One of us, pour libérer la pensée en Europe - France Catholique
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One of us, pour libérer la pensée en Europe

En 2014, la Fédération européenne One of us avait rassemblé deux millions de signatures, de 19 pays, pour la défense de l’embryon humain. Forte de ce soutien populaire, elle lance désormais une plateforme culturelle en Europe, à l’occasion d’un colloque le 23 février au palais du Luxembourg à Paris.
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Comment passe-t-on de la défense de l’embryon humain à la promotion de la culture et de l’intelligence ?

Jaime Mayor Oreja : Une culture fondée sur l’administration de la mort est probablement l’insulte et l’attaque la plus impitoyable contre la raison, contre l’intelligence. Lorsque l’avortement est devenu une loi il y a plusieurs décennies, la destruction de la personne à naître, légalisée, légitimée et transformée en droit, a ouvert une nouvelle étape : caractérisée par la perversion de la nature humaine, elle a provoqué un très grand désordre dans nos sociétés. Ce débat n’est donc pas du siècle dernier, mais c’est un débat clef pour l’avenir. Nous n’avons pas le droit de démissionner.

Vous appelez à un « réveil de l’intelligence » : s’agit-il d’un souhait ou de l’observation d’un fait établi en Europe ?

L’éveil de l’intelligence, très bien développé par Rémi Brague, n’est pas essentiellement un désir, encore moins l’expression d’une simple observation passive de notre part. Cet éveil est une exigence, un besoin. C’est l’objectif principal et la volonté déterminée de cette plateforme culturelle de penseurs et d’intellectuels.

Pourquoi le choix de la France pour cette conférence ?

La France a souvent été à l’avant-garde des mouvements culturels de nature révolutionnaire, rappelons-nous de Mai 1968. Elle a également été au cœur et à l’origine de l’Union européenne en tant que communauté de valeurs. Avec cette plateforme, nous affirmons que nous devons dans une certaine mesure repartir de zéro, dans cet environnement culturel. En vue d’une régénération et d’un renouvellement, voire d’une refondation de l’Europe. Si telle est notre ambition, alors la France doit jouer un rôle moteur. En aucun cas, elle ne peut ni ne doit être absente de cet indispensable réarmement moral.

Nous sommes à quelques mois des élections européennes. Vous est-il possible de vous abstraire de ce contexte politique ?

Il y a une question à se poser : pourquoi cette crise se manifeste-t-elle dans tous les pays européens, sans exception ? Les conservateurs britanniques, désormais au pouvoir, traversent une crise brutale après le Brexit. En France, un mouvement politique qui a remplacé les partis politiques traditionnels est aujourd’hui confronté à un grand désordre. En Italie, le populisme règne, de gauche à droite, et le chaos règne aussi dans cette société. L’Espagne a un gouvernement de Front populaire, nationaliste et populiste, qui après une motion de censure, vient de convoquer de nouveau des élections générales. C’est une autre expression de ce désordre.

Tout cela confirme que la crise n’est pas strictement politique, ni économique ou financière. C’est une crise de vérité, de valeurs, de consciences individuelles, d’attitudes personnelles. En bref, une crise de la personne. Les élections européennes du mois de mai marqueront un tournant dans l’expression du désordre actuel, et mènera à une Europe plus difficile à gouverner.

Vous parlez d’un « purgatoire » politique dans laquelle les chrétiens seraient enfermés…

Je pense que nous avons été incapables de prendre place dans un champ pré- ou méta-politique. Dès lors nos idées, nos valeurs ont été exclues du débat politique.

D’autre part, les partis politiques n’ont désormais plus pour ambition que de gagner des élections, de prendre le pouvoir. Nous-mêmes n’avons pas assez accordé d’importance aux idées, aux valeurs et aux convictions, car nous étions convaincus que les élections ne se gagnent pas de cette manière. C’est pourquoi nous vivons en effet un purgatoire, pour avoir manqué d’apparaître dans ce débat culturel, par obsession de gagner, en oubliant que l’Europe, par-dessus tout, est une communauté de valeurs.

Qu’attendez-vous comme résultat concret de cette réunion ?

Faire naître et exister un courant d’opinion en Europe qui défend certaines valeurs. Et pour cela, croire en ce projet, en sa transcendance, et fédérer un groupe de personnes dans chacun des pays européens, avec comme référence principale de la plateforme un homme comme Rémi Brague. Ce n’est donc pas une opération virtuelle, mais une plateforme vivante que nous voulons créer.

Et nous sommes convaincus que nous ne pouvons pas espérer de faux miracles, mais que nous devons persévérer. Quelques idées fortes, des personnes authentiques et une volonté de persévérance, voilà nos atouts.