Pierre Rousselot, prêtre dans les tranchées des Éparges - France Catholique
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Van Eyck, l'art de la dévotion. Renouveau de la foi au XVe siècle
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Pierre Rousselot,
prêtre dans les tranchées des Éparges

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Pierre Rousselot (1878-1915)

Pierre Rousselot (1878-1915)

Puisque le président de la République s’est rendu hier aux Éparges, dans son pèlerinage sur les hauts lieux de la Première Guerre mondiale, il est revenu à certains que parmi les combattants morts durant cette bataille, il y avait un certain Pierre Rousselot, dont la dépouille mortelle n’a jamais été retrouvée, en dépit des recherches. C’est le cas de beaucoup de ses compagnons restés inconnus. Lui, au-delà du sacrifice suprême, demeure au moins dans la mémoire de l’Église comme un de ses plus étonnant génies intellectuels et spirituels dont la pensée a éclairé tous ses pairs en théologie. Je pense, en particulier au cardinal Henri de Lubac, pour sa part survivant de la Grande Guerre, mais resté marqué toute sa vie par des éclats d’obus qui altérèrent jusqu’au bout sa santé.

Laissons le génie, pour nous souvenir du religieux combattant. Celui qui, quelques jours avant sa mort, écrivait à ses parents : « Nous venons de passer six jours sur des crêtes récemment conquises presque en entier. Journées terribles ; notre bataillon y est arrivé à l’effectif de 740 hommes, et a eu en quelques jours plus de 350 hors de combat (…). Certains soldats étaient écrabouillés terriblement, et je garderai toujours le souvenir de ces tranchées que j’avais souvent à traverser et où morts et blessés étaient en tas les uns sur les autres, avec des cris déchirants : “Achève moi, mon vieux ! Donne moi à boire.” » Dans cet enfer de boue et de feu, Pierre Rousselot, fils de saint Ignace de Loyola, n’oublie sûrement pas qu’il est prêtre. Il donne des absolutions sous les bombardements.

C’est parce qu’il avait été envoyé parlementer avec l’ennemi, par son officier, dans une situation désespérée, que le père Rousselot fut atteint par trois balles, dont deux dans la région du cœur. Ramassé par l’ennemi, pour être conduit vers une ambulance, il dit à ses porteurs : « Mes amis, je vais mourir ; c’est inutile d’aller plus loin. » Et d’ajouter : « Je vais vous donner ma bénédiction. » Ce furent sans doute ses derniers mots qu’il nous est précieux de retenir, ne serait-ce que pour nous souvenir des 2949 prêtres diocésains, 1571 religieux, 1300 séminaristes tombés au champ d’honneur, sans oublier 375 religieuses mortes au service des soldats.

Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 7 novembre 2018.