Politique : Quelle différence chrétienne ? - France Catholique
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Van Eyxk, l'art de la dévotion
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Politique : Quelle différence chrétienne ?

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Décidément, l’actualité est propice aux remises en question sérieuses, en dépit du caractère souvent chaotique des événements. Le retour en force de la présence des catholiques au cœur de la scène politique avait donné lieu à de fort curieuses accusations. François Fillon n’était-il pas désigné comme le symbole même d’une sorte de menace fondamentaliste chrétienne ? Les mêmes procureurs ont changé de registre, avec la mise en accusation de François Fillon, devenu par l’entremise du Canard enchaîné le type achevé de la corruption politicienne. Nous ne reviendrons pas ici sur l’affaire elle-même qui ne relève pas seulement de la morale, mais aussi de l’exploitation de la morale. Le cas a au moins le mérite de nous faire réatterir sur le sol des réalités les plus concrètes, loin des affirmations éthérées et des déclarations de principe par trop vertueuses. Entrer en politique, ce n’est pas entrer en religion, même s’il est arrivé plus d’une fois que des personnages hors norme viennent bousculer les lignes. On pense pour la France à un Robert Schuman ou à un Edmond Michelet, dont les causes de béatification ont été ouvertes. Pour l’Italie, le rayonnement d’un Giorgio La Pira permet encore rétrospectivement de comprendre comment le charismatique maire de Florence a pu représenter un modèle rarement atteint de dévouement au bien public, en raison même de l’absolu de l’engagement temporel d’un véritable mystique.

Mais la mystique n’est pas en soi une garantie de lucidité dans les affaires de ce monde. Une biographie récente de La Pira 1 montre à quel point il peut y avoir, de la part du plus généreux, des choix discutables. Ce n’est pas une raison pour s’abstenir ou renoncer. Nous avons le plus urgent besoin d’hommes et de femmes de conviction, capables de s’investir au service de la cité. Ils doivent être avertis des chausse-trappes du métier, de ses tentations, des risques de dérives. La différence évangélique doit être assez forte pour permettre d’endosser l’armure du responsable, et dans une certaine mesure pour apprivoiser ce que Machiavel appelait la virtu, malgré toutes les équivoques contenues dans pareil concept. L’identité chrétienne est bien autre chose qu’une étiquette collée au front d’un candidat, elle s’inspire d’une tradition vivante, d’un héritage à interroger, mais aussi d’une grâce singulière capable de lancer dans les aventures les plus périlleuses. Elle ne suppose sûrement pas un déni d’héritage, elle est prête aux affrontements les plus imprévus avec le courage et l’imagination nécessaires.

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François Fillon s’exprime face à la presse

http://www.lefigaro.fr/elections/presidentielles/2017/02/06/35003-20170206LIVWWW00144-affaire-fillon-conference-penelopegate-alain-juppe.php

  1. Agnès Brot, Giorgio La Pira. Un mystique en politique, Desclée de Brouwer, 228 p., 18 e.