Prosternez-vous en Sa présence - France Catholique
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L'amour du travail bien fait avec saint Joseph artisan
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Prosternez-vous en Sa présence

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La tentation sur la montagne (v. 1310), de Duccio.

La tentation sur la montagne (v. 1310), de Duccio.

Nous sommes au premier dimanche du Carême, ce qui devrait nous rappeler que la première chose dont nous avons besoin pour aller droit dans la vie est notre relation avec Dieu. De nos jours, le Tout-Puissant est souvent éclipsé par nombre des courants sous-jacents de la vie. Il devient donc d’une grande importance que nous soyons particulièrement attentifs à l’ensemble des lectures que l’Eglise a choisies pour nous aujourd’hui.
« Prosternez-vous en Sa présence » sont les mots qui clôturent la lecture du Livre du Deutéronome [NDT : ce verset suit la lecture de ce dimanche]. S’incliner en présence de Dieu est la posture appropriée pour la personne qui sait qu’elle n’est pas Dieu. Ce n’est pas une expression de servilité, mais une reconnaissance de la réalité. C’est la porte qui nous ouvre le chemin pour vivre la vie de foi.

Quand les gens pensent – consciemment ou inconsciemment – qu’ils sont de quelque manière égaux ou même supérieurs à Dieu, ils essaient de commuer tout ce qu’ils désirent en pures nécessités de la vie, comme le Diable veut que Jésus le fasse dans l’Evangile. Mais Jésus lui répond avec les mots de l’Ecriture, tirés du Livre du Deutéronome. « Il est écrit : l’homme ne doit pas vivre seulement de pain mais de toute parole qui vient de la bouche de Dieu ». Cela remet tout en perspective : Dieu d’abord, et ensuite les nécessités de la vie.

Il est intéressant de noter que l’accent est mis sur la « parole » de Dieu, parce que les paroles de Dieu sont une forme de Sa présence. Même quand nous identifions l’origine de ces références textuelles, nous devons garder à l’esprit que Jésus est le Verbe Incarné. Ce que nous avons ici est plus qu’un indice que nous devrions passer du temps à lire les Ecritures – les paroles de Dieu – durant le Carême et par ce moyen nous cuirasser contre la tentation.

Il y a aussi ceux – nous le voyons tous les jours à l’échelon mondial – qui pensent qu’ils sont divins et passent donc leur vie à chercher la puissance et la gloire – les attributs de Dieu. Quand le Diable défie Jésus de l’adorer en échange du pouvoir sur toutes les cités de la terre, Jésus de nouveau se tourne vers l’Ecriture, car Dieu a déjà parlé sur cette question même : « tu adoreras Dieu seul et tu Le servira Lui seul ». C’est une autre référence au Deutéronome, le livre de la « Loi ressassée ». Moïse énumérait les exigences de Dieu envers son peuple.

Pour finir, il y a ceux qui testent la patience de Dieu par dépit. Le Diable voulait que Jésus se jette en bas, au risque de se suicider, et force Dieu à le faire porter par ses anges. Si Jésus mourait au mauvais moment, le plan de Dieu pour l’humanité se soldait par un échec. Pour cette tentation, Jésus tire également la réponse du Deutéronome : « tu ne mettras pas à l’épreuve le Seigneur ton Dieu ».

Après cette troisième réponse à ses tentations, le Diable s’en va, contrecarré par les vérités sur la façon de vivre de l’humanité devant Dieu telle que contenue dans l’Ancien Testament et prononcée à nouveau par Jésus Lui-même. Le Diable reviendra lors de la Dernière Cène pour murmurer à l’oreille de Judas mais pour le moment il est vaincu.

Il est intéressant de noter que saint Thomas d’Aquin commente que beaucoup de nos tentations ne viennent pas du Diable mais de notre propre égoïsme. C’est le vrai problème quand nous pensons que nous sommes comme Dieu. Rappelez-vous que c’est ainsi que le Diable a tenté Adam et Eve au Paradis : « vous serez comme des dieux ».

Quoi qu’il en soit, les tentations sont une part inévitable de la vie. Le reconnaître est déjà être en chemin pour leur résister. Et nous devons être conscients de la puissance de la tentation dans la vie de tous les jours, pas seulement en des moments exceptionnels. Les événements de la vie « ordinaire » de Jésus – ses années paisibles, travaillant discrètement dans le foyer familial de Nazareth – tout comme son ministère public mettent en lumière comment nous pouvons vivre une vie de fidèle. Les chrétiens devraient être en mesure d’apprécier et de pratiquer ces deux façons de vivre en fidèles, jour après jour, même si nul ne le remarque. Dieu, Lui, le remarque – et Il approuve.

Les fondements de la vie humaine sont, bien sûr, essentiellement dans les mains de Dieu. C’est Dieu que accorde l’augmentation des récoltes (le thème de la Première Lecture) ; Dieu est notre Refuge (psaume) ; Dieu a donné à ses anges la responsabilité des êtres humains – « ils te protègeront dans tous tes chemins » (psaume). Ce sont toutes des choses à rappeler à notre mémoire et à nos prières durant les épreuves de la vie quotidienne parce qu’elles nous offrent une aide intarissable.

A côté de ces rappels de ce que signifie être humain, il y a l’enseignement au cœur des lectures. Selon les paroles de saint Paul : « vous devez confesser de votre bouche que Jésus est le Seigneur et corire dans votre cœur que Dieu L’a ressuscité des morts ». Cette déclaration a une place de choix dans la hiérarchie des vérités que l’Eglise nous présente aujourd’hui. Elle conduit à la glorieuse promesse du christianisme. Si vous faites ces choses, alors « vous serez sauvés ». Mesurons-nous vraiment toute l’étendue de cette promesse ?

Nous ne pouvons pas tous devenir des contemplatifs, du moins pas au sens habituel (bien que ce serait super si plus d’entre nous le devenaient). Mais même les contemplatifs accomplissent beaucoup de choses au cours de leurs journées. Et donc ils apprennent à vivre de façon contemplative en lavant les assiettes, en labourant les champs, en prenant soin de leurs frères et sœurs. En fait, ils accomplissent les activités dites du monde encore mieux parce qu’à tout moment ils se prosternent devant la main toute-puissante de Dieu.

« Prosternez-vous en Sa présence ». Et saint Carême !