Les hommes sont comme le Christ, le Chef de l’Eglise - France Catholique
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L'amour du travail bien fait avec saint Joseph artisan
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Les hommes sont comme le Christ, le Chef de l’Eglise

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Cet hiver, après une chute de neige particulièrement importante, je suis sorti tôt le matin, j’ai fait démarrer la voiture de ma femme, gratté les 3 cm de glace qui recouvraient ses fenêtres, et pelleté les 30 cm de neige entre la maison et la voiture. Tandis que ma femme faisait sa manœuvre pour sortir de l’allée, je n’ai pas pu m’empêcher de me dire, alors que je me tenais là fatigué et transi dans la neige : Etre marié, j’adore cela !
Non, sérieusement.

Je ne me suis marié qu’assez tard dans la vie, aussi les joies de faire des choses comme de pelleter la neige devant la voiture de quelqu’un d’autre et gratter la glace sur son parebrise m’ont été interdites pendant mes années de célibataire. A présent j’en suis profondément désolé, bien qu’il soit difficile d’imaginer, même rétrospectivement comment Dieu aurait pu me guider autrement. Pour apprécier le fait d’être marié, il faut cesser d’être un crétin égoïste. Et malheureusement, je n’étais simplement pas prêt.

Je connais un tas de jeunes femmes catholiques, pleines de talents et très jolies, qui ne sont pas mariées (où étaient-elles quand j’étais plus jeune ?), et elles n’ont qu’une seule plainte : Où sont tous les – non, effacez cela – où y a-t-il un seul homme catholique prêt au mariage ? Je croyais qu’elles ne faisaient que critiquer – les gens aiment bien se plaindre. Mais j’ai fini par comprendre leur point de vue. A force de chercher des époux convenables pour les nombreuses jeunes catholiques qui cherchent sincèrement, j’ai découvert qu’il n’y en avait pas tellement de disponibles.

J’aime beaucoup mes étudiants catholiques. Certains sont vraiment chouettes. Mais même les plus chouettes ne sont pas exactement prêts à passer dans la cour des grands, et ils le savent. En fait ils le savent un peu trop bien ! Pour la plupart, ils n’imaginent pas pouvoir être prêts à se marier avant au moins dix, peut-être même vingt ans – si jamais ils se marient.
Cela ne les empêche pas d’être attirés par le sexe, bien sûr, mais cela, c’est une autre histoire. Depuis que les notions de mariage et de sexe ont été complètement dissociées dans notre société, l’absence de mariage ne présente pas de problème insurmontable en ce qui concerne les pulsions sexuelles, excepté pour ceux qui, (A) ont eu une éducation morale scrupuleuse (dont les effets régulateurs souvent s’effacent sous les attaques constantes de la télévision, des jeux vidéo et de la pornographie) ; ou bien pour ceux qui (B ) étant excessivement inhibés, sont incapables d’une fréquentation sérieuse. La triste vérité, c’est que nous travaillons sans fin à remplir la tête de nos enfants de connaissances techniques à propos de choses comme les ordinateurs et le sexe, tandis que nous ne faisons quasiment rien pour les préparer à vivre le mariage.

Et pourtant, bien qu’il soit indéniable que nous pourrions – et devrions – faire mieux pour préparer nos jeunes hommes au mariage, j’ai encore cette préoccupation qui me travaille : Peut-être bien qu’un garçon n’est jamais prêt. C’est-à-dire que peut-être que ce n’est qu’une fois marié qu’un homme commence à mûrir et à devenir un adulte responsable. Peut-être que c’est pour cela que les cultures d’autrefois, dans leur sagesse, essayaient de marier leurs jeunes hommes relativement tôt dans la vie : non pas d’abord à cause de l’instinct sexuel, mais parce qu’ils voulaient transformer leurs adolescents irresponsables et brouillons en époux valables et productifs qui pourraient pour la première fois de leur vie faire quelque chose de vraiment sérieux qui leur donnerait de vraies satisfactions.

A dire vrai, je ne crois pas que beaucoup d’hommes puissent vraiment être heureux s’ils n’ont pas à prendre soin d’une épouse, à se sacrifier, et à travailler généreusement pour elle. Je sais que cela peut être difficile à croire pour un jeune garçon, mais je vous assure que prendre soin de sa femme est une des choses qui fait que la vie vaut la peine d’être vécue. Avec ou sans échanges sexuels, ce qui est important c’est d’avoir fait du bien à sa femme et de lui avoir rendu la vie meilleure. Il y a quelque chose d’inscrit au plus profond de l’homme : il n’est pas pleinement lui-même tant qu’il ne s’est pas sacrifié pour une cause qui le dépasse. Et pour beaucoup d’entre nous c’est de la famille qu’il s’agit.

A ce propos, je suis souvent étonné de l’étrange manière dont bien des gens traitent les passages d’Ephésiens 5 et 1 Corinthiens 1 – qui tracent une analogie entre les « maris » et le « Christ », d’une part, et les « femmes » et « l’Eglise » d’autre part. L’explication de cette analogie est présentée très clairement dans Ephésiens V 25 : « Maris, aimez vos femmes comme le Christ a aimé l’Eglise, Il a donné sa vie pour elle ».

Fous de païens que nous sommes, nous entendons souvent les mots « Seigneur » et « tête », et pensons : « Je suis censé être le seigneur de ma femme, et elle doit m’être soumise » Ce serait vrai, je suppose si le Dieu des Chrétiens était comme Zeus ou Jupiter, mais ce n’est pas le cas. Où avons-nous pris que la manière dont le Christ est devenu « la tête de l’Eglise » était en la dominant et en exigeant qu’elle se soumette à tous Ses caprices ? L’élément essentiel de la seigneurie du Christ vient de son généreux sacrifice pour nous sur la Croix. Nous, l’Eglise, sommes appelés à recevoir ce sacrifice avec gratitude et amour.

Du coup, les femmes sont priées de recevoir le sacrifice de leurs maris et de comprendre que leurs maris ne seront probablement pas comblés et heureux tant qu’ils ne sauront pas qu’ils ont accompli quelque chose de viril et de responsable qui rend la vie de leurs femmes bien meilleures qu’elles ne l’aurait été autrement. En effet, à mon avis, lorsqu’une femme comprend que ce type de sacrifice de soi est essentiel pour le bienêtre d’un homme – et décide de trouver quel genre de choses son mari peut faire pour elle, puis, reçoit ces présents avec gratitude – elle l’aidera à être aussi parfaitement heureux qu’il peut l’être dans cette vie.

Et si cela l’oblige à moins pelleter de neige en hiver, eh bien, peut-être que c’est un sacrifice qu’il faudra qu’elle fasse à son tour.

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Randall Smith est professeur associé de théologie à l’université de St Thomas à Houston.

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http://www.thecatholicthing.org/columns/2013/men-like-christ-head-of-the-church.html