Peut-on vraiment croire à l’existence des anges ? - France Catholique
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Van Eyck, l'art de la dévotion. Renouveau de la foi au XVe siècle
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Peut-on vraiment croire
à l’existence des anges ?

Que sait-on des anges ? Et qu'en disent les Écritures ?
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De blonds éphèbes qui jouent de la harpe ? Des bébés potelés crapahutant sur des nuages en carton ? Un parachutiste médiéval tombant du ciel pour occire les ennemis de la France ?

À première vue, on pourrait se dire que les anges relèvent de la mythologie. Qu’ils sont les fruits pittoresques de la fonction fabulatrice de l’humanité. À ce titre, ils devraient passer tout entiers à la trappe de la « démythisation » moderne. Eh bien ! on se trompe. Car le plus démystifiant à propos des anges, ce n’est pas la plate critique anti-religieuse, c’est la doctrine catholique. Adieu les cheveux longs, les mandolines et les baigneurs joufflus !

Le sexe des anges

Les anges sont des créatures purement spirituelles, dénuées de corps. Ils ont intelligence et volonté – ce sont des personnes – mais ils sont exempts des limitations corporelles qui caractérisent les humains. Ce sont les fameux « invisibles » dont parle le credo (« visibilium omnium et invisibilium »). N’ayant pas de corps, les anges n’ont évidemment pas de sexe – inutile, donc, d’en discuter des heures ! – et sont naturellement immortels. La question de savoir « où ils vivent » n’a donc pas de réponse possible. En revanche, on peut dire qu’ils sont présents partout où ils décident d’agir. Ils sont évidemment infigurables par l’imagination, et les représentations concrètes que nous nous en faisons ne sont qu’une commodité, censée donner une idée sensible de leur beauté spirituelle. Mais, me direz-vous, pourquoi croire qu’ils existent puisqu’ils sont invisibles ?

Il y a d’abord une raison philosophique, que nous trouvons chez saint Thomas d’Aquin : dans le monde créé, depuis les particules élémentaires jusqu’à l’homme, on observe une continuité admirable, qui nous conduit vers toujours plus de spiritualité et d’intériorisation, à travers les minéraux, les végétaux et les animaux. Il serait très étonnant qu’entre l’homme et Dieu, il n’existe qu’un immense fossé plein de vide. Le plus probable est qu’il existe aussi, de ce côté-là, un étagement graduel de créatures conduisant de l’homme – le plus faible des esprits – jusqu’à Dieu.

Hiérarchie céleste

On peut donc supposer l’existence d’une série continue, bien ordonnée, d’êtres spirituels. C’est ce que l’on nomme, depuis le Pseudo-Denys, la « hiérarchie céleste ». En s’appuyant sur les noms qu’on trouve dans l’Écriture (Is. 6, 2 ; Ez. 10, 15, Col. 1, 16), la Tradition a fixé, dans l’ordre croissant de perfection : les anges, les archanges, les principautés, les puissances, les vertus, les dominations, les trônes et enfin, cercle le plus incandescent : les chérubins et les séraphins. On s’aperçoit au passage que les archanges – qui nous sont les plus familiers, Gabriel, Michaël et Raphaël – commis aux affaires humaines, ne sont pas les plus gradés ! Les séraphins et chérubins ne nous fréquentent guère, abîmés qu’ils sont dans la contemplation de l’essence divine et dans le chant d’un éternel « Sanctus ».

Autre raison d’y croire : nous en percevons les effets. Il est des messages, il est des inspirations, il est des tentations qui dépassent ce que la subjectivité humaine est capable d’affabuler ou de manigancer par elle-même ! Il est des illuminations, des pressentiments dont ceux qui les vivent ne peuvent pas ne pas penser qu’elles étaient un coup de pouce du Ciel. Et des tentations si tordues qu’elles sont analysées comme des embûches du démon. Il est enfin une espèce de malignité pure et désintéressée, qui semble infiniment au-dessus de la bonne vieille méchanceté humaine, toujours mêlée d’erreur et d’intérêt. C’est pourquoi sans doute, l’Écriture sainte, dès le livre de la Genèse, et jusqu’à l’Apocalypse, fait mention des anges, bons ou mauvais. Et c’est d’ailleurs là notre motif ultime d’y croire : la Révélation les évoque du début à la fin.

Écologie angélique

Tout ce que nous faisons ici-bas résonne dans l’éternité. C’est pourquoi il est écrit : « Gardez-vous de mépriser un seul de ces petits, car je vous dis que leurs anges dans les cieux voient continuellement la face de mon Père qui est dans les cieux » (Mat. 18, 10). À une époque où l’on parle beaucoup, et à juste titre, d’écologie, on devrait ne pas oublier que les anges font partie de notre environnement. L’immensité du monde spirituel nous regarde. Évitons donc de faire souffrir les bons anges par le spectacle que nous offrons sur Terre. Voici donc un bon combat : en même temps qu’à l’abolition de la souffrance animale, travaillons à l’abolition de la souffrance angélique !