Nouvelle tragédie polonaise - France Catholique
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Nouvelle tragédie polonaise

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L’avion dans lequel se trouvaient le président polonais, Lech Kaczynski, les chefs de l’armée, le président de la Banque centrale de Pologne et d’autres personnalités, s’est écrasé le 10 avril à l’aéroport de Smolensk ; les 96 occupants ont péri. Ils se rendaient à la commémoration du massacre de 22 000 officiers polonais par la police de Staline à Katyn en 1940. Le président de la Diète assure l’intérim de la présidence polonaise.

Katyn et Lagiewniki : Benoît XVI rassemble, dans son allocution du Regina Caeli, ces deux lieux apparemment si antithétiques. En route vers le mémorial de Katyn, 97 personnes, dont le couple présidentiel polonais, périssent ce 10 avril en terre russe, la veille du grand pèlerinage de Lagiewniki, le grand sanctuaire de la Miséricorde, près de Cracovie. On comprend, avec sœur Faustine, combien il est difficile parfois mais libérant aussi de proclamer : « Jésus, j’ai confiance en toi ». Car tout impressionne dans ce « Katyn 2 », le Katyn de l’Année Chopin, dont la Marche funèbre sonne le recueillement et la douleur sur le tarmac, à l’arrivée du premier cercueil, présidentiel.

Les circonstances.

La veille de la fête de saint Stanislas – évêque de Cracovie martyr, saint patron de la Nation -, qui coïncide cette année avec le dimanche de la Miséricorde. Jean-Paul II lui aussi nous a quittés la veille de ce dimanche-là, il y a eu cinq ans vendredi 2 avril. Une fête qu’il avait instituée en réponse à la demande du Christ à sainte Faustine, qui repose à Lagiewniki.

Le lieu.

Le Tupolev-154 présidentiel s’est écrasé près de Smolensk dans cette forêt de Katyn, lieu du martyr, en 1940, de l’élite polonaise, en majorité des officiers de l’armée. Une tuerie programmée par le NKVD de Staline et maquillée en crime nazi. Le mensonge ne sera reconnu qu’en 1990. Une forêt russe, où, le 7 avril, le 70e anniversaire du massacre a réuni les Premiers ministres des deux Nations qui s’y sont recueillis ensemble.

Les personnalités.

Le couple présidentiel Lech Kaczynski et sa femme Maria, les représentants de la classe politique, de l’armée polonaise, des décideurs des finances. Les trois confessions chrétiennes réunies dans le deuil de leurs représentants aux armées.

L’effet.

Les Polonais resserrent les rangs. Les églises sont pleines. En Pologne et dans la diaspora. On prie dans les rues. Le deuil national d’une semaine qui s’ouvre n’est pas sans rappeler le grand sursaut de la Belgique, en août 1993, pendant la semaine de « retraite » qui avait suivi la mort subite du roi Baudouin.

La lecture du Pape.

Benoît XVI a dit trois fois combien il est bouleversé. Dans son télégramme au président du Parlement, Bronislaw Komorowski. En italien, après la prière du Regina Caeli, à Castelgandolfo, dimanche. Et en polonais. Le Pape parle de « mort tragique » et évoque le massacre d’il y a 70 ans. Il nomme d’éminentes personnalités qui ont trouvé la mort avec le Président. Il dit sa « proximité » et son affection pour la « bien-aimée nation polonaise ».

Et puis il place cette tragédie sous le signe mystérieux de la Miséricorde et de la vie. « Je les confie tous au Seigneur de la vie miséricordieux. Je le fais en m’unissant avec les pèlerins rassemblés au sanctuaire de Lagiewniki et avec tous les dévots de la Miséricorde de Dieu dans le monde entier. »
En 2003, dans sa lettre à l’occasion du 750e anniversaire du martyre de saint Stanislas, Jean-Paul II plaçait la mort de l’évêque sous le signe d’une « victoire » que chaque Polonais doit s’approprier : « Saint Stanislas témoigne avec éloquence qu’en Jésus Christ, l’homme est appelé à la victoire. Que cette victoire du bien sur le mal, de l’amour sur la haine, de l’unité sur les divisions, devienne l’idéal de chaque Polonais. »
Les papes indiquent le point d’appui – la miséricorde – et le levier – cette victoire – à une nation bouleversée qui pourra avec de telles armes sortir plus forte de l’épreuve.

Toute la journée à Rome, la police municipale a interdit aux voitures l’accès au « Borgo Santo Spirito » : les foules se sont relayées, messe après messe, en italien et en polonais, au sanctuaire de la miséricorde divine de l’église du Saint-Esprit, débordant sur le parvis et jusque dans le « borgo ». Cette année, Katyn était dans tous les esprits.