Prier pour la France - France Catholique
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L'amour du travail bien fait avec saint Joseph artisan
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Prier pour la France

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Depuis plusieurs années déjà, les initiatives se sont multipliées en faveur de prières pour la France. On ne s’étonne pas qu’elles se manifestent à nouveau dans une période où le pays est amené à opérer des choix fondamentaux pour son avenir. Il faut noter, toutefois, que c’est sans doute un climat nouveau, qui a permis cet intérêt spirituel pour un objet temporel. Il fut toute une période où, par scrupule peut-être excessif, on opérait une dissociation entre les domaines. Révolu le temps où le dimanche en paroisse, après la communion, le chantre entonnait un solennel « Domine salvam fac rem publicam et exaudi nos in die qua invocavimus te ». Il est vrai que c’est le Concordat de 1801 qui stipulait que cette prière soit récitée dans les églises. La loi de séparation de 1905 rompit cette obligation officielle, mais le salvam fac resta longtemps en usage, jusqu’aux alentours du Concile.

D’évidence, Vatican II ne répudiait aucunement le souci du temporel, mais la volonté de mettre fin définitivement à ce qu’on appelait l’ère constantinienne conseillait l’abstention de toute marque d’adhérence aux institutions en place. Il n’était plus question que l’évêque figure aux côtés du préfet et du général dans les cérémonies publiques. De même, par crainte de compromission avec un gouvernement aux couleurs politiques marquées, la Conférence épiscopale avait beaucoup de mal à définir un style de relation décomplexé avec le pouvoir. Il faudra même attendre le gouvernement de Lionel Jospin pour que des rencontres régulières soient instituées autour de l’examen en commun des dossiers à négocier.

Le retour à la prière pour la France est le signe d’une évolution sensible de la pensée chrétienne. Il ne devrait plus y avoir de difficulté à prier surnaturellement pour le salut temporel d’un peuple, le nôtre, ainsi que pour la communauté des nations. Reste, peut-être, une interrogation qui était celle de Charles Péguy, le Péguy converti qui parlait, au-delà d’un Salut temporel, du Salut éternel d’une nation : « Il n’y a que la doctrine chrétienne au monde, dans le monde moderne, dans aucun monde, qui mette à ce point, aussi délibérément, aussi totalement, aussi absolument la mort temporelle comme rien, comme une insignifiance, comme un zéro au prix de la mort éternelle et le risque de la mort temporelle comme rien au prix du péché mortel, au risque de la mort éternelle. » En d’autres termes, Péguy pensait que la France devait vivre en état de grâce. A-t-il raison encore aujourd’hui ?