Oradour sur Glane - France Catholique
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L'amour du travail bien fait avec saint Joseph artisan
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Oradour sur Glane

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Tous ceux qui ont regardé hier après-midi la visite à Oradour-sur-Glane des présidents français et allemand ont été forcément saisi par l’intensité de l’événement. Sans doute n’était-ce pas la première fois que des dirigeants des deux pays posaient un acte symbolique de réconciliation. À maintes reprises les images de François Mitterrand et d’Helmut Kohl se tenant par la main devant le mémorial de Douaumont sont revenues sur les écrans pour rappeler un précédent qui avait singulièrement marqué les esprits et les cœurs. La visite à Oradour s’inscrit dans une sorte de chemin initiatique où la France et l’Allemagne ont appris les gestes et les mots d’une anamnèse commune de leur passé. Anamnèse en effet, puisqu’il s’agit de se resouvenir et non d’oublier. Ce n’est pas l’oubli qui scelle l’amitié que l’on veut reconstruire, c’est la conscience précise de la gravité des choses et la reconnaissance des responsabilités qui permettent de franchir l’étape de la métamorphose des relations, le passage de la haine et du ressentiment à l’ouverture à un avenir commun.

Il faut ajouter que la personnalité du président de la République fédérale d’Allemagne, Joachim Gauck, explique l’intensité de cette visite à Oradour. Ne s’agit-il pas d’un ancien pasteur protestant ? Ne fut-il pas une des figures de la résistance à l’oppression communiste en Allemagne de l’Est ? C’est à ce titre qu’il fut nommé commissaire fédéral pour les archives de la Stasi. C’est dire son engagement contre le totalitarisme et son respect des archives de la mémoire. Sa volonté de rendre, partout en Europe, hommage aux victimes des atrocités commises du temps d’une autre Allemagne est significative de la dimension morale qu’il entend incarner comme chef de l’Allemagne nouvelle et singulièrement de l’Allemagne réunifiée. Paul Ricœur a écrit un beau livre sur la mémoire et son usage civique. Joachim Gauck est le témoin authentique d’une mémoire assumée en faveur d’un salut partagé.

Chronique lue sur radio Notre-Dame le 5 septembre 2013.