Lire l'encyclique ! - France Catholique
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L'amour du travail bien fait avec saint Joseph artisan
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Maintenant que l’encyclique Loué sois-tu ! est à notre disposition, il faut la lire de toute urgence ! La difficulté de lecture de certains passages ne doit pas dissuader ceux qui n’ont pas l’habitude des textes de nature philosophique ou théologique. Cette difficulté est toute relative, d’autant que la problématique écologique du Pape renvoie à notre culture commune et à notre actualité quotidienne. Qui ne mesure l’importance de l’enjeu à l’heure du réchauffement climatique, de la pollution des sols et des océans, de la raréfaction de l’eau, de l’épuisement de nos sources d’énergies ? L’Église, puisqu’elle est « experte en humanité » se doit d’intégrer toutes les données d’un dossier crucial, en proposant son éclairage propre, d’autant plus précieux qu’il rejoint la question de la vocation de l’humanité en ce monde, ne serait-ce qu’en interrogeant la notion théologique capitale de Création.

Autre remarque : l’enseignement ecclésial s’inscrit aussi dans le temps et tient forcément compte des étapes de la marche de l’histoire. Il y a un demi-siècle, le Magistère n’envisageait pas les choses exactement comme le pape François en 2015. Par exemple, la notion de progrès n’était pas, au milieu du XXe siècle, l’objet d’une critique aussi acérée. Georges Bernanos se trouvait très solitaire, lorsque au lendemain de la Seconde Guerre mondiale il dénonçait un univers robotisé, où la technique, souveraine, prenait les commandes. À la suite de Bernanos, tout un courant allait se développer, illustré par des gens aussi divers que Günther Anders, Ivan Illich, Jacques Ellul et bien d’autres… Dans cette ligne, on trouve encore le cher Edgar Morin, qui justement, dans La Croix, adhère, enthousiaste, à l’encyclique.

Ce que Morin approuve particulièrement c’est la mise en cause du paradigme technocratique qui se caractérise par la toute-puissance d’une technique de possession, de domination et de transformation. À l’encontre de ce paradigme, il s’agit de définir une anthropologie où le sujet n’est plus objet de manipulations et qui lui permet de vivre aussi en harmonie avec la Création. C’est d’ailleurs le point de départ d’un approfondissement philosophique où Edgar Morin s’expose comme interlocuteur tenace. C’est aussi la grâce d’une encyclique de provoquer le débat. Et ici il vise l’essentiel.

Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 22 juin 2015.