Il faut bien l’admettre : la question de nos relations avec les musulmans, même ceux qui nous sont les plus proches par voisinage, est souvent épineuse. Sur le terrain politique, elle peut être explosive. On s’en rend compte avec la querelle sur le voile islamique, et plus généralement avec la recomposition électorale qui est en train de s’accomplir à travers toute l’Europe, aussi bien à l’est qu’à l’Ouest. L’ampleur des vagues migratoires n’explique pas à elle-seule pareil phénomène.
La difficulté de coexistence et d’intégration tient d’abord dans une différence culturelle majeure. Les Italiens et les Polonais qui sont venus dans une période précédente offrir à notre pays leur force de travail provenaient de la même aire civilisatrice marquée profondément par le christianisme. De là leur plus grande facilité d’adaptation et la rapidité de leur fusion dans un même peuple et une même histoire. Il n’en va pas de même avec des populations participant d’un tout autre héritage, qui se définit d’abord par l’appartenance à l’islam et se traduit par des mœurs spécifiques et un code de prescription où la loi religieuse s’impose dans le domaine temporel.
Le rôle des chrétiens
Cela nous pose à nous chrétiens des interrogations aiguës. L’esprit de l’Évangile nous commande d’entretenir les meilleures relations possibles, et même fraternelles, avec nos compatriotes musulmans. Et cela indépendamment du problème spécifique de l’immigration qui se poursuit et qui réclame une réponse prudentielle, relevant de la sagesse des gouvernants et du consentement des citoyens. L’urgence impose de traiter avec diligence ce qui s’oppose à la tranquillité et à la sécurité dans « les quartiers perdus de la République ». Elle ne se sépare pas des relations interreligieuses souvent mal appréhendées sous le seul regard de la laïcité. C’est pourquoi Pierre Manent a invité les pouvoirs publics à se tourner vers l’Église catholique, mieux armée pour envisager le dossier considérable de l’islam.
Question de la source du Salut
Ce dossier ne saurait être traité sous le seul angle de la convivialité bienveillante. Entre musulmans, il suscite des oppositions de fond, et se dresse comme un obstacle redoutable dès lors qu’il oppose un front impénétrable de nature fondamentaliste. Le dialogue interreligieux n’est possible que si le Coran lui-même est soumis aux disciplines de discernement utilisées pour la Bible par les théologiens chrétiens (cf. le livre très important paru aux éditions du Cerf Le Coran des historiens). Le dialogue devenant intellectuellement possible, demeure la question unique de la source du Salut et de l’invitation offerte à tous les hommes de bonne volonté de la part de celui qui est « la Voie, la Vérité et la Vie ».
Pour aller plus loin :
- Le défi du développement des peuples et le pacte de Marrakech - la fuite en avant des Nations Unies
- SYRIE : ENTRE CONFLITS ARMES ET DIALOGUE INTERNE
- La République laïque et la prévention de l’enrôlement des jeunes par l’État islamique - sommes-nous démunis ? Plaidoyer pour une laïcité distincte
- Quand le virtuel se rebelle contre le réel, l’irrationnel détruit l’humanité
- OBSERVATION : SCIENCE ET MIRACLE