Noël dans la cité - France Catholique

Noël dans la cité

Noël dans la cité

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« Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière ; sur ceux qui habitaient le pays de l’ombre, une lumière a resplendi. (…) Oui, un enfant nous est né, un fils nous a été donné ; l’insigne du pouvoir est sur son épaule ; on proclame son nom : merveilleux conseiller, Dieu fort, Père à jamais, Prince de la Paix. » La tradition chrétienne a toujours reconnu dans cette citation du prophète Isaïe l’annonce de l’événement de la Nativité. L’éclat que le prophète proclame de cet événement projette sur l’avenir les prodiges de l’avènement des temps messianiques : « Ainsi le pouvoir s’étendra, la paix sera sans fin pour David et pour son royaume. Il sera solidement établi sur le droit et la justice dès maintenant et pour toujours. Voilà ce que fait l’amour invincible du Seigneur de l’univers. » L’universalisation de la promesse qui se fait jour déjà dans la période prophétique donne encore plus de portée à la venue de l’enfant dont le règne devra s’étendre sur le monde entier.

Au regard même de l’histoire, on est obligé de convenir que la naissance de Jésus a bouleversé le cours du temps. La rupture des Lumières n’a nullement interrompu la propagation de l’onde de choc, qui a débordé très largement le cadre de la chrétienté médiévale. Il est vrai que le rationalisme moderne avait voulu convertir le contenu du christianisme en termes rationalistes, à l’image du Vendredi saint spéculatif de Hegel. Plus gravement, c’est parfois une volonté d’éradication totale de la Promesse qui a caractérisé les totalitarismes modernes, ces religions séculières infernales. Mais l’histoire continue, avec son tragique, avec ses défis nouveaux qui imposent aux chrétiens de prendre une conscience plus aiguë de leur tâche, pour être plus fidèles à la nature de la Promesse.

Un de ces défis consiste à restituer la véracité de l’avènement de Noël dans une civilisation mercantile. Un autre consiste aussi à maintenir l’éclat de la lumière et la force de la Révélation, en refusant les moyens impurs, mais en maintenant avec constance le témoignage d’une foi explicite et agissante. Lorsque le conseil d’État admet l’installation de crèches dans des bâtiments publics, pour des motifs culturels et non cultuels, il relance le débat plus qu’il ne le dénoue. Car le culturel n’est pas neutre. Maurice Clavel prétendait même qu’il était option sur l’absolu. Ce serait trahir que d’accepter que la symbolique chrétienne déserte la culture contemporaine. Mais ce combat doit aussi obéir aux règles d’une différence évangélique qui modifie de l’intérieur sans contraindre les consciences. C’est la tâche ardue des libres enfants de Dieu.