Panique à bord - France Catholique
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Panique à bord

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Un semblant de panique a du saisir, mais depuis peu, nos ministres bien-aimés : les voilà qui s’empressent, les uns après les autres, à caser qui un ami, qui un fils, qui une fille… C’est ainsi que Manuel Flam, 34 ans, ancien directeur de cabinet de Cécile Duflot qui ne le supportait plus et surtout ami personnel de Michel Sapin, a été sauvé du chômage en étant nommé à la tête de la SNI, filiale de la Caisse de Dépôts et consignations, chargée des filiales de logement social et très social.

Qui nous fera croire que le ministre n’a été pour rien dans ce transfert ? Aidé, naturellement, par Madame Duflot qui avait hâte que son directeur la quitte… Sentait-elle elle aussi que le vent se met à voler de plus en plus bas ?

Qui est ce Manuel Flam, né le 15 janvier 1979 à Paris, haut fonctionnaire et aussi homme politique français ? De quel bord est-il ? Le bon naturellement, du moins jusqu’à l’été prochain. Le 17 juillet 2013, il s’est retrouvé vite fait directeur général de la SNI… Manuel Flam est sur-diplômé de l’ESSEC (2002), de Sciences-Po Paris (2003), et ancien élève de l’ENA, promotion Simone Veil. Une pointure ? Nul ne le sait encore.

Quelque temps plus tard, le comité exécutif de cette même société reçoit en dotation dans son comité directorial Thomas Le Drian, fils du ministre de la Défense : le fait suscite une polémique. Normal, car enfin la Caisse des Dépôts semble être considérée par le pouvoir comme une roue de secours pour brillants diplômés incapables de se caser seuls.

À 29 ans, il est chargé de mission auprès du président du Directoire, André Yché, de la SNI. Une promotion qui, d’après Libération du 27 janvier, ne serait pas vraiment à la hauteur du curriculum vitae du jeune homme, par ailleurs directeur du contrôle interne et du contrôle de gestion d’Efidis, l’une des 13 filiales qui composent le pôle logement social du groupe. «C’est pour assurer ses arrières, montrer qu’il sait rendre des services», raillent des cadres de l’entreprise. Mauvaise langue n’a pas obligatoirement toujours tort. Le citoyen de base que je suis attend les précisions des uns et des autres…

Avec la nomination de la fille du ministre de l’éducation nationale, Vincent Peillon, à un prestigieux poste d’attaché culturel à l’ambassade de France en Israël, on assiste à un véritable tir groupé ! On pourra rétorquer qu’elle n’est pas nommée ambassadrice ! Oui, mais cela peut venir… l’important est d’être dans la place.

Pas question ici de gloser sur leurs capacités professionnelles : tous sont assurément bourrés de diplômes de haut niveau, contre lesquels nous n’entendrons se prononcer aucune remarque déplaisante du genre « évidemment, les enfants des classes aisées ne peuvent que réussir », réflexion détestable mais souvent servie lorsqu’il s’agit de pointer du doigt le manque d’efficacité de l’enseignement public en France. Mais … s’il y a un phénomène qui irrite la peau des citoyens, c’est bien tout ce qui s’apparente au népotisme ou voisine avec lui comme avec d’autres pratiques du genre favoritisme ou faveur, complaisance qui renvoie au verbe complaire, préférence tiré de préférer, privilège qui vient de privilégier. J’y ajoute avantager d’où avantage, protéger d’où protection etc., bonne occasion de rassembler quelques analogies désagréables.

Mais en fait il me semble plus naturel de penser que ces amis et ces pères sont inquiets : ils doivent douloureusement douter que leur situation avantageuse puisse durer assez longtemps pour être en mesure de caser sans publicité intempestive qui son fils, qui sa fille, qui son copain. Vais-je les en blâmer ? Qu’aurais-je fais si j’avais été en mesure de pousser l’un ou l’autre de mes cinq enfants ?

Il faut ici se souvenir de la parabole de l’intendant indélicat quoique habile que Jésus loue pour sa prudence et son habileté : certes pas pour le côté répréhensible de ses actes.

À vrai dire, qui aurait fait part de sa gêne, de ses soupçons, s’il s’était agi d’une entreprise totalement indépendante de l’État ou d’un corps constitué sans le moindre lien avec le même État ?… C’est ici à l’État en question de s’expliquer.