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Van Eyck, l'art de la dévotion. Renouveau de la foi au XVe siècle
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Pâques (année A)

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Bien sûr, Jésus l’avait dit : «  Et le troisième jour il (le Fils de l’homme) ressuscitera d’entre les morts ». Mais la tempête était passée là-dessus, les promesses ne pesaient pas bien lourd devant l’évidence de l’échec lamentable, le corps zébré de coups, la dispersion des disciples. Il y avait eu, il est vrai, un peu avant, la résurrection de Lazare, mais on n’en parlait plus, la consigne du silence avait fonctionné, car le bruit courait que les autorités de Jérusalem voulaient éliminer aussi Lazare, pour couper court aux rumeurs, et puis ce n’est quand même pas la même chose de tirer un cadavre de son tombeau et de sortir soi-même de la mort, – et de quelle mort !

La Résurrection n’éclate pas comme un coup de tonnerre, dans le ciel de Jérusalem. Pilate et Caïphe peuvent dormir tranquilles, le Christ ne viendra pas les surprendre au saut du lit. C’est même étonnant, comme la Résurrection est discrète, pas de brillance particulière sur son visage, comme lors de la Transfiguration, pratiquement pas de miracle (sauf la pêche miraculeuse de Jean 21). L’événement lui-même, le relèvement du corps inanimé étendu sur la banquette (car c’est cela que veut dire le mot : « ressusciter ») échappe, on n’en voit que les suites. C’est d’ailleurs un peu pareil avec tous les miracles de Jésus : les spectateurs de la multiplication des pains n’ont pas vu d’un coup se former une énorme masse de pains et de poissons, ils ont vu sortir des paniers un morceau, puis un autre, puis encore un autre et cela sans s’arrêter. Un malade guéri à Lourdes racontait qu’il n’avait pas tout de suite compris que ses jambes avaient été guéries, il s’était vu marcher vers les lieux d’aisance et s’était dit soudain : « Mais je marche ! ».
Pourtant l’événement a bien eu lieu et il est irréversible : le cadavre de Jésus a disparu en laissant derrière lui ses linges pliés et ce qu’on rencontrera, ce que certains du moins retrouveront, c’est le Maître qu’ils ont connu et aimé parlant et agissant avec sa manière inimitable et les entraînant en Galilée.
Cette insertion de l’inouï, de l’inimaginable, au sein même de notre monde régi par les lois de la nature et la mort inéluctable, pose évidemment une question grave. Croyons-nous là en un conte de fées ? Est-il raisonnable d’admettre que Dieu auteur de la nature se plaise à en bousculer les lois à volonté ? Ne serait-il pas plus sage de penser que rien n’a changé dans la réalité matérielle, que le corps de Jésus a disparu pour des raisons mystérieuses, mais qu’il est vivant d’une autre façon, dans nos cœurs, dans nos vies, etc.

Soutenir cette position (comme on l’a beaucoup fait, malheureusement) revient à prendre acte du fait que rien ne peut changer dans notre monde dominé par la loi de l’entropie (c’est-à-dire l’inévitable dégradation de l’énergie, qui ramène tôt ou tard le vivant au niveau du minéral). Que de la réalité présente nous avons toutes les clés et que rien ne peut nous surprendre. Que le monde matériel est définitivement à distance des réalités spirituelles qui se déroulent dans un autre registre, etc.

Toute la Bible proteste contre cette vision des choses. Dieu certes laisse ce monde suivre son cours. Depuis le Déluge, il s’interdit de bousculer la météorologie de façon radicale. Mais il ne cesse pas d’être présent à sa création, jouant un jeu souvent discret, pour éviter que notre foi en lui ne se confonde avec une évidence sensible qui lui enlèverait tout mérite. Mais, au sommet de son œuvre, en son Fils bien aimé venu chez nous, il a touché ce vieux monde en deux points sensibles pour manifester le changement inouï qu’il voulait introduire : l’origine de la vie et la mort. La naissance virginale de Jésus et sa Résurrection nous ouvrent à la nouveauté radicale. En lui s’est opéré dans le secret un changement inimaginable qui prépare notre avenir. Y croyons-nous assez ?

Dimanche 16 avril :

Dimanche des Rameaux et de la Passion du Seigneur :

1re lecture : livre des Actes des Apôtres
10, 34a.37-43.

Psaume 117.

2e lecture : lettre de saint Paul apôtre aux Colossiens 3, 1-4.

Évangile : saint Jean 20, 1-9.