Pénitences : d'un autre temps ? - France Catholique

Pénitences : d’un autre temps ?

Au cours d'une retraite, l'ancien Abbé de la Pierre-qui-Vire, Dom Denis Huerre, expliquait le sens de la pénitence.

Débat

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Chemin de croix du Vendredi saint à Iztapalapa, Mexico.

Chemin de croix du Vendredi saint à Iztapalapa, Mexico.

© François Brey / Godong

Le Père Muard a beaucoup à nous apprendre sur ce point. Il considérait toute mortification comme une marque d’amour donnée au Christ. Notre-Seigneur est Homme, il a une sensibilité, il éprouve une joie bienheureuse, actuelle et bien supérieure à ce que nous pouvons expérimenter dans notre condition présente. Il n’éprouve aucune satisfaction à nos mortifications prises pour elles-mêmes, mais bien à ce qu’elles expriment d’amour pour lui. Nos mortifications ne sont pas forcément des condamnations de ce que nous refusons, mais une préférence marquée pour Dieu sur ses créatures.

La folie de la Croix

Mais il y a, au-delà de cela – qui est en somme assez raisonnable –, le mystère de la mort de Jésus, la réparation d’une offense qui atteint Dieu et que Jésus a réparée par sa mort entièrement volontaire.

Cela n’est plus du domaine du raisonnable, et saint Paul parle de la folie de la Croix du Christ. Le Père Muard aussi a été déraisonnable, il était devenu comme le Christ.

Réparation, rédemption, salut, rentrée en amitié avec Dieu. Tout le christianisme est défini par des mots qui nous heurtent à la fois et nous attirent à cause de Jésus. Les païens ont bien expérimenté ce qu’une abstinence volontaire a de bienfaisant pour l’équilibre humain. Mais le Christ nous parle non seulement d’équilibre humain, mais de vie divine, tellement équilibrée qu’il la dit éternelle, sans cessation possible.

Il a aussi montré aux hommes une voie d’union dans l’invisible ; la charité étant comme un lieu où l’on peut demeurer et où se rassemblent les rachetés, la mortification est directement en relation avec cet état de charité qui, d’une certaine manière, domine les conditions humaines de vie.

Renonçant au confort de la terre, à des réjouissances humaines, à des satisfactions permises, nous vivons déjà à la manière du Christ ressuscité et connaissons un bonheur profond. Car nous pouvons renoncer à jouir, mais pas à être heureux, ou alors nous ne serions plus les disciples des Béatitudes.

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Dom Denis Huerre, « Retraite du mois », revue Écoute, octobre 1965.