Qu'est-ce que l'Europe ? - France Catholique
Edit Template
Van Eyxk, l'art de la dévotion
Edit Template

Qu’est-ce que l’Europe ?

Copier le lien

Un lecteur assidu et vorace de la presse dans mon genre se trouve plutôt accablé, ces jours-ci, devant une avalanche de tribunes électorales qui plaident pour leur candidat et expriment tout le mal possible sur le choix qu’ils réprouvent. J’en suis un peu las et trouve le genre plutôt répétitif, n’y trouvant guère d’élément nouveau de quoi piquer mon attention et sortir un peu d’une atmosphère convenue. Parfois, pourtant, il y a comme une éclaircie, un éclair qui nous change un peu du tract électoral ou de la lourde dissertation idéologique. J’ai trouvé ainsi mon bien, hier, dans une tribune d’Olivier Abel, philosophe et théologien protestant dans les colonnes de La Croix. J’oublie le choix politique, bien que dans ce cas précis il soit argumenté d’une façon heureuse et non hargneuse. Mais ce qui m’a retenu est hors conjoncture immédiate.

Olivier Abel traite, en effet, de l’Europe, en allant au cœur du sujet : « L’Europe, dit-il, ne provient pas seulement des Lumières ou de la social-démocratie, mais de toutes les traditions, langues et littératures qui sont venues s’y accumuler, depuis la pensée grecque et les traditions bibliques, les institutions romaines et la vie monastique, la Renaissance et la Réforme, le romantisme et la tradition républicaine : toutes ces traditions portent des promesses inachevées, et l’Europe n’est pas finie. » Enfin une vision complète de l’Europe, qui prend de la hauteur par rapport aux raccourcis habituels, qui restitue l’ensemble de l’héritage en ses aspects divers et contrastés, sans vouloir clore cet héritage, dont il s’agit au contraire de faire refleurir les promesses inachevées.

Personne ne se trouve exclu de cet héritage qui est notre bien commun. J’aime cette dynamique qui ne nie pas le passé mais qui trouve en lui autant de chances pour féconder le présent. Sans doute faudrait-il, pour que nous profitions à plein de cette dynamique, prendre quelques distances avec les structures trop partisanes et les choix binaires. Ce n’est guère le climat des joutes électorales, mais pourquoi ne pas saisir, un instant, cette possibilité de nous ouvrir à une pensée qui rassemble sans confusion.

Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 3 mai 2017.