Marie « co-rédemptrice » ? - France Catholique

Marie « co-rédemptrice » ?

Marie « co-rédemptrice » ?

Que veut dire ce terme et s’applique-t-il à la Mère de Dieu ?
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Couronnement de la Vierge, Diego Vélasquez, musée du Prado, 1645.

Couronnement de la Vierge, Diego Vélasquez, musée du Prado, 1645.

Il y a un peu plus d’un an, le pape François a déclaré, dans une homélie, qu’il ne saurait être question de proclamer un nouveau dogme marial, définissant la Sainte Vierge comme « co-rédemptrice du genre humain ». Il a ajouté, dans le style qu’on lui connaît, qu’il s’agissait là de « sornettes » – tonterias en espagnol. Voilà qui a le mérite d’être clair.

Évidemment, cette déclaration a suscité un certain nombre de protestations. Pour une raison simple : c’est qu’elle semble rejeter avec rudesse un titre marial que certains papes n’ont pas craint d’utiliser : Pie XI, le premier, l’employa, par exemple dans un message aux pèlerins de Vicenza en 1933 : « Le Rédempteur se devait, par la force des choses, d’associer sa Mère à son œuvre. C’est pourquoi nous l’invoquons sous le titre de co-rédemptrice. » Mais c’est surtout Jean-Paul II qui développa une importante catéchèse sur ce sujet, semblant parfois préfigurer la définition d’un nouveau dogme : « Marie, conçue et née sans la souillure du péché, a participé de façon admirable aux souffrances de son divin Fils, pour être co-rédemptrice de l’humanité » (Audience générale du 8 septembre 1982).

Deux camps opposés

Il faut d’abord comprendre que cette affaire vient de loin. Au cours du Moyen Âge, elle a déjà opposé les franciscains, très portés sur la mariologie, parfois jusqu’à l’hyperbole, et les dominicains, plus sobres en la matière, parfois jusqu’à l’insuffisance. Elle est entrée en sommeil ensuite, pour resurgir à la fin du XIXe siècle, dans la foulée de la proclamation du dogme de l’Immaculée Conception ; tant et si bien qu’à la veille de Vatican II, la théologie catholique était le théâtre d’une guerre de tranchées entre deux camps qui se lançaient des noms d’oiseaux : « mariolâtres » d’un côté, accusés de diviniser la Vierge, et « modernistes protestantisés » de l’autre, accusés de mettre Marie sous le boisseau pour complaire aux « frères séparés ». Le deuxième concile du Vatican botta en touche, en faisant une grande place à Marie, tout en n’évoquant pas, ni en bien ni en mal, l’idée de « co-rédemption » (Lumen gentium, VIII).

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