Prier pour quel prochain ? - France Catholique
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L'amour du travail bien fait avec saint Joseph artisan
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Prier pour quel prochain ?

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19 septembre – Il n’existe pas de réponse ou même de réflexion qui épuise réellement un sujet : surtout quand il s’agit d’un événement aussi considérable que la migration des Orientaux vers les champs convoités des Occidentaux. La somme de vraies misères et de fausses pauvretés, de fatigues, d’espoirs et de désespoirs, de violences, de mensonges et de vérités, toute la petitesse de l’humanité et toute sa grandeur, sa fourberie autant que sa naïveté, tout se mêle en un immense cortège sur les chemins de la boue, du délire et de l’obstination.

J’aurais aimé aller plus profond au sein d’une réflexion qui ne sera jamais qu’une esquisse : mais je voudrais ce matin me poser une question, celle de l’amour du prochain. De ‘’mon’’ prochain, de celui qui est, semble dire le mot, proche de moi, en somme les membres de ma famille, mes voisins directs, les habitants de la petite ville où j’habite, si dépendante d’une grande ville qu’il me faut bien ajouter à ma liste les gens de cet entourage enfermant l’ancienne ferme où est établie ma demeure.

Cependant, j’écoute en moi les mots qui se précipitent pour me faire sentir à quel point je limite trop le cercle de mes possibles amours, ce qui implique évidemment de mes désamours et de mes rejets – en somme, ce qui va vers le Bien et ce qui va vers le Mal…

Faut-il vraiment que je prête toute mon attention à la somme de ce que véhiculent ces voix si diverses, aux sonorités d’hommes, de femmes et d’enfants qui, dans le silence de la campagne, combinent comme un impensable maelstrom ? Ce matin, je ne capte que ce bruit tournoyant parfois féroce, parfois plaintif, qui émane des sentiers et des chemins quelque part en Serbie et Croatie : alors je me mets à prier pour eux comme ne pouvant pas faire autrement.

Le chrétien est, avant toute chose, un être de prière : s’il aime l’inconnu ce n‘est que par la prière qu’il prend acte devant Dieu que tout les humains sauvés par le Christ entrent dans l’espace de cet étrange amour dont le sens est aux antipodes de ce que l’époque en dit : nous en avons eu la preuve en écoutant la multitude des avis médiatiques.

Un événement comme celui dont nous sommes informés quasi heure par heure ne peut d’abord être pris en compte que par la prière. Je ne sais pas ou plus si j’ai prié en rédigeant mes premières réflexions – je l’aurais dû, même si je sais avoir demandé l’aide de l’Esprit pour ne rien écrire qui aurait été indigne – mais je sais pourquoi j’ai été tenu éveillé un long temps de la nuit passée : personne d’autre que moi-même m’accusait de légèreté et de désinvolture. Non que j’imaginais pour l’essentiel m’être égaré dans mes conclusions : il s’agissait de n’avoir pas laissé l’amour de mon « prochain lointain » adoucir mes propos pour entrevoir mieux la somme de tragédies qui enveloppaient aussi bien les innocents que les coupables. Un coupable n’est pas que coupable, un innocent n’est pas qu’innocent… Celui qui cherche à travers les faits quelle vérité se dégage sait d’avance que sa recherche sera partagée entre l’indubitable, l’évident et l’incertain…