Mgr Vahan Hovhanessian lance un appel d’Arménie - France Catholique
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Mgr Vahan Hovhanessian lance un appel d’Arménie

Le primat du diocèse arménien apostolique de France, Mgr Vahan Hovhanessian était en Arménie, la dernière semaine de février. Avec lui, nous revenons sur le Conseil Spirituel Suprême auquel il a participé, qui réunissait les primats du monde entier, avec ses cadres dirigeants, autour de Sa Sainteté Karekine II. Éclairage sur un évènement qui concerne l’Arménie, l’Artsakh, et, le reste du monde. Un appel est lancé.
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À Erevan, la capitale du pays, sous le soleil de l’hiver qui annonce l’arrivée du printemps, Mgr Vahan Hovhanessian est là, en train de déjeuner dans un restaurant proche de la place de la République. Le conseil vient de se terminer. Le primat est accompagné du père Garegin Hambartsumyan, qui est l’un des secrétaires de Sa Sainteté, et, d’un diacre, David. Mgr résume cette semaine de travail et de prières, qui s’est déroulée à la Mère-Siège de Saint Etchmiadzin, située à une petite demi-heure au sud-est d’Erevan. « C’est la première fois que nous nous réunissions cette année, explique-t-il. Notre Conseil Spirituel Suprême (CSS) a lieu deux fois par an. Nous avons commencé cette semaine intensive de travail par nous recueillir. Nous avons prié tous les matins, avant notre séance de travail, pour toutes les victimes de cette guerre effroyable. Sous les missiles des drones turcs, sous les bombes azerbaïdjanaises, des pères de familles sont tombés. Des jeunes de 18, 19, 20 ans, sont morts au crépuscule de leur vie d’adulte. Des civils ont été touchés par cette barbarie. Des prêtres ont été martyrisés. Tous sont martyrs, certains ont été décapités sauvagement. Des femmes ont été violées. Les enfants n’ont pas été épargnés. » Le visage sombre et recueilli, le primat ne peut pas cacher sa vive émotion. Avec la trentaine de participants venue du monde entier, la cité sainte de l’Église arménienne apostolique s’est transformée en mini-mappemonde. Et, c’est pour lui, déjà, une raison d’espérer.

« Nous ne sommes pas seuls »

L’agenda de ce conseil était chargé, en raison de la guerre pour sauver l’Artsakh. Cette république auto-proclamée du Haut-Karabakh, qui a vu fondre son territoire de plus de 50% sous les coups de boutoirs de l’armée azerbaïdjanaise, soutenue par la Turquie et Israël. « Ce conseil est l’occasion de parler de tous nos diocèses disséminés à travers le monde. Nous constatons que nous ne sommes pas seuls. Nous avons traité de tous les sujets présentés par les diocèses, comme celui de l’Australie et des Etats-Unis. Mais notre premier sujet a été celui de l’Artsakh. » La guerre a duré 44 jours, du 27 septembre au 9 novembre. Le cessez-le-feu, qui a clos définitivement les combats entre les belligérants, a été effectif le 10 novembre à zéro heure. Signé par le Président de la République (une dictature) d’Azerbaïdjan, Ilham Aliev, par le Premier ministre de la République d’Arménie, Nikol Pachinian, et, par le Président de la Fédération russe, Vladimir Poutine, l’accord présente 9 points. Conséquences, l’Artsakh perd 70% de son territoire, des dizaines de milliers de réfugiés ont dû quitter leurs terres ancestrales. Et, des milliers de morts et de blessés sont à déplorer. C’est la défaite côté Arménie. « Nos cimetières, nos églises, nos vases sacrés ont été pillés. De nombreux sacrilèges ont été commis. L’Arménie et l’Artsakh sont maintenant en grandes difficultés. Et, le rôle de l’Église, notre rôle est d’aider, de soutenir, de venir en aide aux déportés. C’est pour cela que nous avons travaillé sur 4 ou 5 plans stratégiques. Tout, d’abord, l’aide aux réfugiés. Nous en appelons, aussi, à la communauté internationale. Elle doit concrètement nous aider à sauvegarder notre peuple, notre patrimoine, nos sanctuaires en Artsakh. » Le primat est intarissable sur le sujet de l’aide. Il se répète, argumente, développe, et, semble engager toutes ses forces sur le sujet.

Deux priorités : l’aide et la paix

Visiblement, il a été blessé au cœur. Et, il insiste : « Il faut mettre en place un plan d’investissement économique, pour permettre le retour des réfugiés. Et, puis, il faut absolument que ces invasions turco-azerbaïdjanaises cessent. Et, que nous vivions en paix, dans cette région du Caucase. C’est l’intérêt de tous. Aujourd’hui, le sentiment qui prédomine, c’est l’insécurité. » Sans aide financière massive et récurrente venant de l’extérieur, l’Arménie et l’Église auront du mal à s’occuper des réfugiés sur le long terme. « Nous avons, continue-t-il, le projet d’héberger près de 500 familles dans 5 diocèses différents. Notre priorité est d’aider les familles des réfugiés qui ont perdu un parent pendant la guerre, un mari, un père, un fils, une mère, une fille. Il y a, aujourd’hui, plus ou moins 5 000 réfugiés concernés. Et, c’est urgent. » L’Église se mobilise, donc, de plus en plus. D’autres sujets ont été abordés pendant ce Conseil Spirituel Suprême, comme celui de l’Arménie, et, de sa politique intérieure devenue instable avec un risque réel de graves conflits sociaux. En clôture, le Conseil Spirituel Suprême faisait la déclaration suivante, et, appeler les différents partis politiques et les responsables de la société civile à une harmonieuse collaboration. Extraits : « Nous appelons les autorités arméniennes et les forces d’opposition à promouvoir l’établissement de la solidarité et à chercher des solutions aux problèmes uniquement dans la consolidation du potentiel national, en tenant les gens à l’écart d’éventuels affrontements. Nous exhortons, également, à être prudents dans l’évaluation de l’armée arménienne et des militaires, et à contribuer à la productivité de la mission sacrée de notre armée. Dans la situation actuelle, la Sainte Église apostolique arménienne doit continuer à mettre tous les efforts en action pour soulager l’atmosphère tendue et rétablir l’unité et la solidarité entre la société. Nous prions pour surmonter la crise, en demandant au Dieu Miséricordieux de garder notre Patrie et notre peuple en paix et en sécurité sous les auspices de Sa Sainte Main Droite. » Mgr Vahan Hovhanessian retourne en France le lendemain. Avec son bâton de pèlerin, il va visiter sa communauté et la mobiliser pour répondre à cet appel. Car l’avenir de l’Arménie passe aussi par sa diaspora, qui totalise 7 millions de personnes sur les 10 millions d’Arméniens dans le monde.