuné le 24 octobre  – du « bon travail » effectué, « avec l’aide du Seigneur », alors que le « défi » était « difficile ».

La tentation était double : soit « po­litiser le thème » de la réconciliation, la justice et la paix, et « parler moins en pasteurs et plus en politiques » (une « compétence qui n’est pas la nôtre », fait-il remarquer) ; soit de « se retirer dans un monde purement spirituel, dans un monde abstrait et beau, mais qui n’est pas réaliste ».

Le Pape tranche : « Le discours d’un pasteur » doit « toucher la réalité », mais « du point de vue de Dieu et de sa Parole ». Le défi, se réjouit le Pape, a été relevé avec succès, ce qui se ressentira dans l’élaboration de son exhortation apostolique « post-synodale ».

Courage, lève-toi !

« Courage, lève toi ! », « tu n’es pas seule », déclare Benoît XVI qui invite l’Afrique à prendre « le chemin d’une nouvelle évangélisation avec le courage qui vient de l’Esprit Saint ».

Dans l’homélie finale, Benoît XVI affirme que la paix véritable « n’exclut personne », mais « s’ouvre à l’apport de toutes les personnes de bonne volonté, au-delà des appartenances religieuses, ethniques, linguistiques, culturelles et sociales respectives ».

« Dans une telle mission, toi, Église pèlerine dans l’Afrique du IIIe millénaire, tu n’es pas seule », a insisté Benoît XVI : « Toute l’Eglise catholique est proche de toi, par la prière et la solidarité, et, du Ciel, les saints et les saintes africaines t’accompagnent ».

Et, au cœur du synode pour l’Afrique, le pape a canonisé cinq témoins de l’amour du Christ, dont le Père Damien, apôtre des lépreux de Molokaï et sainte Jeanne Jugan, servante des pauvres sans frontières. En somme, ce que le pape attend de l’Afrique c’est une armée de saints modernes, dans tous les milieux.

Il fait observer, à partir des témoignages, que « même dans les moments les plus sombres de l’histoire humaine, l’Esprit Saint est à l’œuvre et transforme les cœurs des victimes et des persécuteurs pour qu’ils se reconnaissent frères ».

Cette force de réconciliation se communique ainsi à toute la société : « l’Église réconciliée est un puissant levain de réconciliation dans les pays et sur tout le continent africain ».

Pour un nouveau modèle de développement

S’appuyant sur l’encyclique de Paul VI Populorum Progressio – qu’il cite abondamment dans Caritas in Veritate, le Pape a rappelé l’importance de conjuguer évangélisation et promotion humaine, en encourageant « un développement respectueux des cultures locales et de l’environnement » pour « faire sortir les peuples africains de l’esclavage de la faim et de la maladie ».

Pour cette tâche au niveau universel, il appelle d’ailleurs un Africain, le cardinal Turkson, archevêque de Cape Coast, au Ghana, rapporteur au synode, à reprendre le flambeau des mains du cardinal Martino comme président du conseil pontifical Justice et Paix.
Toute l’Église concernée

Or, ce synode pour l’Afrique concerne toute l’Eglise, avait insisté le secrétaire général du synode, Mgr Nikola Eterovic. Le Pape demande à chacun « un geste de partage matériel et spirituel pour aider les jeunes Églises des pays les plus pauvres ».

Le synode a été traversé par un souffle d’espérance : le Royaume de Dieu « est déjà présent dans le monde comme une force d’amour, de liberté, de solidarité, de respect de la dignité de tout homme, et la communauté ecclésiale se sent poussée dans son cœur par l’urgence de travailler afin que la souveraineté du Christ se réalise pleinement », a fait observer le Pape.

Et, la mission c’est « aimer » et « servir » et non pas rechercher une carrière ou des honneurs, a déclaré Benoît XVI lors du dimanche missionnaire : « Notre fidélité au Christ ne doit pas nous conduire à rechercher les honneurs, la notoriété, la célébrité, mais elle nous convie à comprendre et à faire comprendre que la vraie grandeur se trouve dans le service et dans l’amour du prochain ! »

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[*Bilan du Synode africain par le Cardinal André Vingt-Trois.

Le Cardinal André Vingt-Trois dressera un bilan de la deuxième assemblée spéciale du synode des Evêques pour l’Afrique,

Dimanche 1er novembre à 17h en la cathédrale Notre-Dame de Paris

en présence de Mgr Beau, Mgr de Moulins-Beaufort, Mgr Nahmias, Mgr Pollien, évêques auxiliaires de Paris ; de Mgr Riocreux, évêque de Pontoise ; de Mgr Daucourt, évêque de Nanterre ; de Mgr Delannoy, évêque de Saint-Denis et de Mgr Santier, évêque de Créteil.

Les Africains et les communautés africaines sont particulièrement invitées à rendre grâce pour ce synode.

L’intervention du Cardinal Vingt-Trois sera suivie à 18h des Vêpres de la Toussaint et à 18h30 de la messe de la Toussaint présidée par le Cardinal Vingt-Trois.

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