Philosophie sociale - France Catholique
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L'amour du travail bien fait avec saint Joseph artisan
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Philosophie sociale

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En ce jour du 1er mai, fête du travail, l’attention se porte forcément sur les revendications en cours, les conflits sociaux. Et les différents cortèges syndicaux seront tous témoins actifs de cette actualité sociale. Loin de moi l’idée de dévaloriser celle-ci, mais il me semble que l’histoire du mouvement syndical ne saurait se séparer d’une riche réflexion sur la philosophie du travail, la sociologie des structures sociales et économiques, les relations de celles-ci avec l’État. Peut-on dire qu’avec le déclin du marxisme comme idéologie, cette réflexion est moins active aujourd’hui ? Est-il vrai qu’avec la suprématie d’un certain libéralisme, les questions posées autrefois ont perdu de leur mordant et même de leur pertinence ? Il est, en effet, possible que le pragmatisme ait souvent pris le dessus sur les options anciennes. Qui parle encore aujourd’hui d’autogestion, alors que le concept était l’objet d’ardentes discussions dans les années qui ont suivi 1968 ?

J’observe, cependant, que la réflexion se poursuit, sur un mode souvent intense, dans certains cercles, notamment d’inspiration chrétienne. Ainsi le théologien philosophe britannique John Milbank, figure du courant de radical orthodoxy, propose une alternative au système actuel, auquel il reproche ses fondements individualistes. Mais ainsi, c’est toute la philosophie politique moderne qui se trouve contestée, au profit du retour à une conception aristotelico-thomiste. Celle-ci donne à la vie sociale un éclairage anthropologique bien intéressant, à l’heure ou l’humanisme des Lumières avoue ses faiblesses, lorsqu’il ne s’effondre pas sous les coups de butoirs d’une certaine déconstruction. N’est-ce pas Maurice Clavel qui, reprenant Michel Foucault, soulignait la faiblesse, voire l’inexistence d’un individu coupé de toute transcendance ? Dans un entretien important avec Eugénie Bastié, sur le site Figarovox, John Milbank souligne que l’échange économique ne saurait être considéré sous le seul aspect des intérêts immédiats. Il doit se fonder sur un but commun. Il ne s’agit pas de pratiquer le pur altruisme mais de prendre en compte la réciprocité qui caractérise les relations humaines quand elles ne sont pas artificiellement détruites. Beau sujet de méditation en cette fête du travail !

Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 1er mai 2018.