Padre Pio et Mère Térésa, patrons de l'Année de la Miséricorde - France Catholique
Edit Template
L'amour du travail bien fait avec saint Joseph artisan
Edit Template

Padre Pio et Mère Térésa, patrons de l’Année de la Miséricorde

Traduit par Bernadette Cosyn

Copier le lien

En février 2016, en réponse à une requête spéciale du pape, et comme élément des célébrations du Jubilé de la Miséricorde, les restes du Padre Pio ont quitté le couvent de San Giovanni Rotondo, dans les Pouilles (Italie) pour une semaine d’exposition à Rome. C’était la première fois en cent ans que le corps du Padre Pio quittait le couvent qu’il avait rejoint en 1916. Il y est mort il y a 48 ans, le 23 septembre 1968.

Selon le père Luciano Lotti, biographe du Padre Pio, le cardinal Bergoglio (futur pape François) avait eu de longue date une profonde dévotion pour le Padre Pio. Pour la Grande Année Jubilaire du Troisième Millénaire, en 2000, Bergoglio en avait fait la demande, et des reliques du religieux sont arrivées à Buenos Aires.

Le pape Bergoglio a canonisé Mère Térésa il y a quelques semaines, juste deux mois avant la clôture du Jubilé Extraordinaire de la Miséricorde. Le choix qu’a fait François du Padre Pio et de Térésa de Calcutta comme saints patrons du Jubilé est significative. Padre Pio est un modèle pour les missionnaires de la miséricorde, Mère Térésa est un exemple de miséricorde en action.

Il semble que Padre Pio et Mère Térésa ne se soient jamais rencontrés, bien qu’il y ait des preuves que Padre Pio a entendu parler d’elle et de ses Missionnaires de la Charité, et de leur travail en Inde. Nous savons avec certitude que Mère Térésa a visité la tombe de Padre Pio en 1987. En commémoration de l’anniversaire des 35 ans de cette visite, une mosaïque représentant Mère Térésa a été dévoilée dans la partie gauche de la nef centrale du sanctuaire de San Giovanni Rotondo. Mais qu’ont-ils en commun, les deux saints patrons de l’Année Jubilaire ?

Pour commencer, ils étaient tous deux mystiques. Padre Pio, le capucin italien hautement célébré, avait un don extraordinaire pour lire dans les esprits et les cœurs. Il avait le don de bilocation, de lévitation et il a porté les stigmates visibles – les cinq plaies du Christ – pendant presque cinquante ans. Bien plus, tout comme Mère Térésa, il est passé par la ténébreuse nuit de l’âme : « de sombres nuages se rassemblant dans le ciel de mon âme de telle sorte que pas même un faible rayon de lumière ne peut pénétrer. » Coïncidence, Mère Térésa, a subi la nuit de l’âme et les stigmates invisibles durant cinquante ans.

L’un comme l’autre ont expérimenté le renoncement et les sacrifices. Mère Térésa savait ce que Dieu attendait d’elle et les sacrifices requis par son appel à servir dans les taudis. Elle écrivait : « la missionnaire doit mourir chaque jour… Elle doit être prête à payer le prix qu’Il a payé pour les âmes, à marcher dans le chemin qu’Il a pris à la recherche des âmes », ajoutant que la missionnaire doit, comme le Christ, se renoncer soi-même : « si quelqu’un veut se mettre à mon école, il doit renoncer à lui-même, prendre sa croix et me suivre. » (Matthieu 16:24)

Mais il y avait la rédemption au bout du noir tunnel pour l’un comme pour l’autre des deux saints. La souffrance est réellement rédemptrice. Mère Térésa a accepté l’obscurité comme une partie du voyage de sa vie et sa propre intériorisation de la Croix, ce qu’elle considérait comme un cadeau. Elle endurait toutes les épreuves avec joie parce qu’elle considérait que la joie est la caractéristique d’une personne qui s’oublie généreusement elle-même.

Semblablement, Pio acceptait la souffrance, même l’agonie causée par les stigmates. Interrogé pour savoir si les stigmates étaient douloureux, Pio avait répliqué : « croyez-vous que le Seigneur me les a donnés en guise de décoration ? » Et il a ajouté : « le Père Céleste n’a pas cessé de me permettre de partager les souffrances de son Fils Unique, même physiquement. Ces souffrances sont si violentes qu’il est absolument impossible de les décrire et de concevoir ce qu’elles sont. » Les stigmates de Pio ont duré cinquante ans et n’ont cessé qu’à sa mort en 1968.

Un autre point commun entre Mère Térésa et Padre Pio est une mission de miséricorde qui a duré toute une vie, une combinaison de profonde contemplation et de charité active. La journée des sœurs de Mère Térésa est répartie entre la contemplation et le service actif. La règle 36 des Missionnaires de la Charité requiert que les sœurs « fassent une méditation d’une demi-heure, un examen de conscience deux fois par jour, prient la totalité du Rosaire et les litanies de la Vierge et des saints. » Cependant, la contemplation comme la vie spirituelle de Mère Térésa et de Padre Pio ouvrait la porte à des actions bien concrètes.

Pio, en dehors d’être le fondateur de plusieurs groupes de prière, était un confesseur très recherché. Le père Luciano Lotti décrit le Pio confesseur comme « bienveillant sans ménagement. » Il passait dix-sept heures par jour à écouter les confessions et à réconcilier les gens, changeant leur cœur et leur vie. Mais malgré cela il trouvait encore le temps et l’énergie pour aider à bâtir la Maison pour le Soulagement des Souffrants en 1956 – un hôpital qui procurait des soins gratuits aux pauvres. L’hôpital est devenu un temple de la prière et de la contemplation. Et de la recherche – sur une large échelle – avec mille lits, vingt-six services, cinquante spécialités cliniques et trois mille employés.

Par contraste, Mère Térésa convertissait « avec un sourire » et une tendresse authentique. Elle était devenue une icône de la tendre miséricorde de Dieu, irradiant lumière et espoir sur les gens qu’elle touchait. Elle voyait Jésus dans le visage des pauvres et des souffrants qu’elle servait et était capable de voir du bon chez toute personne. Cette tendresse aussi a répandu le feu. Actuellement, 4 000 Missionnaires de la Charité servent activement dans 697 maisons disséminées dans 131 pays à travers le monde.

Sainte Mère Térésa et Saint Pio étaient des mystiques capables de remettre en lien les hommes avec Dieu. A travers leurs missions à la fois contemplatives et actives, ils ont généreusement dispensé la miséricorde et l’amour divins avec leur prière et leur service actif. Peu d’années avant sa mort, Mère Térésa écrivait : « Jésus veut que je vous dise de nouveau combien grand est l’amour qu’Il éprouve pour chacun de vous – au-delà de tout ce que vous pouvez imaginez. Il se languit de vous. » Ils étaient des saints de la souffrance et des saints de l’amour.

Saint Padre Pio et Sainte Mère Térésa, priez pour nous !

— –

Ines Angeli Murzaku est professeur d’histoire de l’Eglise à l’université de Seton Hall. Sa recherche approfondie sur l’histoire du christianisme, du catholicisme, des ordres religieux et de l’œcuménisme a été publiée dans de nombreux articles savants et dans cinq livres.

Illustration : Padre Pio

source : https://www.thecatholicthing.org/2016/09/23/padre-pio-and-mother-teresa-jubilee-patrons/