Peut-on rire du diable ? - France Catholique
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L'amour du travail bien fait avec saint Joseph artisan
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Peut-on rire du diable ?

La question est on ne peut plus sérieuse ! Le Père Gilles Jeanguenin y répond sans se dérober.

Spiritualité

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Gilles Jeanguenin, né Suisse, ordonné prêtre à Aoste, et exerçant son ministère en Italie, croit en Dieu, c’est normal. Il met en Lui toute sa confiance. Il croit aussi au diable, mais il ne croit pas en ce mauvais ange : il ne lui fait pas confiance, bien au contraire, ayant eu quelquefois affaire à lui en qualité d’exorciste du diocèse d’Albenga-Imperia sur la côte ligure.

Il a publié plusieurs ouvrages sérieux sur la question, mais dans ce livre-ci, il s’amuse. Un saint bien raisonnable et plein de modération auquel il a consacré deux études, saint François de Sales, lui a montré qu’un peu d’humour n’est pas inutile à l’égard du diable.

C’est un recueil de quatre-vingts historiettes plaisantes et récréatives, racontées sans commentaire en une petite page ou deux au plus, qu’il a glanées un peu partout, dans des vies de saints, bien sûr, dans La Légende dorée de Jacques de Voragine, dans des recueils de contes populaires, etc.

Dans toutes ces histoires, le démon ne s’entête pas et se laisse vaincre sans grande difficulté. Serait-ce une de ses ruses de se faire passer pour naïf et stupide ? Elles montrent en tout cas qu’il ne faut pas avoir trop peur de lui, qu’une simple profession de foi, un acte d’humilité, un peu d’eau bénite, un signe de croix, peuvent suffire à le mettre en fuite.

Bien sûr, on y trouve le thème folklorique de l’imprudent qui a conclu un pacte avec le diable, pour qu’il l’aide, par exemple à construire un pont, et qui, le moment venu se tire d’affaire par quelque ruse, sauve son âme et roule dans la farine un partenaire bien dépité.

Pas un simple folklore

Mais les témoignages des vies de saints peuvent-ils être mis au compte du folklore ? Sous prétexte que le Moyen Âge était fasciné par la figure du démon, ne serait-il pas un peu léger de rire de l’apparition à saint Dominique du diable, sous la forme d’un singe qu’il chasse d’un coup de bâton après l’avoir obligé à lui tenir un flambeau ? Serait-ce parce qu’il a vécu en plein XIXe s. qu’on accorderait plus facilement crédit aux récits des mésaventures du Curé d’Ars avec le « Grappin » ? L’auteur termine par une histoire particulièrement impressionnante, celle de sainte Gemma Galgani (1878-1903). Un jour, elle trouva dans le confessionnal où elle s’était agenouillée, un être qui avait l’apparence physique et la voix de son confesseur habituel, mais qui lui disait des paroles indécentes et impudiques. C’est le vrai confesseur de Gemma, le P. Germain de Saint Stanislas, qui la raconte. La conclusion implicite de ce livre baroque semble être : « Riez du diable, ne croyez pas tout ce qu’on raconte, mais tenez-vous sur vos gardes et méfiez-vous de ses tentations. Un simple chapelet dans votre poche pourrait vous être utile. Rira bien qui rira le dernier. »

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Gilles Jeanguenin, Histoires de diables, ou comment s’en débarrasser, Paris, Salvator, septembre 2019, 128 p., 12,80€.