Pédophilie. Une unique coupable ? - France Catholique
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Van Eyxk, l'art de la dévotion
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Pédophilie. Une unique coupable ?

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L’épiscopat français prend un certain nombre de mesures pour lutter contre la pédophilie à l’intérieur du clergé et venir en aide aux victimes. On ne peut que s’en féliciter. Que la presse répercute ces décisions et donne écho à la conférence de presse où Mgr Pontier les a annoncées, c’est à l’honneur de l’information. Pourtant, on ne peut se défendre d’un malaise dans cette affaire. Qu’on le veuille ou pas, il y a une sorte d’effet de loupe sur une institution, qui, du coup, est identifiée au scandale, au mal, que dis-je ? à l’atrocité de la pédophilie. Une part de moi-même justifierait cet excès d’opprobre, tant il est vrai que commis dans le cadre du ministère sacré, le crime revêt un caractère encore plus épouvantable. Et je pourrais étayer ce sentiment par des exemples crucifiants.

Mais en même temps, cette concentration de l’accusation sur l’unique Église catholique s’identifie typiquement au processus du bouc émissaire. Reporter sur une cible unique ce qui concerne la société entière. Voilà qui évite d’examiner la question dans son ensemble. D’évidence, l’Église est en situation de faiblesse pour se défendre. Elle serait malvenue d’échapper à sa propre responsabilité, en l’étendant au monde entier. Mais ce qu’elle ne saurait faire, l’information a le devoir de l’accomplir. Je ne connais pas de grand média qui ait publié une enquête complète sur le sujet, même à partir d’une investigation purement journalistique, en attendant que la sociologie scientifique apporte son expertise autorisée.

Il est vrai qu’il existe, ici où là, des investigations partielles. Bernard Lecomte a récemment rappelé sur son blog l’enquête réalisée en 2011 par deux journalistes de L’Équipe, sur la pédophilie dans les milieux sportifs. Cette enquête révélait que 3 % des jeunes subissaient des agressions sexuelles dans leur club. Une plongée rapide dans internet permet aussi d’entrer dans un univers sordide, où l’ampleur du mal se révèle dans ses véritables dimensions. C’est plus que triste, accablant ! Vient alors une pensée. Et si l’Église bouc émissaire montrait comment on combat pareil fléau, la campagne de lynchage qu’elle subit pourrait peut-être servir vraiment les victimes innombrables d’une enfance détruite ?

Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 14 avril 2016.