Ne paniquons pas - France Catholique
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Ne paniquons pas

Traduit par Bernadette Cosyn

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Le saviez-vous ? A part quelques problèmes locaux mineurs, parfois mentionnés en passant, il y a deux causes à tout ce qui va de travers dans ce monde aujourd’hui. Selon les autorités « majoritaires » dans les médias et partout ailleurs, ce sont :

1. Le réchauffement global d’origine humaine

2. Trump

Peut-être que l’une est la cause de l’autre. Puisque l’existence de Trump est démontrée et que le changement du climat dépend de qui fait la mesure, j’en déduis que Trump est la cause suprême du réchauffement global.

Je ne l’aime pas beaucoup. Je le trouve rustre, grossier et couronné de succès. Les Canadiens approuvent rarement le succès – et comme ses opposants l’affirment, tout ce qu’il s’attribue a été le produit de la seule chance.

Il est également un suprémaciste blanc, apparemment, mais comme il semble que toute personne blanche est un suprémaciste blanc, et a besoin d’être puni pour cela, je ne vois pas pourquoi son cas serait spécial.

L’autre jour, je discutais de ces points dans un bar avec une vieille connaissance, pendant que d’autres Canadiens, déterminés à rester silencieux, regardaient, l’air ennuyé. Etant moi-même Canadien, je voulais me joindre à eux, mais la chance ne m’en fut pas donnée.

Il était prétendu qu’un couple de plus de nos relations communes était pro Trump. Il m’était demandé d’expliquer cet affront. Avaient-ils bu du jus de fruits ? (sous-entendu : du jus de fruits drogué) N’étais-je pas d’accord qu’ils avaient maintenant passé les bornes et perdu tout espoir de salut ?

Plutôt que m’aventurer dans ce qui me semblait une question tendancieuse, j’ai essayé la diplomatie :

« Je ne suis vraiment pas la bonne personne à qui poser la question, ayant moi-même bu du jus de fruits. »

Chose étrange, tous les buveurs de jus de fruits que je connais ont des avis nuancés sur ces sujets. Certaines choses sont bonnes, d’autres mauvaises.

Mes propres opinions secrètes, que je vais maintenant partager avec le public, sont en opposition avec toute organisation centralisée et bureaucratique dans le monde, à l’exception peut-être de l’Eglise catholique. Hormis quand, comme récemment, elle commence à imiter une organisation centralisée et bureaucratique, mettant la pédale douce sur sa mission spirituelle.

Je suis ce qu’on appelle un tenant de la subsidiarité, quelqu’un qui préférerait qu’on traite tous nos problèmes mondiaux depuis la base, et non depuis le sommet. Je suis d’accord avec les déclarations faites dans un court manuel canadien d’instruction civique offert à ma grand-mère quand elle est devenue immigrante légale, en l’an de grâce 1912. Il expliquait l’importance et la priorité des institutions publiques.

Au sommet, il plaçait le Citoyen Souverain et sa famille. (Que cette famille soit constituée d’un homme, d’une femme et de leurs enfants était considéré comme trop évident pour y faire allusion.)

Venaient ensuite dans la hiérarchie les organisations locales informelles – le voisinage, la circonscription, la paroisse, et une municipalité plus officielle quand des matières importantes doivent être discutées.

En-dessous, l’assemblée législative de la Province, et en-dessous d’elle, le gouvernement du territoire (nous disons maintenant fédéral, comme aux USA). Finalement, tout en bas de ce schéma, « serviteur de tous les serviteurs » en quelque sorte, venait le monarque, qui était pratiquement sans pouvoir et de ce fait avait droit à une loyauté universelle.

Ce devait être Sa Regrettée Majesté George V, d’heureuse mémoire. (Nous avons maintenant une Reine, que Dieu la protège.)

Trump n’était pas mentionné.

D’ailleurs, on ne mettait pas non plus l’accent sur quelque problème environnemental que ce soit, malgré l’importance de la Conservation. Dieu nous a gratifiés de merveilleuses ressources qui ne devraient pas être gaspillées et d’un paysage magnifique qui ne devrait pas être gâché.

Je devrais penser que l’objectif principal des plus grandes institutions gouvernementales était d’empêcher les gens de faire cela, car les gens peuvent parfois être mauvais. Contre divers maux, les lois doivent être clairement écrites, maintenues, imposées. D’où les tribunaux, les prisons, les échafauds. Le pays doit également être protégé contre des étrangers cupides, d’où la Royal Navy.

« Un Drapeau, une Flotte, un Empire » comme nous disons (ou avions coutume de dire) – mais notez que ce n’était pas un corps législatif. C’était simplement notre veilleur de nuit.

Mon mobile pour avoir fourni de tels détails est de rappeler à mon honorable lecteur jusqu’où nous sommes tombés. Au Canada mais également dans l’honnête République qui est à nos portes, le monde a été mis sens dessus-dessous, si bien que nous avons maintenant l’impression que les problèmes planétaires et Trump sont les choses les plus importantes.

Dans les Cieux, il semble que nous ayons remplacé Dieu, et maintenant que la reconnaissance et l’adoration ont été effacées de la vie quotidienne de l’Homme – même en théorie politique – toutes nos inquiétudes pour l’avenir ont été accentuées. Non seulement le matérialisme règne, mais aussi des informations sur lesquelles l’individu, citoyen souverain, n’a aucun contrôle.

Il a maintenant un statut servile. Sa mission est de payer ses impôts et d’obéir aux Ordres, qui parviennent par une myriade d’agences de réglementation.

Je crois que c’est ce qui s’appelle « le progrès », et c’est justifié parce qu’il y a eu beaucoup d’avancées techniques depuis, mettons, 1912. Et vraiment, je dois reconnaître que, grâce principalement à la nécessité de massacre de masse dans les guerres mondiales, ce progrès a accéléré.

Maintenant, étant typiquement journaliste, j’ai exagéré et simplifié plusieurs points, pour mettre l’accent. En réalité, ce n’est pas tout le monde qui a adhéré au projet de « mondialisation », mais dans un cas comme dans l’autre, nous y sommes tous soumis.

Des inquiétudes sur l’état du monde, aggravées par un sentiment de désespoir et d’impuissance, nous ont conduits à ce point où un sujet comme Trump peut complètement nous obséder ; et des contes invraisemblables d’apocalypse matérielle nous font perdre le sommeil. Nous regardons autour de nous les manifestations de la modernité – la laideur et la dégradation de notre environnement humain – et nous sommes contaminés par le désespoir.

Je dirai bien évidemment : « Seul le Christ peut nous sauver. »

Mais j’aimerais ajouter que Sa création fera sa part.

Comme je regarde autour de moi, je ne vois presque rien de ce que nous avons bâti au siècle dernier qui pourra survivre à celui-ci. La terre a des pouvoirs de régénération miraculeux. Tous les déchets que nous avons répandus doivent être constamment remplacés par davantage de déchets, pour que le Diable suive.

Il nous suffit d’arrêter, et tout disparaîtra. Aucune raison de paniquer.


David Warren est ancien rédacteur du magazine Idler et chroniqueur dans des journaux canadiens. Il a une profonde expérience du Proche-Orient et de l’Extrême-Orient.

Illustration : « Les élections du comté » par George Caleb Bingham, 1854 [Musée d’Art Américain Reynolda House, Salem, Caroline du Nord]

Source : https://www.thecatholicthing.org/2019/05/24/dont-panic/