Pie XII contre Hitler - France Catholique
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Pèlerinage de Chartres : la jeunesse de l'Église
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Pie XII contre Hitler

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Des membres du Royal 22e Régiment, participant à la libération de l’Italie, en audience avec le pape Pie XII en 1944.

Des membres du Royal 22e Régiment, participant à la libération de l’Italie, en audience avec le pape Pie XII en 1944.

© Canada. Dept. of National Defence

Depuis la pièce de théâtre Le Vicaire de Rolf Hochhutch (1963), la question de l’attitude du pape Pie XII pendant la Seconde Guerre mondiale est un objet de controverse, non dénué d’arrière-pensées idéologiques. La pleine ouverture des archives du Vatican sur cette période de la guerre, décidée par le pape François, est l’occasion pour les historiens d’étayer leurs dossiers. Régulièrement, de nouveaux ouvrages paraissent sur le sujet, tel aujourd’hui celui d’Andrea Riccardi, fondateur de la communauté Sant-Egidio et historien (La guerre du silence, Le Cerf). Cependant, l’accumulation des pièces réunies depuis un demi-siècle devrait permettre de mieux comprendre l’attitude d’un pape qui fut l’ennemi le plus résolu d’Hitler et du nazisme.
On continue cependant à s’interroger sur ce qu’on appelle le silence du pape Pacelli à propos de la persécution et de l’extermination du peuple juif par Hitler et le régime nazi.

Pie XII avec son entourage a préféré les actions concrètes de sauvetage, notamment à Rome et partout où il pouvait agir avec quelque efficacité. On devrait se souvenir, à ce propos, du rôle considérable joué à Budapest par le nonce Angelo Rotta – d’ailleurs reconnu Juste parmi les nations au mémorial de Yad Vashem – aux côtés de ce héros historique que fut le diplomate suédois Raoul Wallenberg. Ne fut-ce pas le cas d’autres nonces parmi lesquels Angelo Roncalli, le futur Jean XXIII, en Turquie ?

Mais une chose m’étonne particulièrement. Puisqu’il s’agit de silence, pourquoi observe-t-on un étrange mutisme à propos de ce qui devrait susciter un étonnement singulier. En effet, Pie XII ne s’est pas contenté de venir au secours des personnes en danger, il s’est engagé dans une action diplomatique secrète en liaison avec l’entourage de l’amiral Canaris et cela dans un but tout à fait direct : « Le jour où le pape choisit de ne plus prononcer publiquement le mot “juif” fut aussi celui où il décida d’aider à tuer Hitler. » Cette formule lapidaire est de l’historien américain Mark Riebling. Son livre, d’abord paru aux États-Unis en 2015, a été traduit en français en 2016 pour les éditions Tallandier sous le titre : Le Vatican des espions. La guerre secrète de Pie XII contre Hitler.

Travail scrupuleux

Il ne s’agit pas de vagues spéculations mais d’un travail de recherche scrupuleux fondé sur des documents précis et des témoignages de première main. La personnalité qui joua le rôle le plus important dans les relations entre l’opposition allemande à Hitler et le pape n’est autre que l’avocat Josef Müller, une personnalité bien connue dans l’Allemagne de l’après-guerre, puisqu’il devint ministre de la Justice du Land de Bavière. Je m’étonne que l’ouvrage de Riebling n’ait pas eu plus d’écho et qu’il n’ait pas été pour le moins discuté, s’il y avait lieu de le contredire. Toujours est-il qu’il constitue une pièce majeure dans le dossier sur Pie XII et Hitler.