Munich et Avignon - France Catholique
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Munich et Avignon

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Simultanément, deux informations viennent d’être publiées, que l’on est bien obligé de rapprocher, même si elles concernent deux pays différents, et font part de décisions complètement contradictoires. D’un côté, il y a la Bavière, cette région allemande réputée pour sa culture catholique, et dont le ministre président vient d’annoncer l’installation obligatoire du crucifix dans tous les bâtiments officiels. De l’autre, il y a notre bonne ville d’Avignon, elle aussi très marquée par son passé religieux, dont témoigne la présence massive du fameux Palais des papes. Mais à Avignon, au rebours de Munich, l’intention est inverse. Plutôt que d’insister sur l’identité chrétienne de la ville, il s’agit de l’estomper, en changeant les noms des écoles publiques qui se rapportent à des figures de la sainteté.

La mairie socialiste voudrait ainsi débaptiser les écoles Saint Roch et Saint Jean, et encore Saint Gabriel, Saint Ruf et Sainte Catherine. Du coup, la colère gronde et parfois l’ironie se fait mordante. On suggère à la municipalité des noms de remplacement, tels que Che Guevara, Lénine, Karl Marx ou même celui du dictateur nord-coréen très à la mode. En Bavière, c’est l’inverse. La polémique enfle contre la volonté de faire de la Croix un simple symbole culturel : « La Croix n’appartient pas à la CSU », rétorque un rédacteur du site de la Conférence des évêques allemands, qui va jusqu’à dénoncer une profanation blasphématoire. Pourtant, l’Allemagne n’est pas la France et ne se réclame pas de la laïcité, concept spécifiquement français et difficilement transposable dans les autres pays européens.

Faut-il voir dans cette opposition entre Munich et Avignon quelque chose d’essentiel se rapportant à une identité, revendiquée ou déniée ? Peut-être bien. Mais une identité oblige, elle ne se limite pas à une simple étiquette, sous laquelle on peut fourguer n’importe quoi, et notamment un programme politique assez indifférent à ce que signifie la Croix du Seigneur. Cela dit pour Munich. En ce qui concerne Avignon, le déni du passé historique n’est pas non plus anodin, dès lors qu’il consiste à refouler une mémoire qui n’a rien de folklorique, mais renvoie à des sources vives, ou à ce qu’Emmanuel Macron appelle « la sève » qui monte des racines vivantes de la chrétienté.

Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 2 mai 2018.