Mère Teresa : Tout pour Jésus - France Catholique
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Padre Pio, ses photos inédites
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Mère Teresa : Tout pour Jésus

Mère Teresa aurait cent ans. Occasion de célébrer la vie de la « sainte de Calcutta » et son œuvre, à l’image de l’hommage officiel que vient de lui rendre l’UNESCO.
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A qui appartient Mère Teresa ? « Par mon sang, je suis albanaise. Par ma nationalité, indienne. Par ma foi, je suis une religieuse catholique. Pour ce qui est de mon appel, j’appartiens au monde. Pour ce qui est de mon cœur, j’appartiens entièrement au Cœur de Jésus. » L’autobiographie retrace un stupéfiant voyage : pèlerinage terrestre sans retour et jusqu’au ciel, non sans avoir traversé – on le sait désormais – un long abîme spirituel, cette nuit de la foi que Dieu semble réserver aux plus grands mystiques.
Les multiples appartenances de la sainte de Calcutta expliquent-elles qu’elle soit devenue une figure universelle ? On a encore pu le mesurer à l’Unesco, le 14 septembre, lors du colloque qui ouvrait l’exposition de photographies célébrant le centième anniversaire de sa naissance 1l. Tout cela trois jours après la messe commémorative célébrée à Notre-Dame de Paris par le cardinal André Vingt-trois. L’événement coïncide avec le 25e anniversaire de l’arrivée à Paris des Missionnaires de la Charité, qui œuvrent aussi à Lyon et Marseille.

Pour Irina Bokova, directrice générale de l’Unesco, Mère Teresa a participé à l’émergence d’une véritable culture. Peut-être celle de la miséricorde, prémices de la civilisation de l’amour pour laquelle la minuscule religieuse a travaillé jusqu’à son dernier souffle ? Ami de Mère Teresa qu’il a connue à Rome, l’actuel observateur permanent du Saint-Siège à l’Unesco souligne la parenté qui la liait à Jean-Paul II. Pour Mgr Francesco Follo, Mère Teresa était comme la « figure féminine » du grand pape.

Lorsqu’elle se penchait sur les pauvres, c’est de Jésus que la bienheureuse voulait étancher la soif… Mère Teresa n’en a jamais fait mystère. Profession de foi qui peut surprendre, dans un monde où l’humanitaire sans Dieu s’est répandu. Mère Teresa respectait la foi de ceux qu’elle soignait, au point de murmurer au creux de leur oreille, quand s’approchait l’heure de leur mort, le nom de leur Dieu, quel qu’il soit.

Haut dignitaire Indien – et hindou – autre ami de la religieuse pour laquelle il a facilité l’entrée dans les arcanes de la bureaucratie de son pays, Navin Chawla insiste sur son humour ravageur, capable d’entraîner les riches à donner au-delà de ce qu’ils auraient cru… Coriace, le petit bout de femme, pont entre riches et pauvres, était visiblement impossible à manipuler. Signe d’une âme vraiment libre.

Celle qui s’estimait, lors de son « appel dans l’appel », à l’âge de 36 ans, « la plus petite des religieuses » connut l’étonnant destin de devenir un nom commun, certes hors du commun : « Je ne suis pas Mère Teresa » dénie celui qui veut écarter un quémandeur importun. La bienheureuse est toutefois un modèle de courage pour ceux qui craignent de se noyer dans l’ampleur de leur mission : regarder, non pas « l’océan de misère », mais « chaque goutte », à la mesure des forces et du temps qui sont donnés
En matière de conviction, Mère Teresa n’a jamais fait dans la dentelle. Ni sœur Mary Prema, l’actuelle supérieure générale des Missionnaires de la Charité qui a fait délivrer son message à l’Unesco, ni les réalisateurs du film projeté en avant-première dans l’immense salle n’ont édulcoré son appel à respecter l’enfant, dès sa conception, au nom du droit de naître, sans lequel les autres droits restent lettre morte. Dans une enceinte internationale suspectée de relayer une culture transgressive, comment comprendre que soit affichée l’icône illuminée de Mère Teresa et que se laissent un instant voir les discrets visages de ses sœurs qui œuvrent à Paris, dans l’anonymat ? L’amour authentique serait-il surpuissant, au point d’effondrer les résistances les plus armées ? Mystère.

Comme les plus grands prophètes, Mère Teresa a été en même temps adulée et incomprise. Sans doute le demeure-t-elle. Quand on se pressait dans les églises romaines où elle assistait à la messe, elle se réjouissait de voir tant de fidèles pour un office de semaine, se souvient Mgr Follo. Personne n’aurait osé lui révéler que beaucoup venaient pour l’apercevoir. Ce « bloc de prière » n’aurait pas imaginé qu’on se rende dans une église pour quelqu’un d’autre que pour Jésus.

  1. L’exposition « Un regard de paix » est ouverte au public jusqu’au 30 septembre 2010 dans les salles Miró I et II de l’Unesco puis dans la chapelle Saint-Louis de la Salpêtrière à Paris (métro Austerlitz) où se déroulera une grande neuvaine du 1er au 9 octobre. http://www.catholique-paris.com/137-A-l-occasion-du-100eme.htm