Les migrants et la guerre - France Catholique
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Van Eyxk, l'art de la dévotion
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Les migrants et la guerre

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Lors des belles journées mariales du Moutier d’Ahun, en Creuse (cf. le dossier du prochain numéro de France Catholique – n°3458), l’assistance a connu un moment de particulière émotion, avec le témoignage de plusieurs chrétiens irakiens sur les événements terribles qui ont fondu sur leurs communautés. Des documents photographiques donnaient encore plus de présence à cette évocation d’un véritable martyre. Je pensais à ce moment à l’avertissement que confirment tous les chrétiens issus de cette région : vous n’avez pas conscience de la menace qui, inéluctablement, va se déplacer jusque chez vous. Si nous n’avons pas cet avertissement en tête, nous ne comprenons pas la signification du déferlement actuel de réfugiés sur l’Europe. Fermer nos esprits et nos cœurs à la détresse de ces pauvres gens, ce n’est pas seulement faire preuve d’insensibilité coupable, c’est refuser d’envisager, dans ses véritables dimensions, la tragédie internationale qui bouleverse déjà notre présent et ouvre les plus sombres perpectives.

Le problème n’est pas de « culpabiliser ». Il n’est pas vrai que nous soyons responsables de la mort de ce petit garçon de trois ans dont l’image hante tous les médias. En revanche, l’appel qui nous est ainsi lancé concerne la gravité d’une situation qui nécessite l’engagement total de nos pays. Le pape François, en demandant aux paroisses d’accueillir les réfugiés, se recommande des purs préceptes évangéliques. Mais ces réfugiés pourraient n’être que l’avant-garde de millions de déplacés, fuyant la terreur d’un régime inhumain auquel il faut mettre fin, de la façon la plus urgente. C’est pourquoi il m’est impossible de suivre Marine Le Pen dans ce refus obstiné de tendre la main aux persécutés. Non seulement ils sont nos frères, mais si nous les laissons périr nous donnerons tout le champ libre au totalitarisme islamique, que de simples mesures de police intérieure ne sauraient juguler.

Nos dirigeants sont forcément conscients de l’enjeu. Le président François Hollande vient enfin de prendre la décision de faire intervenir notre aviation en Syrie, ce qu’il refusait obstinément dans la crainte de servir les intérêts du président Assad. Mais il n’est plus possible de transiger. Si l’on ne réduit pas au plus vite l’abcès de l’État islamiste, c’est le monde méditerranéen qui sera durablement déstabilisé et les foules de migrants se multiplieront, en assiégeant une Europe qui ne trouvera plus les moyens de faire face même si l’Allemagne se mobilise de manière exemplaire. Accomplir les gestes qui sauvent à l’égard des exilés d’aujourd’hui, c’est une obligation impérative. Mais il est plus impératif encore de mettre fin à la tragédie qui risque de nous submerger.