Pédophilie : Le pape parle « coeur à cœur » et dénonce ces crimes « innommables » - France Catholique
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Pédophilie : Le pape parle « coeur à cœur » et dénonce ces crimes « innommables »

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Au cœur de la controverse qui a précédé et accompagné le voyage de Benoît XVI au Royaume-Uni, il y avait la question de la pédophilie. Le Pape l’a affrontée au moins à quatre reprises – dans l’avion, à Westminster, puis en rencontrant des victimes et des professionnels de ces questions -. Le pape redit sa « tristesse » et sa « honte » devant ces crimes « innommables » et la priorité d’aider les victimes, de punir les coupables et de prévénir la récidive.

Aucune complaisance

Il déplore qu’en “contradiction totale” avec la tradition de l’Église, “des enfants aient pu être victimes d’abus et de mauvais traitements de la part de certains prêtres et religieux”. Or, ajoute le pape, “il ne peut y avoir aucune complaisance à cet égard”.

Plus que ses paroles, c’est aussi sa rencontre avec des victimes qui a marqué les esprits. Cinq personnes ayant été dans leur enfance victimes d’abus sexuels de la part de membres du clergé ont été reçus par Benoît XVI, samedi 18 septembre, à la nonciature apostolique de Londres.

C’est la quatrième fois que le pape rencontre des victimes de la pédophilie lors d’un voyage apostolique. Il l’a fait aux Etats Unis, à Washington, en avril 2008, en Australie, à Sydney, en juillet 2008, et à Malte, en mai dernier : on se souvient des larmes du pape. Toujours dans la discrétion, loin des caméras, sans l’annoncer à l’avance.

Douleur et honte

Un communiqué du Saint-Siège a précisé, après cette rencontre, que « le pape a été très ému par leurs récits » et qu’il « il a tenu à leur exprimer, ainsi qu’à leurs familles, la grande douleur et la honte qu’il ressent (…). Il a dit aussi prier pour eux tous ».

Le pape demande des actes. Il les a assurés que « l’Eglise poursuit la mise en place des mesures efficaces de protection des mineurs » et qu’elle « s’efforce de vérifier toutes les accusations afin de collaborer avec les autorités civiles en transmettant les cas avérés à la justice publique ».

« Comme il l’a fait en d’autres occasions, continue le communiqué, le pape a ensuite prié afin que toutes les victimes de ces crimes puissent trouver la guérison et la réconciliation, en surmontant leur souffrance, en retrouvant la paix et l’espérance ».

Benoît XVI l’a dit aussi à Westminster, il s’agit de « réparer », d’aider les victimes « à surmonter ce traumatisme », à « retrouver la vie », et la « confiance dans le message du Christ ». Le pape y a affirmé la priorité du soutien aux victimes : « J’exprime ma gratitude pour les efforts qui ont été faits afin de traiter ce problème de manière responsable, et je demande à chacun d’entre vous d’apporter votre soutien aux victimes et d’être solidaires de vos prêtres ».

Cela suppose que les coupables reçoivent une « juste peine », et une prévention efficace : il a aussi salué l’action « des évêques britanniques » pour le « grand travail » déjà accompli et leur « attention pour les victimes ».

Choc et tristesse

Le pape avait affronté la question avec la presse, dans l’avion de Rome à Edinbourg, avouant que « ces révélations ont été un choc » pour lui et qu’il en a éprouvé « une grande tristesse » : comment une telle « perversion du ministère sacerdotal » est-elle « possible » ?

Plus encore, et la presse l’a relevé, le pape a déploré que « l’Eglise n’ait pas été vigilante » ni « prompte à prendre de rapides décisions ». Ses maîtres mots ont été « pénitence », « humilité », « sincérité ».

Guérison et paix

A Westminister, le Pape a confié la « honte » ressentie et l’exigence de « purification » de l’Eglise : « Je reconnais aussi, avec vous, la honte et l’humiliation dont nous avons tous souffert à cause de ces péchés ; et je vous invite à les offrir au Seigneur, sûrs que le châtiment contribuera à la guérison des victimes, à la purification de l’Église et à un renouveau de son engagement séculaire dans l’éducation et dans la sollicitude pour les jeunes ».

Le directeur de L’Osservatore Romano, Gianni Maria Vian, qui fait partie de la suite papale, fait observer que Benoît XVI « a ouvert son cœur », dans contexte difficile et peu bienveillant a priori, en contraste avec l’accueil qui lui a été finalement réservé.

Le pape Benoît XVI a de nouveau dit, dans son l’homélie en la cathédrale de Westminster, samedi, son « affliction profonde » pour « l’immense souffrance » infligée à ces enfants « spécialement au sein de l’Église et par ses ministres.

Il exprime sa « profonde affliction » aux «  victimes innocentes de ces crimes innomables, espérant que la puissance de la grâce du Christ et son sacrifice de réconciliation leur apporteront une profonde guérison et la paix ».

Protection de l’enfance

Et, pour la première fois, le pape Benoît XVI a rencontré, samedi après midi, à Londres, à la résidence Saint-Pierre, un groupe de professionnels et bénévoles responsables de la protection de l’enfance dans l’Eglise.

Le Pape a rappelé que “l’Eglise a une longue tradition d’éducation des enfants, depuis leurs premières années jusqu’à l’âge adulte, à l’exemple du Christ, qui bénissait avec tendresse les enfants qu’on lui présentait, et qui enseignait à ses disciples que c’est à leurs pareils qu’appartient le Royaume de Dieu”.

Le Pape a salué le travail accompli au Royaume-Uni, citant les recommandations du “Rapport Nolan” et de la “Commission Cumberlege”, pour offrir aux jeunes des “environnements sûrs” et à “assurer l’efficacité des mesures préventives” à appliquer “sans défaillance” et traiter tout les cas “rapidement et selon la justice”.

Confiance renouvelée

“Je prie pour que le service que vous rendez avec générosité aide à susciter, dans un climat de confiance renouvelée, un engagement déterminé en faveur du bien des enfants qui sont un don très précieux de Dieu”, a confié Benoît XVI.

Le porte-parole du Saint-Siège, le P. Lombardi remarque pour sa part que le passage de l’homléie de Westminster sur ce thème est « très fort, très intense ». Certes, le pape n’y dit rien de nouveau, mais il y redit son attitude face à ces « faits terribles », en parlant de « douleur » de « regrets », « extrêmement profonds », de « participation à la douleur des victimes » et du « désir de contribuer à la guérison et à la réconciliation profonde ».

Parler hic et nunc

Le P. Lombardi souligne aussi la mention « des engagements à la justice pour punir les coupables, et mettre en œuvre dans l’Eglise toutes les formes d’engagement et de collaboration nécessaires pour ramener l’ordre et la sérénité, mais aussi la confiance vis-à-vis de l’Eglise ».

En un mot, le Pape a fait une « synthèse très rapide, mais très efficace, de concepts qu’il a déjà exprimés, mais qui doivent être redits à chaque fois pour les personnes qu’il rencontre, et en particulier dans la société du Royaume-Uni qui attendait ces paroles ».